Avec la technologie lightRadio, testée par cinq opérateurs, le réseau 3G ou 4G sera quasi invisible mais omniprésent dans les villes. Pour cela, Alcatel-Lucent s’appuie sur ses partenaires Freescale et HP. Les équipementiers font de la prestidigitation. Les lourdes armoires adossées aux antennes de téléphonie mobile sont en train de disparaître. Autrefois, il fallait construire une sorte de cabane sur le toit des immeubles pour abriter ce matériel. Il a été réduit à la taille d’une grosse sacoche. Alcatel-Lucent a franchi un nouveau cap en présentant hier à Londres sa technologie baptisée « lightRadio » qui tient dans 2 cubes de 5 centimètres de côté. L’un abrite l’antenne et l’amplification (Alcatel-Lucent a déposé 200 brevets), l’autre le traitement du signal – grâce à l’innovation de son partenaire Freescale. L’armoire de 2 mètres de haut a été miniaturisée à l’extrême. Le système est modulaire, car on peut empiler plusieurs antennes en fonction de la puissance recherchée. Surtout, l’antenne peut gérer à la fois et simultanément la 2G, la 3G, la 4G : polyvalente, elle peut être contrôlée à distance. Pour cela, Alcatel-Lucent a travaillé avec un autre partenaire, HP, spécialiste de la virtualisation, car la partie contrôle du réseau peut être effectuée depuis un « data center ». Grâce à cette architecture , un clic suffira pour réallouer les ressources… en cas de besoin urgent et ponctuel, par exemple pour un afflux de communications lié à un congrès ou à une manifestation. « Avec cette technologie, nous simplifions le réseau, nous éliminons les stations de base pesantes et laides, pour les transformer en composants électroniques », jubile Haran Sold, directeur de la stratégie chez Alcatel-Lucent.
Coûts divisés par deux
Cinq grands opérateurs vont tester cette technologie, dont Orange en France, Verizon aux Etats-Unis et China Mobile en Chine. Si de telles antennes se répandent, elles changeront le paysage. Elles pourront en effet être fixées sur des réverbères, des façades, des panneaux publicitaires et dans des tunnels ferroviaires. Alcatel-Lucent compte dessus pour faire face à l’explosion du trafic de données mobiles, qui sera multiplié par trente durant les cinq prochaines années. L’objectif est également de séduire les pays émergents. Le coût total pour construire et opérer un réseau mobile devrait être divisé par deux. La consommation énergétique des nouvelles stations de base sera bien moindre en raison de leur taille réduite. Et elles pourront être alimentées à l’énergie solaire ou éolienne, ajoute Haran Sold. « Nous allons économiser des millions de tonnes de CO2 », explique-t-il.
Pour mémoire, Alcatel-Lucent a lancé le consortium Green Touch, qui cherche à diviser par mille la consommation énergétique des réseaux télécoms. Les chercheurs viennent d’ailleurs de présenter une technologie d’antenne intelligente capable de cibler les utilisateurs de façon dynamique afin de réduire de 30 % les consommations des stations de base mobiles. Quant aux opérateurs, ils pourront s’en servir pour des réseaux tout neufs ou bien pour faire évoluer l’existant et réduire ainsi les coûts d’entretien.