Le Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et postes indique que le prix de la 4G fixé est raisonnable et il est fixé pour permettre le développement rapide de la 4G, avec des opérateurs en bonne santé. Il soutient que le revenu des opérateurs des télécoms dépasse les 1.000 milliards de FCfa avec des marges de 20 à 50%. Les fréquences étant des ressources rares, Abdou Karim Sall affirme que l’Etat aurait tort de les brader.

Pourquoi l’attribution des licences 4G n’a pas eu lieu comme prévu le 18 janvier 2016 ?
L’attribution n’a pas eu lieu car la commission d’évaluation, sous la direction de l’Artp, a constaté, malgré un marché exclusivement réservé aux 3 opérateurs déjà présents au Sénégal, qu’aucune offre n’a été déposée.

L’Artp a-t-elle respecté toute la procédure d’appel d’offres ?
L’Artp a scrupuleusement respecté la procédure. Cette procédure avait elle-même été validée par la Dcmp et l’Armp. En revanche, à notre grande surprise, en violation des règles de la consultation, les opérateurs se sont concertés. J’ai reçu un courrier fin décembre cosigné par les trois opérateurs demandant une baisse du prix de la licence. Or, dans une procédure d’enchères comme celle que nous avons mis en place, c’est totalement interdit. J’ai rappelé à l’ordre et au respect des règles chaque opérateur. Il faut croire que nous n’avons pas été entendus.

Quelles sont les raisons évoquées par les opérateurs concernant leur non-participation, compte tenu, comme vous l’avez évoqué, de la démarche ouverte, transparente et collaborative adoptée par l’Etat à travers l’Artp ?
Nous n’avons pas d’informations sur les motivations des opérateurs. Dans leur courrier, ils évoquent le prix et l’attribution de licences spécifiques pour la 4G. Notre prix s’appuie sur une analyse de plus de 20 pays et la prise en compte des spécificités de la licence : nous attribuons une grande quantité et qualité de fréquences radio, les plus prisées par les opérateurs du monde entier pour la 4G et nos obligations de couverture sont tout à fait raisonnables. L’attribution de licences est nécessaire car les licences actuelles ne permettent pas la 4G. Sur le fond, notre approche de consultation transparente, moderne, avec des enchères aux meilleurs standard mondiaux, est tout à fait indiscutable. Est-ce que certains sont gênés parce que notre démarche est moderne et transparente ?

Et concernant le prix, pensez-vous qu’il était raisonnable ?
Notre prix de 30 milliards de FCfa est raisonnable. Il est fixé pour permettre le développement rapide de la 4G, avec des opérateurs en bonne santé, sans brader les licences et les fréquences. Le revenu des opérateurs des télécoms dépasse les 1.000 milliards de FCfa avec des marges de 20 à 50 %. Les fréquences sont des ressources rares, elles appartiennent à tous les Sénégalais, l’Etat aurait tort de les brader. Tous les Etats, dans le monde entier, sont soucieux de valoriser leurs ressources au juste prix. Il n’y a pas de raison que le Sénégal fasse exception.

Dans ces circonstances, qu’est-ce que l’Etat prévoit de faire ?
Il y a d’abord la question des sanctions. Le manquement est indiscutable et particulièrement grave. Nous allons examiner les mesures qu’il y a lieu de prendre eu égard à la gravité des fautes commises et du préjudice subi par l’Etat. Mais le plus important, c’est la 4G ! Notre travail, à la demande de l’Etat, c’est de rendre la 4G disponible rapidement pour tous les Sénégalais, pour accélérer le développement numérique du pays, et répondre aux attentes de tous les Sénégalais ! Nous allons relancer le processus rapidement. Ce processus sera tout aussi ouvert et transparent. Cette fois-ci, et c’était clairement exprimé dans cette consultation, il sera ouvert à un nouvel opérateur international intéressé par le marché de la téléphonie et de l’Internet mobile au Sénégal.

Dans quel délai l’Etat compte relancer la procédure ?
Très rapidement ! Car c’est l’intérêt du pays, des Sénégalaises et des Sénégalais.

Propos recueillis par Cheikh THIAM
Source : Le Soleil

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