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brunokoneA l’heure où le gouvernement ivoirien, annonce la libéralisation du secteur de l’audiovisuel, les inquiétudes enflent du côté des dirigeants des médias d’Etat dont les capacités ont été récemment renforcées. Bientôt, c’est enfin la guerre des images et des sons. Le secteur de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire sera libéralisé au premier trimestre 2012, si l’on s’en tient aux nouvelles autorités ivoiriennes.

Et, forcément, cette guerre ferra des victimes. Mais les médias d’Etat n’en veulent pas dans leurs rangs. Il vaut mieux prévenir que guérir. La France a été appelée au secours pour les entrainer. Du lundi 21 au jeudi 23, à l’Hôtel Pullman, au Plateau, elle les a soumis à un traitement de choc et leur a fourni les armes qu’il faut. On appelle simplement cela séminaire de perfectionnement au management et à la conduite du changement à l’intention des principaux dirigeants des médias d’Etat. De la tête au sommet, ils ont bossé des leçons de guerre, chapitre par chapitre, sous la houlette d’Alain de Pouzilhac, président-directeur général de l’Audiovisuel extérieur de la France (Aef) et de l’Académie France 24 à la tête d’une délégation qui co-organisait le stage avec le ministère ivoirien de la Communication. Mais les stagiaires avaient la peur au ventre. Car on ignore l’adversaire en embuscade et sa stratégie. La guerre aura lieu. Il faut y aller. Mais pas à l’emporte-pièce.

« On vous jugera et c’est par la qualité de votre presse »

« Intention sans action n’est qu’hallucination. On vous jugera et c’est par la qualité de votre presse que vous réussirez. Le reste c’est de la rigolade. Tant qu’on reste honnête, rien ne peut nous arriver », a prévenu Alain de Pouzilhac. Le français a surtout recommandé aux dirigeants des médias d’Etat ivoiriens d’avoir à l’esprit les bouleversements vertigineux entraînés dans le monde, à l’avènement du numérique au détriment de l’analogique ; il les veut aptes à affronter la libéralisation que les ivoiriens appellent de tous leurs veux pour sortir du bourbier de la Rti nouvelle. C’est presque inévitable. Les médias d’Etat sont condamnés à y faire face. Les Français les préparent. Mais les patrons de ces médias savent que la tâche sera ardue. Comme le recommande le défi du changement.

De quoi faire parler le ministre de la Communication

« La Rti est un petit quartier d’Abidjan avec ses 840 agents. Nous sommes aujourd’hui obligés d’aller à des réformes pour faire face à la concurrence. Nous ne pouvons pas aller à la libéralisation avec 840 personnes. Nous avons donc entamé les réformes et elles se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. L’objectif est de nous retrouver avec une Rti plus efficace, plus prompte à réagir et à faire face à la concurrence des télévisions privées qui arrivent.» C’est ainsi qu’Aka Sayé, directeur général par intérim de la Rti crie sa douleur. Depuis qu’il a pris fonction, le 2 août 2011, il lutte contre une forte pression du gouvernement et du contribuable ivoiriens. Depuis qu’il a risqué la publication de la première liste de dégraissage de son effectif, le 11 novembre 2011, le danger se rapproche de lui. Il n’est pas seul à avoir la trouille.

A ses côtés, se débat Jean-Claude Bayala, directeur général-adjoint de la Rti chargé de la radiodiffusion. C’est une question de survie. Comme il l’avoue d’ailleurs : « La libéralisation qui arrive est un défi étant donné qu’il représente l’une de nos priorités qui est de couvrir tout le territoire national. Nous envisageons de créer des pôles rédactionnels au niveau de toutes les régions de la Côte d’Ivoire et être présents dans les 12 districts que l’Etat veut créer».

L’angoisse est aussi palpable à l’Agence ivoirienne de presse (Aip) où sa directrice, Barry Oumou, envisage de battre le rappel de ses troupes dans les 14 bureaux régionaux et les 50 postes de collectes de l’information. « Pour une agence comme la nôtre qui a tout perdu pendant la crise, je me rends compte que le changement est difficile. Personne ne veut sortir de la routine», s’inquiète-t-elle.

Quant à Venance Konan, directeur général du groupe Fraternité Matin et son adjoint chargé de l’administration et des finances, Koné Moussa, ils rêvent de faire du quotidien gouvernemental, le plus grand journal d’Afrique. Ils ont l’obligation de repenser la gestion des hommes et de vaincre les réfractaires au changement pour atteindre les objectifs de la société ivoirienne. Mission difficile, elle aussi.

De quoi faire parler le ministre de la Communication. Diakité Koty Souleymane estime qu’il est temps que les managers des entreprises d’Etat, en raison des difficultés réelles qu’elles traversent déjà, puissent améliorer sensiblement leurs performances. C’est-à-dire, « la qualité des contenus éditoriaux et des programmes. Sans perdre de vue la performance dans la productivité ». Diakité Koty veut que la télévision, la radio et tous les autres medias d’Etat, désormais, se tiennent prêts à aller au front. Mais ont-ils les ressources nécessaires pour réussir leur métamorphose et faire face à la concurrence des privés qui, de toute évidence, ne lésineront pas sur les moyens pour les bousculer dans un espace où ils ont, de tout temps, régné en maîtres absolus ? La question fait rêver car elle est énorme. Depuis les lendemains de l’indépendance politique de la Côte d’Ivoire, le 7 août 1960, le secteur de l’audiovisuel a été envoûté. Vivement la guerre de la concurrence ! Pourvu qu’elle soit loyale. Et non stupide !

Schadé ADédé

Source: afriquejet.com

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