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audiovisuelle_formationLe président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), entreprend en ce moment une série de visites avec les structures parties prenantes dans la libéralisation de l’espace audiovisuel ivoirien. Ibrahim Sy Savané entend ainsi amorcer le dernier virage d’un processus attendu depuis quelques années par l’univers des médias.

Mais depuis le 30 septembre dernier, le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle(HACA), Ibrahim Sy Savané, appelle expressément le gouvernement ivoirien à doter la loi en vigueur de décrets d’application qui confirment, de jure et de fait, l’option de la libéralisation irréversible du domaine. “Il y a nécessité à doter la loi de 2004 sur la libéralisation de l’espace de l’Audiovisuel de décrets d’application qui permettent, de jure et de fait, de se préparer à investir les enjeux capitaux que la libéralisation globale de l’univers de l’Audiovisuel va induire dès 2012”, a-t-il indiqué lors d’une conférence publique tenue récemment. Cela se justifie, a-t-il indiqué, par le fait que “la Côte d’Ivoire, comme tous les pays du monde est déjà exposée au rayonnement de dizaines de télévisions satellitaires”.

Le processus d’ouverture du champ audiovisuel à d’autres opérateurs, ceux-là privés, avait déjà pris un tournant décisif avec la remise, le 9 juillet 2008, au ministre ivoirien de la Communication d’alors, le même Ibrahim Sy Savané, par le cabinet français Media Consulting Group (MCG), des résultats de l’étude à lui commandé sur la question.

Maintenant que les choses se normalisent, la libéralisation se fera progressivement, mais, fait savoir Ibrahim Sy Savané, il ne s’agit pas d’opérer une libéralisation quantitative. Les enjeux de la libéralisation audiovisuelle sont d’autant plus énormes (enjeux démocratiques, culturels et sociétaux, économique, technologiques, géopolitiques, etc.) que les nouvelles chaîenes de télévision devront éviter de reproduire les programmes des chaîenes publiques. La diversité des contenus restant une nécessité.

Pas à pas

Dans leurs recommandations, les experts de MCG avaient, premièrement prescrit une « libéralisation par étape, avec dans un premier temps la création de deux chaîenes privées gratuites dont le champ de couverture pourrait être circonscrit à Abidjan et ses environs immédiats avant d’être étendu bien plus tard à l’ensemble du territoire national ». Ainsi, dans cette première phase d’ouverture, devrait être mis en place dans la région de la capitale économique ivoirienne un multiplex de quatre chaîenes numériques comprenant La Première, TV2 et les deux nouvelles chaîenes à créer. L’État, quant à lui, n’a, d’ailleurs, jamais fait mystère de son souci de superviser l’opération afin d’éviter qu’elle ouvre la porte à toute sorte de dérives – au nom de la liberté de la presse peut, en effet, engager sereinement cette libéralisation que l’étude conseille « prudente… pour permettre d’atteindre les objectifs d’accroîetre la diversité de l’offre télévisuelle, de renforcer le débat public par la création de nouveaux espaces de citoyenneté et de créer les conditions du développement d’une industrie nationale des programmes », souhaitée aussi bien par le public que par les acteurs politiques et économiques.

Deuxièmement, le cabinet a évoqué la « nécessité de prévoir des mesures d’accompagnement, en termes de renforcement des moyens de régulation et d’autorégulation, de mise à niveau et d’adaptation de l’audiovisuel public au nouvel environnement concurrentiel… et (d’encadrer le lancement des deux chaîenes privées par un cahier des charges) qui décrive très précisément les obligations que les futurs opérateurs auront à respecter, aussi bien en matière d’information ou de gestion des espaces publicitaires qu’en matière de programmes (diffusion de programmes ivoiriens et africains, soutien à la production nationale… » Un enjeu majeur de cette libéralisation étant que la transmission diversifiée d’images animées et de sons soit pour le pays source de richesse (informationnelle, intellectuelle et culturelle), et non une fenêtre ouverte à un appauvrissement collectif.

Média pirates

«Nous avons fait le constat malheureux de l’installation de télévisions confessionnelles sans autorisation », a dénoncé, au mois d’août dernier, Ibrahim Sy Savané alors qu’il recevait les responsables de média confessionnels de Côte d’Ivoire. En effet, ces opérateurs, pour contourner la loi, font des productions à partir de la Côte d’Ivoire qu’ils envoient à un relais en Europe ou aux Etats-Unis. C’est ce dernier qui procède à la retransmission à partir d’un satellite qui couvre l’espace audiovisuel ivoirien. A ce jour, deux chaîenes pirates ont été identifiées, sans toutefois les nommer. « On ne sait pas à qui elles appartiennent, qui les finance et qui régule le contenu », a fait remarquer la haute autorité en matière de régulation audiovisuelle en Côte d’Ivoire. Mais Sy Savané a décidé d’opter pour le dialogue avant la répression. « On aurait pu démanteler ces télés. Mais nous n’utiliserons pas les forces publiques pour le moment. Il faut expliquer».

Outre les questions de diffusion illicites de chaîenes de télé, Sy Savané avait également annoncé la signature d’une décision permettant aux radios confessionnelles de faire de la publicité. Comme pour toutes les autres radiodiffusions, les chaîenes religieuses ont droit à un volume publicitaire limité à 20%.

Concurrence internationale

Pour l’ensemble des professionnels ivoiriens, négocier adroitement le virage d’une plus grande ouverture du paysage audiovisuel national est inévitable. Et pour cause, « la Côte d’Ivoire, comme beaucoup de pays africains, est déjà soumise à une vive concurrence planétaire, avec les télévisions par câble, qui appelle une adaptation du cadre normatif à cette réalité, mais et surtout une amélioration de notre offre éditoriale afin que tout en étant dans le monde, nous affirmions nos valeurs et notre identité ». Longtemps ralentie (voire même freinée le plus souvent depuis le printemps de la presse ivoirienne en 1990) par les problématiques fondamentales de la sauvegarde de l’identité et des valeurs nationales et de maîetrise du processus, l’allure de cette libéralisation va désormais être régulière. L’étude de l’opération menée par le cabinet MCG, avec l’appui financier de l’Union européenne, offre au gouvernement de parfaits « outils d’aide à la décision ».

En tout état de cause, l’ancien ministre ivoirien de la Communication, Economiste des Médias, et expert averti de la question, a assuré que la libéralisation de l’espace de l’Audiovisuel, à l’image des télécommunications et de l’informatique, constitue un fabuleux rendez-vous du donner et du recevoir auquel aucun pays ne peut se soustraire. Cela exige, pour y affirmer sa place, d’énormes ressources, notamment du talent à revendre, des programmes pertinents, des capitaux et un équipement technologique adéquats.

Ghislaine Atta

Source: afriquejet.com

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