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audiovisuelle_formationMalgré la globalisation du secteur audiovisuel qui accompagne le développement de la diffusion satellitaire, le paysage audiovisuel maghrébin reste très marqué par des spécificités nationales. Ainsi dans la zone du Maghreb central , en 2009, les chaînes locales accaparent 50% de part d’audience, les orientales représentent 40% et, enfin, les chaînes françaises n’atteignent «que» 10% de PDA (30% en 2004), grâce au poids démographique de l’Algérie, car les Tunisiens (4 chaînes locales dont 2 privées) et les Marocains (6 chaînes locales publiques avec Médi1Sat dont l’audience peine à décoller) disposent d’une offre locale plus denses. Les audiences des chaînes utilisant l’anglais, l’allemand, l’espagnol ou encore l’italien ont une PDA négligeable sur la zone. Cette situation cache de grandes disparités entre les différents pays. En Algérie, les chaînes françaises disposent de 20% de PDA (notamment à Oran et Alger où elle atteint les 40%), contre 35 % pour ce qui concerne l’unique chaîne diffusée en hertzien (l’ENTV) et 45% pour les chaînes panarabes. Quelles est la situation dans tout le monde arabe.


Facteurs d’unité et disparités

La population de l’ensemble des pays arabes est estimée à 355 millions d’habitants, elle dépassera les 400 millions d’individus vers l’année 2020. De plus en plus urbaine, les moins de 30 ans y représentent près de 60%. Le taux d’analphabétisme est de l’ordre de 25%. 2 analphabètes sur 3 sont des femmes. Près de 20% de la population de la région vivent avec moins de 2 dollars par jour et sont souvent sous-employées: 24 millions de chômeurs estimés en 2009, soit 15% de la population active.
Le PIB global de l’ensemble des pays arabes atteint 1 600 milliards de $US, un peu moins que celui de l’Italie. Cependant ce PIB global voile d’importantes disparités entre pays disposant de la manne pétrolière et ceux qui n’en ont pas ou très peu et des pays ayant une population élevée (Soudan, Egypte, Algérie, Maroc) et des pays faiblement peuplés notamment dans le Golfe.
Ce monde arabe est défini avant tout par son unité linguistique, puisque l’arabe littéraire est la langue officielle des 22 pays membres de la Ligue des Etats arabes. L’arabe dialectal, dans ses multiples variantes, est employé au quotidien par les habitants de ces pays. La région se divise entre Machreq, à l’est, et Maghreb, à l’ouest. L’intercompréhension est possible, voire facile, entre les locuteurs des variantes d’arabe dialectal du Machreq, de même l’est-elle entre les locuteurs des variantes d’arabe dialectal d’Afrique du nord. Si les dialectes égyptiens et syro-libanais sont, eux, compris par l’ensemble des 450 millions d’arabophones de par le monde, cette intercompréhension est bien plus difficile dans le sens Maghreb-Machreq.
On estime à seulement 10% des habitants de la zone Moyen-Orient qui maîtrisent la langue anglaise. Le français est maîtrisé par environ 30% de la population maghrébine. Le taux global d’accès au français dans la région Afrique du Nord/Moyen-Orient est de 10% (autant que l’anglais) en comptant les francophones libanais et l’infime usage du français par la classe aisée égyptienne. Environ 80% des habitants de cette région est exclusivement arabophone.

Le paysage télévisuel arabe

Le paysage médiatique arabe est riche. Dominé par l’offre privée arabophone, il est le fruit des évolutions économiques, technologiques et géostratégiques dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient.
Le secteur de la télévision a connu les changements les plus radicaux durant les dix dernières années. C’est aussi le secteur qui porte les plus grands enjeux concernant les objectifs liés au rayonnement, la présence et l’influence géostratégique dans la zone. En témmoigne le lancement de chaînes européenne, britanique, américaine, françaçise, russe, allemande, coréenne, chinoise, turque en langue arabe.
Avec un taux d’équipement TV très élevé : près de 41 millions de foyers, dont environ 70% seraient équipés en réception satellite. On compte près de 350 chaînes de télévision en arabe couvrant la zone. L’Egypte accapare la part du lion en termes de nombre de chaînes TV grâce à son satellite NileSat, suivie des Emirats, de l’Arabie Saoudite, du Qatar et du Liban (en perte de vitesse). L’arabe et l’anglais sont les langues de diffusion dominantes: 85% de programmes diffusés arabe, 12% en anglais, 2% en français et 1% (en urdu, indien…).
La démocratisation de l’accès à la diffusion de chaînes de télévision par satellite est dûe, tout d’abord, à la baisse des tarifs chez les opérateurs satellitaires qui se situe actuellement entre 250 et 400 000 US$ par an pour la diffusion d’une chaîne TV sur un des 3 satellites phares de la région (NileSat, ArabSat et Hotbird), et le développement du concept de Media City, dont celle du Caire, la pionnière, de Amman, mais surtout la Dubai Media City (DMC). Créée en 2001, eccel-ci compte à elle seule plus de 1 000 entreprises du secteur, dont plus de 200 chaînes de TV (dont une cinquantaine visant les populations pakistanaises et indiennes en urdu).

Ce sont les chaînes dédiées à la fiction, musicales, sportives et religieuses qui voient leurs audiences progresser dans la région. Les chaînes d’info ont globalement des audiences stables. Les plus importantes sont Al Jazeera (en arabe et en anglais) et Al Arabia (du groupe MBC). Il est aussi à noter la diffusion en arabe des chaînes BBC, Euronews, France 24, Deuch Welle (allemande), Russia TV, China TV, El Horra (EU)… Les audiences les plus fortes dans l’ensemble du monde arabe concernent le bouquet privé saoudien MBC (une dizaine de chaînes thématiques aux côtés d’une chaine généraliste en FTA, ou free to air) et le bouquet, toujours en clair (FTA), toujours saoudien privé, dédié à la musique et au cinéma arabes : Rotana.

Il est à noter que les recettes publicitaires brutes en 2009 des 200 principales chaînes arabes sont estimées à près de 3 milliards de US$. Celles liées à l’interactivité (SMS, jeux…) sont s’élèveraient à près de 1 milliard de US$. Le marché de la télévision arabe est donc évalué à 4 milliards de US$ (contre 8 milliards de US$ en France).

Par Hassen Zargouni

 

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