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crtv_camerounL’attente fut longue, en effet, dans l’opinion nationale, jusqu’à ce 20 mars 1985, date de la diffusion des premières images. Depuis l’indépendance en 1960, les autorités avaient privilégié l’implantation de la radiodiffusion.
Si le projet télévision est déjà évoqué au début de la décennie 70, c’est pour indiquer que ce nouveau média doit être l’étape ultime du développement de l’audiovisuel. Une étape qui prend tellement de temps à se concrétiser qu’elle est saluée, le moment venu, comme un événement de grande portée politique. Et le jour de son inauguration, la télévision est baptisée « fille aînée du Renouveau »…

Précoce, la nouvelle star le devient en se heurtant aux réalités de son environnement. Précédée par les produits vidéo d’importation, elle subit d’emblée un rapport de comparaison qui ne lui est pas favorable. Il n’empêche : la fascination qui accompagne ses premiers pas tend à reléguer la Radio à l’arrière-plan. Il en résulte des frustrations qui rendent nécessaire une fusion avec cette consoeur bien plus ancienne dans le paysage. Du coup, sur le plan administratif, la télévision change trois fois de statut en trois ans, passant de l’Unité de Télévision à la Cameroon television (CTV), puis à la Cameroon Radio Television (CRTV).

Ces premières péripéties ne sont rien à côté des défis qui s’annoncent au détour des années 2000 : le défi de s’ajuster au regard de la percée du câble et l’avènement de nouveaux opérateurs sur la scène de l’audiovisuel ; le défi de la production et de l’offre des programmes ; le défi de la valorisation optimale des compétences. C’est au cœur de ces défis, et dans cet environnement complexe, qu’intervient la révolution de la toile. Désormais, la Télévision ne peut se passer de l’Internet.

Ailleurs, les faits témoignent de ce rapport de dépendance et de complémentarité. La Coupe du monde de football d’Allemagne 2006 a donné à cet égard la meilleure preuve du changement dans les habitudes de ceux qui jusque là étaient des consommateurs inconditionnels de la télévision. A l’occasion, l’on a vu les sites des chaînes de télévision enregistrer des augmentations de visiteurs que n’avait jamais connues la très vénérée audience des temps de la dictature télévisuelle. Le trafic global atteignant les 150 % d’évolution du début à la fin de la compétition. Avec un pic de 550 % le 22 juin lors du match Italie/République Tchèque. Cet événement aurait ainsi confirmé le rôle moteur d’Internet dans les nouvelles ouvertures que recherche la télévision, au point d’avoir 2745 chaînes sur la toile selon les chiffres du 31 Décembre 2007. Même si les investissements envisagés ou consentis pendant les années de la « bulle Internet » n’ont pas toujours suivi, la télévision sur le net représente désormais un enjeu de modernité et surtout un phénomène social et culturel des nouvelles générations.

De façon générale, ce qu’apporte la télévision sur Internet, c’est la flexibilité de pouvoir regarder les programmes selon son propre emploi du temps. Le nouveau téléspectateur devient ainsi un véritable acteur qui décide quoi voir, quand le voir et comment le voir. Il sera difficile demain de parler du « 20 heures 30 » comme d’un rendez-vous immuable quand chacun aura la possibilité, à partir de son clavier d’ordinateur et de sa connexion Internet, de s’informer à l’heure de sa convenance. Au surplus, le téléspectateur peut participer de façon interactive à la confection des programmes. En même temps qu’il inspire et facilite le travail de recherche des journalistes, Internet change toute la manière de percevoir et de gérer l’information. Les archives des programmes jadis domiciliés dans un lieu physique, se retrouvent dans des vidéothèques virtuelles accessibles d’un clic au travers d’un moteur de recherche.

La télévision est donc disponible dans le monde entier, sans barrières ni frontières. La CRTV ne peut plus se contenter d’un service minimum, des relais qu’ont constitué jusque là quelques sites d’opportunité ; elle ne peut encore moins s’accommoder du fait qu’on ne puisse suivre un de ses programmes à partir de son propre site Web.

Il y a quelques semaines, un de mes contacts à l’étranger réagissant à un plateau que j’avais effectué deux jours plus tôt m’apprenait le génie déployé pour accéder à ce programme. Il lui aura fallu ouvrir le site de « Jeune Afrique », passer par la rubrique pays, cliquer sur Tchad pour enfin tomber sur un lien des vidéos CRTV.

Si l’accès à Internet reste marginal dans nos campagnes, et si dans nos villes l’on ne surfe pas toujours pour s’informer, notre télévision écrit, à travers ce nouveau site, une nouvelle page de son histoire, tout en s’ouvrant de nouvelles perspectives économiques, de production et de diffusion. A la veille de son quart de siècle, elle s’affranchit ainsi définitivement du paradoxe de sa naissance qu’elle a traîné jusque là comme un véritable boulet.

Charles NDONGO, Directeur de l’Information TV


[readon1 url=”http://www.crtv.cm”]Source : crtv.cm[/readon1]

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