En dépit des nombreux avantages du Sénégal, l’économie numérique tarde à décoller. Acteur incontournable du secteur, CTIC Dakar, incubateur d’entreprises TIC, dresse le diagnostic et énonce des solutions.

A travers le Plan Sénégal Emergent, le président MackySall ambitionne de faire du Sénégal, un vrai hub technologique en Afrique sub-saharienne. Il compte s’appuyer sur des avantages non-négligeables du pays de la Téranga pour porter la contribution des TIC au niveau du PIB, de 9% à plus de 20%. Ces atouts sont un taux de pénétration du mobile de +110 % et de l’internet de +20%, une bonne connectivité Internet et surtout un environnement politique stable.

Malgré tout, l’écosystème des TIC a du mal à devenir un levier de croissance solide sur lequel le Sénégal peut amorcer sa révolution technologique. En dehors des opérateurs de téléphonie, la contribution des entreprises TIC est très faible. Pire encore, la durée de vie de la plupart de ces entreprises ne dépasse pas 3 ans. « L’environnement n’est pas toujours propice au développement des entreprises. Il n’y a pas de vision clairement définie du secteur des TIC. Ceci ne favorise pas l’émergence d’une véritable industrie des TIC. Le financement par les banques est difficilement accessible par les entreprises TIC du fait qu’elles ne disposent pas souvent de biens matériels pouvant servir de garantie. L’entreprise repose plus sur les ressources humaines et des immobilisations incorporelles », plaide Eva SowEbion, Responsable Communication.

CTIC Dakar regrette ce traitement fait au numérique, un secteur qui peut participer à accélérer la croissance économique du Sénégal. Maintes études ont prouvé l’impact direct de la connectivité et de l’économie numérique sur le développement des pays. Pour avoir une économie numérique forte, plusieurs outils très simples, qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays émergents, peuvent être mis en place. « Deux fonds peuvent être mis en place. Un fonds de soutien à l’innovation et d’amorçage. Le second, c’est un fonds de co-investissement lié à un club de business angels pour amorcer l’industrie du capital-risque. À cela, on ajoute des incubateurs et accélérateurs de start-ups, viables économiquement, soutenus en partie par le gouvernement parce que son implication est indispensable pour amorcer le modèle. Cela exige des espaces de co-working et de création pour les développeurs et designers. Tout cela doit être encadré par un programme d’entrepreneuriat dans les écoles et universités. Il ne faut pas aussi oublier l’établissement de partenariat avec des centres de recherche ou des entreprises étrangères pour amener des technologies de pointe sur le marché africain », précise Yann Lebeux, Catalyst.

Un incubateur comme CTIC Dakar peut jouer un grand rôle dans l’éclosion d’un secteur économique à fort potentiel.

Depuis sa création en 2011, CTIC Dakar s’est investi dans l’accompagnement des meilleures PME/TIC, dans leur croissance (accès aux marchés, financement, formations, partage entre entrepreneurs, locaux mis à disposition). Ce qui a permis à ces entreprises de grandir plus rapidement. Ensuite, à l’en croire, le CTIC a permis la structuration de l’écosystème des TIC, notamment par le biais d’événements et de rencontres. « Le CTIC a joué un rôle majeur pour faire rencontrer les acteurs -clés de l’écosystème (Opérateurs téléphoniques, Régulateur et autres agences d’État, PME, universités, investisseurs, médias, Chambres de Commerce). Le CTIC a œuvré dans la sensibilisation à l’entrepreneuriat à travers les médias et des ateliers avec les étudiants aux quatre coins du pays (comme le Tekki48). Il a aussi formé plusieurs milliers de jeunes à l’entrepreneuriat numérique ».

Amayi Badji
RÉUSSIR Business

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