Le paysage télécom de la Tunisie chercherait-il à ressembler à son homologue français ? Chez les Gaulois, il n’y a en effet pas de fournisseurs d’accès Internet. Là-bas, tous les FAIs sont devenus des opérateurs universels. Ce concept qui s’applique actuellement dans l’Hexagone, semble être calqué au pays du jasmin. En voilà les premiers signes : le cahier de charge pour l’octroi d’une deuxième licence d’opérateur télécom universel. Le nouvel opérateur pourra en effet vendre des abonnements Internet sans passer par Tunisie Telecom. Un appel d’offre qui a été remporté, (sans grande surprise d’ ailleurs), par France Telecom.
Orange Tunisie a eu certes le mérite de faire bouger les concurrents pour mieux satisfaire les consommateurs tunisien. Elle a par contre fortement chamboulé le secteur des télécoms en Tunisie. Et pour cause, Orange a l’exclusivité de la 3G pour une année au minimum. Et ce ne sera pas son seul avantage.
Orange Tunisie avec son statut de fournisseur d’accès Internet et opérateur réseau a le droit de créer son propre réseau Internet autant dire indépendant de l’infrastructure de Tunisie Telecom. Il s’agit là du fameux dégroupage de la boucle locale.
Pour les non initiés, le dégroupage de la boucle locale est le fait qu’un opérateur tiers loue la fibre de cuivre de l’opérateur historique qui relie un abonné au central téléphonique le plus proche. Cette fibre est par la suite reliée aux équipements propres de cet opérateur tiers. Grâce au dégroupage total, le client devient indépendant de l’opérateur historique. Il n’aura qu’un seul vis-à-vis en termes de réclamation et facturation : son fournisseur d’accès Internet.
Un énorme problème se pose avec la réglementation en cours : Tunisie Telecom n’a le droit de vendre directement l’internet aux particuliers que par le biais d’un fournisseur d’accès Internet. Et nos FAIs n’ont pas le droit de dégrouper la boucle locale de Tunisie Telecom. Une situation très complexe et clairement inégale à laquelle il faudra trouver une solution. Et vite !
Deux possibilités s’offraient à Tunisie Telecom : créer sa filiale Internet et commencer le travail à zéro ou s’allier à un ou plusieurs fournisseurs d’accès présents sur le marché.
Le directeur de Topnet, M. Mehdi Khmiri a été le premier à se rapprocher de l’opérateur historique. Après tout, mieux vaut avoir Tunisie Telecom comme associé que comme concurrent. Topnet et aucun FAI ne fera le poids face à Orange et TT. GlobalNet est également en stade de négociation avec l’opérateur historique et visiblement avec Tunet également. Quant à Hexabyte, la société de Naceur Hidoussi a été approchée par Tunisiana.
Mais voilà que les «surprises» s’enchainent. L’opérateur sud africain MTN annonce vouloir racheter Tunisiana. Les salariés de Topnet apprennent également par voie de presse, via le site BusinessNews, son rachat par Tunisie Telecom ainsi que la prochaine arrivée d’un nouveau directeur général (une ex-directrice de l’ATI, Mme Fériel Beji) (source : leaders.com.tn) et d’un nouveau président du conseil d’administration (Montasser Ouaïli, PDG de Tunisie Telecom) (source : BusinessNews).
Le méga buzz d’Orange suivi par ces annonces a donné le tournis aux acteurs du microcosme des télécoms en Tunisie. Les actions marketing des autres opérateurs téléphoniques et des FAIs ont été réduits au strict minimum. Une situation curieuse pour une période considérée comme la haute saison où chaque fournisseur d’accès et opérateur télécom vante les mérites de ses offres avant les grandes vacances d’été et l’arrivée en masse des touristes et des Tunisiens vivants à l’étranger.
Entre des salariés inquiets pour leur avenir, des annonces de rachat de dernière minute et le changement de hiérarchie, le paysage télécom en Tunisie n’a jamais été aussi perturbé. Ce calme plat n’est-il pas plutôt le signe avant-coureur d’une prochaine tempête ?
Welid Naffati
[readon1 url=”http://www.tekiano.com”]Source :tekiano.com[/readon1]