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cesti_awAprès plusieurs tentatives de la faire réagir, la directrice du Cesti a fini par accepter de nous recevoir. Mais elle a fait intervenir Mame Less Camara et Alioune Dieng, chargés de Cours à l’école, pour lui servir de «témoins». Nous reproduisons intégralement ses réponses aux questions que nous lui avons posées. Vous constaterez qu’elle a volontairement ( ?) fait abstraction des questions relatives à son fils et à sa gestion du bondyblog.

CONDITIONS DIFFICILES DE LA FORMATION

«Le matériel existe, mais je n’accepterai plus que les étudiants les utilisent n’importe comment et mettent n’importe quoi dans les machines. Chacun des utilisateurs aura désormais un code, on saura qui met quoi et qui fait quoi. Je suis obligée de contrôler pour faire en sorte que le matériel puisse durer. La responsabilité des étudiants est aussi engagée…
Récemment, j’ai reçu un certain nombre d’enregistreuses, des logiciels, des imprimantes, une photocopieuse supplémentaire de l’ambassade de France. On a aussi un contrat pour recevoir des livres pour les enseignants, des matériels, etc. C’est pour dire que quand on travaille avec la coopération, il faut faire en sorte que la confiance s’établisse, parce qu’ils peuvent donner des choses. Moi-même, je suis surprise par tout ce qui est en train d’entrer au niveau du Cesti. Je suis sur beaucoup de projets. Alors, que les étudiants ne viennent pas me dire qu’ils ne sont pas au courant de tout ça. Ils sont allés à Kédougou et en pays bassari et ont même fait des productions. C’est juste un exemple que je donne comme ça, pour vous dire qu’ils savent bien à quoi servent ces projets.
Aujourd’hui, ils m’envoient des listes de reportage, je signe parce que je sais que j’ai les moyens pour qu’ils aillent sur le terrain. Tout cet argent, c’est pour eux. C’est vrai que je voyage un peu partout, mais ce travail là permet aussi aux enseignants et étudiants de voyager également pour aller découvrir ce qui se passe ailleurs. Certains sont partis au Mali, d’autres au Burkina Faso, pour un séminaire. Deux autres sont même allés en Afrique du Sud pour un stage. Je suis allée en Allemagne au mois de mars et on aura un séminaire organisé par des Allemands pour la première fois, dans un pays francophone. Si tout ça est en train de se passer, je crois qu’il y a un minimum de reconnaissance du travail qui est en train d’être fait.»

PARTENARIAT DU CESTI AVEC DES INSTITUTIONS EXTERNES

«C’est heureux qu’il y ait ces partenariats. Moi, j’aurai aimé que ce soient les autorités de ce pays qui mettent les moyens au Cesti et l’appui extérieur ne sera, dans ce cas, qu’une aide supplémentaire. J’aurai bien aimé qu’il y ait cette vision de la part de mon pays. Ça ne fait pas partie de ma nature de rester les bras croisés. Ici, tous les projets, c’est moi qui les ai montés.
Aujourd’hui, je ne vais même plus chercher des partenaires, ce sont eux qui viennent. Hier encore (l’entretien a eu lieu, le mercredi 16 décembre dernier), le Portugal, l’Espagne, l’Autriche m’ont dit qu’ils sont intéressés. On a discuté avec les Etats-Unis, Israël, et ils ont dit qu’ils sont également intéressés. C’est moi qui suis en train de faire traîner les choses parce que je veux respecter la capacité d’absorption du Cesti. Je ne veux pas qu’on s’emballe, je sais trop ce que cela veut dire.  
De toutes les façons, pour ce qui concerne les fonds de l’école, ce n’est pas le rôle des étudiants. Qu’ils restent dans leur rôle. N’empêche que ma porte est ouverte pour tout le monde, même l’épicier du coin vient me voir quand il a des problèmes.»

COMMANDE DE CAMERAS DEPUIS 8 MOIS

«Pour la télévision, depuis deux années, c’est ma priorité. Mais le matériel audiovisuel est très lourd. On a d’abord évalué et l’Ecole supérieure de journalisme de Lille est venue ici pour nous aider dans cette tâche. Depuis deux ans, je discute avec le patron de la Rts. Avec le matériel qui lui a été offert dans le cadre de l’Oci, je lui ai demandé de me donner quatre caméras pour initier les étudiants avec ce matériel-là. Mais ça n’a pas abouti. Heureusement qu’on est en avance avec une autre institution française et probablement, on va pouvoir faire ce travail-là. Ce que j’ai décidé de faire, c’est que sur chaque projet, je mets une caméra. Là, il y a trois caméras qui sont en train d’arriver. Il y a un projet de l’Unesco avec 20 000 dollars de matériels. Sur un autre programme, on a des caméras et tout ce qu’il faut pour avoir un studio équipé qui va arriver au plus tard en mars 2010. Mais tout ça, c’est pas à pas qu’on le fait.»

LES FONDS RECOLTES AU NOM DU CESTI

«Depuis que je suis là, en comptant simplement le cash, je suis à 1 million de dollars (450 millions de francs Cfa). Je ne compte même pas le matériel qu’on nous a donné ni le budget de 35 millions qui nous est alloué chaque année. C’est autant d’argent qui reste au Cesti mais nous, on (Ndlr : je ?) ne le prend(s) pas, pourtant, on (j’en ?) en a(i) le droit. Il y a un certain nombre d’instances qui peuvent bénéficier de cet argent, mais on a toujours refusé. On n’a jamais rien pris, tout doit rester au Cesti. Quand je partirai dans un peu plus d’un an et demi, je serai contente parce que je sais ce que j’aurai laissé, y compris de l’argent au Cesti. Alors que quand je suis arrivée ici, il n’y avait rien et on avait même des dettes. Aujourd’hui, j’ai épongé toutes les dettes, à l’exception de ce qui se fait avec le budget. Et ça, ce n’est pas le propre du Cesti.  
Ce que ces étudiants ne disent pas, c’est que quand la directrice passe et dit : «bonjour», il  y en a qui continuent à lire leur journal. La directrice est libre ainsi de dire un certain nombre de choses. Il y a un respect minimum envers ses supérieurs. Cette personne-là, nous sommes aujourd’hui en droit de lui refuser l’inscription, pour des raisons disciplinaires. Parce que ce sont des choses qu’on n’accepte pas ici.»

Une visite guidée… inachevée

A la suite de l’entretien qu’elle nous a accordé, la directrice du Cesti a tenu à nous faire visiter les salles où est stocké le matériel offert par des partenaires extérieurs. Dans la salle dénommée P.a.o, des ordinateurs neufs de «dernière génération» y sont visibles de même que dans le bureau de l’administration. Ici, les caisses contenant du matériel informatique sont empilées les unes sur les autres. On a pu aussi visiter la salle technique et voir la «nouvelle table de montage», achetée à coup de milliers d’euros. Plusieurs autres pièces étaient au menu de la visite, mais leurs clefs étaient introuvables, au grand désarroi de Mme Aw, qui tenait visiblement à montrer que le matériel dont elle parle est bel et bien au Cesti. Et non ailleurs.

[readon1 url=”http://www.lequotidien.sn”]Source : lequotidien.sn[/readon1]

 

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