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iphone4Conserver une longueur d’avance. C’est l’enjeu d’Apple qui présentait, lundi 7 juin à San Francisco, berceau de la marque à la pomme, la quatrième version de son téléphone iPhone depuis son lancement commercial, en juin 2007. 

Le suspense était quasi-nul : des photos d’un prototype, apparemment égaré par un salarié, circulaient sur Internet depuis plusieurs semaines. Le design est plus anguleux, mêlant verre et acier. L’appareil photo gagne en performance – il est doté d’un flash -, tout comme la définition de l’écran, “326 pixels par pouce, plus que la rétine humaine peut voir”, s’est enthousiasmé Steve Jobs, le patron du groupe, lundi.

Ce nouvel appareil permet de passer des appels en visioconférence avec d’autres iPhone 4. Surtout, il est multitâche, plusieurs applications pourront fonctionner simultanément : avec les précédentes générations d’iPhone, il était impossible, par exemple, de consulter ses courriels tout en écoutant de la musique.

Le terminal sera disponible le 24 juin à partir de 199 dollars, dans cinq pays dont les Etats-Unis et la France. “L’iPhone 4 n’a rien de révolutionnaire mais ses nouvelles fonctions sont vraiment pensées pour offrir la meilleure expérience possible aux utilisateurs. Apple est vraiment au top”, jugeait à chaud Carolina Milanesi, du cabinet Gartner.

Avec plus de 100 000 utilisateurs d’iPhone (et d’iPod Touch, une version sans la fonction téléphonie), soit une part de marché de 15,4% sur le créneau des smartphones, un magasin d’applications de loin le plus riche au monde (225 000 applications), l’iPhone reste un téléphone emblématique.

Grâce à lui, Apple engrange des bénéfices records, soit 3,07 milliards de dollars (2,57 milliards d’euros) au deuxième trimestre 2010, +90% sur un an. Le groupe se remet à vendre des ordinateurs Macintosh (+33% d’unités vendues au deuxième trimestre 2010). Et il ose lancer une tablette numérique, l’iPad, très inspirée du téléphone, alors que ce type de produits n’a jusqu’à présent jamais trouvé son public. Pour la première fois, la capitalisation boursière du groupe est récemment passée devant celle de Microsoft, l’ennemi juré, contre qui Apple avait perdu la bataille des ordinateurs individuels à la fin des années 1980, et sur qui il prend sa revanche.

LA BATAILLE COMMENCE

Le revers de la médaille, c’est que la marque à la pomme est désormais très dépendante de ses téléphones – qui, selon les analystes – représenteraient presque la moitié de son résultat opérationnel. Or, la concurrence s’intensifie. La gamme des BlackBerry, du fabricant canadien RIM, résiste plutôt bien. Ces téléphones, pionniers des smartphones, au départ conçus pour un usage professionnel, ont réussi leur mue vers le grand public. Leur part de marché mondiale restait de 19,4% au premier trimestre, selon le Gartner.

Mais le principal challenger d’Apple, c’est désormais Android, le système d’exploitation développé par Google. En un an, sa part de marché a bondi de 1,6% à 9,6% au premier trimestre. Mis à disposition gratuitement aux constructeurs de terminaux, qui peuvent le reconfigurer à leur guise, totalement ouvert pour les développeurs (ils peuvent y porter les applications qu’ils veulent, sans risque de censure comme dans le cas de l’App Store), Android est plébiscité par l’industrie.

Près d’une quarantaine de téléphones différents tournent aujourd’hui sur ce logiciel dans le monde (Samsung, Motorola, LG, HTC, Sony-Ericsson…). Eric Schmidt, le président de Google, qui reconnaît que le groupe ne gagne pas d’argent avec Android mais parie sur l’émergence d’un marché publicitaire sur les mobiles, s’est récemment félicité que 65000 “téléphones Android” s’écoulaient chaque jour dans le monde.

Les “Android”, dotés d’un magasin d’environ 50000 applications (dont certaines spécifiques, notamment dans la cartographie), plaisent aux “geeks” et aux jeunes car ils sont souvent moins chers que l’iPhone. Certains modèles sont même en rupture de stock, comme le “Droid Incredible” du Taïwanais HTC, chez l’opérateur américain Verizon. Le lancement de l'”Evo 4G”, du même fabricant, début juin, a provoqué des files d’attente, devant les magasins de l’opérateur Sprint, aux Etats-Unis.

Nokia, toujours premier vendeur au monde de téléphones, n’a pas non plus dit son dernier mot. Il compte en partie sur le système d’exploitation MeeGo. Microsoft espère que son nouveau système d’exploitation, “Windows Phone 7”, disponible vers à la rentrée 2010, lui permettra de revenir dans la course.

La bataille du smartphone commence à peine. Apple conservera-t-il longtemps le leadership ? Mohssen Toumi, du cabinet Booz &Co, reste prudent: “Le secteur des télécommunications se réinvente très rapidement.”

Cécile Ducourtieux et Joël Morio (à San Francisco)

[readon1 url=”http://www.lemonde.fr”]Source :lemonde.fr[/readon1]

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