De fait, pour l’instant, aucun des trois opérateurs mobiles n’a voulu donner accès à Free à son réseau mobile 3G. Frank Esser, le patron de SFR, l’avait déclaré mi-mai aux « Echos » : « Nous voulons héberger les futurs clients de Free sur nos infrastructures. […] Mais nous discutons uniquement d’une offre d’itinérance de ses abonnés en 2G, comme la loi nous y oblige. Pas en 3G. »
Si cette recommandation de l’Autorité de la concurrence n’a pas force de loi, elle constitue une forte incitation. « Le fait que les conditions d’accès au marché mobile soient aujourd’hui restreintes […] pourrait conduire à terme à l’éviction de certains acteurs », explique-t-elle dans son avis. Plus loin, l’Autorité considère qu’il « est vraisemblable que, si le principal opérateur du marché commercialisait des offres de couplage, de type “quadruple play” […], ces offres deviendraient progressivement la norme du marché, avec un effet cumulatif sur la concurrence ». Et « un opérateur, même efficace, qui serait présent sur l’un seulement des marchés du haut débit ou du mobile et qui éprouverait des difficultés à pénétrer l’autre marché pourrait se trouver gravement pénalisé dans l’exercice de la concurrence et risquer à terme l’éviction ». Or, « Free restera contraint dans sa capacité à commercialiser des offres de convergence du fait du blocage sur la question de l’itinérance 3G ». Le message à Orange, SFR et Bouy-gues Telecom est clair.
Reste que les trois entreprises qui disposent d’un réseau national de téléphonie mobile ne l’entendent pas de cette oreille. « La licence de 3G a été accordée à Free en janvier dernier et elle ne prévoyait pas cette obligation. Concéder un nouveau droit à Free cinq mois seulement après, alors que la licence n’a pas été payée très cher, c’est tout de même étrange », fait-on valoir chez Orange. Chez l’opérateur historique, on qualifie ce droit de « prix à payer pour les autres opérateurs totalement exorbitant. C’est une obligation disproportionnée ». Orange craint que, par cette injonction, l’Autorité de la concurrence le vise particulièrement. L’opérateur considère qu’il s’agit d’une « responsabilité collective, du marché ».
Pour Free, l’avis du gendarme de la concurrence tombe à point nommé et va pouvoir l’aider sur le plan juridique si les négociations commerciales n’aboutissent pas. Mais Orange peut déjà compter sur du renfort : Numericable et Virgin Mobile ont écrit au régulateur des télécoms pour lui rappeler que l’itinérance 3G n’était pas inclue dans la licence. La bataille ne fait que commencer.
[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source :lesechos.fr[/readon1]