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cloud_computingC’est le dernier concept à la mode dans le secteur informatique. Le “cloud computing”, littéralement “l’informatique dans les nuages”, consiste pour les entreprises à externaliser les ressources numériques qu’elles stockent. Ces ressources – serveurs offrant des capacités de calcul, du stockage, logiciels de messagerie électronique , de paie – sont mises à disposition par des sociétés tierces et accessibles, grâce à un système d’identification, via un PC et une connexion à Internet.

Des “fermes de serveurs” très gourmandes en énergie

Les “fermes de serveurs” se multipliant à la faveur de la vague pour les services de “cloud computing”, la nécessité de réduire leur consommation énergétique se fait pressante. Ces entrepôts géants de machines sont en effet très gourmands. Ce sont surtout les systèmes de refroidissement qui brûlent de l’énergie – la température dans une ferme de serveurs montant en effet facilement à 40 °C, si rien n’est fait pour la refroidir. “Il faut davantage d’énergie pour refroidir les machines que pour les alimenter”, explique Jean-Michel Rodriguez, responsable de l’efficacité énergétique chez IBM.

Parmi les solutions étudiées, la création, à l’intérieur des fermes, de zones froides et de zones chaudes étanches. Déjà, le recyclage de l’air chaud dégagé par les machines permet de chauffer des piscines municipales, comme à Zurich (Suisse), ou un lotissement en Norvège.

Louer plutôt qu’acheter

Lexique Le “cloud computing” consiste, pour une société, à louer des ressources informatiques (serveurs, ordinateurs, applications) plutôt qu’à les acheter. Les salariés y accèdent via des connexions Internet et des ordinateurs. Selon un sondage effectué par le cabinet Forrester datant de mai 2009, 46 % des entreprises interrogées sont intéressées par les services “cloud” mais seulement 5 % y ont déjà recours.

Deux concepts Sont généralement associés au “cloud computing”, la “virtualisation” – elle permet de mutualiser sur un même serveur des logiciels tournant sur plusieurs machines différentes – et le “SAAS”, (Software as a service) – lorsqu’un éditeur de logiciels loue ses produits plutôt que de les vendre.
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Depuis le début de cette année, pas une semaine ne passe sans qu’un acteur des technologies ne présente son offre de “cloud” : les géants de l’informatique Hewlett-Packard et IB M, le fabricant de routeurs Internet Cisco, même des opérateurs de télécommunications comme France Télécom ou l’américain AT & T. Dernière annonce en date, mi-juillet, Microsoft, premier éditeur mondial de logiciels, a promis la commercialisation pour novembre de son offre de “cloud” baptisée Azure.

C’est le cybermarchand Amazon qui, en 2006, a inauguré ce type d’offres. Le géant américain avait beaucoup investi dans ses infrastructures à la fin des années 1990 pour lancer sa boutique en ligne. Son informatique était certes capable d’absorber le pic d’activité des achats de Noël, mais était surdimensionnée le reste de l’année. “Le cloud est une façon de rentabiliser nos équipements”, explique Xavier Garambois, directeur général France d’Amazon.

L’intérêt du “cloud” est évident. Au lieu d’acheter cher des serveurs et des logiciels, qui ne sont pas utilisés à 100 %, les entreprises les louent et ne paient que pour l’usage qu’elles en font. Elles peuvent aussi, en quelques minutes, accéder à des capacités de stockage et de calcul supplémentaires, auxquelles elles n’auraient, dans le cas de PME, jamais pu prétendre si elles avaient dû se les payer seules.

Le “cloud computing” pourrait provoquer une vraie révolution dans le secteur informatique. Pour beaucoup d’acteurs, il implique un changement complet de modèle économique. Jusqu’à présent, c’est la vente – de logiciels et de matériel – qui prévalait. Là, c’est la location qui s’impose. Des positions concurrentielles pourraient dès lors être remises en cause.

UNE NOUVEAUTÉ CONTESTÉE

Dans l’édition de logiciels, Microsoft est désormais sérieusement concurrencé par Google (avec ses services Google Apps, de messagerie électronique, traitement de texte) ou par des start-up comme Salesforce.com (proposant la location des logiciels de gestion de la relation client).

Par ailleurs, pour un prestataire informatique, lancer un service de “cloud” nécessite de se constituer de vastes centres de données, des “fermes de serveurs”, coûtant plusieurs dizaines de millions d’euros au bas mot chacune.

Les fabricants d’ordinateurs risquent aussi de voir leurs ventes de “netbooks” – ces ordinateurs portables relativement bon marché, parfois à moins de 300 euros, servant surtout à se connecter à Internet – continuer à progresser aux dépens de machines plus chères. “Les terminaux d’accès aux offres “cloud” n’ont plus besoin d’une mémoire importante, ni d’un processeur très puissant. A la limite, même un téléphone du genre iPhone ou BlackBerry suffit”, selon Matt Glotzbach, responsable des offres entreprises chez Google.

Dans les faits, quelle est la réalité du “cloud” ? Salesforces.com a passé la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires pour son année fiscale 2009. Environ 3 000 PME adoptent chaque jour les services Google Apps, selon Google. Amazon revendique 94 millions de clients à son offre “cloud”.

Mais les autres poids lourds du secteur ne proposent encore qu’un petit nombre de prestations. Azure, l’offre de Microsoft, sera réservée aux développeurs informatiques. IBM propose un accès à un service de messagerie baptisé Lotus Live Engage. “Le cloud va mettre dix à quinze ans pour se mettre en place”, reconnaît Philippe Bournhonesque, directeur de la stratégie logiciels chez IBM France.

Quant à la radicale nouveauté du concept, certains la contestent aussi. Dans un rapport publié ce printemps, des analystes du cabinet Accenture notent que la “virtualisation”, qui consiste à mutualiser sur un même serveur des applications tournant sur des machines différentes, et qui est à la base du “cloud computing”, remonte aux années 1960.

Enfin, le “cloud” soulève des questions de sécurité. Quid des données stratégiques d’une entreprise, dès lors qu’elles sont stockées par une société tierce ? La déconvenue des dirigeants du site de minimessages Twitter a pu inquiéter. Mi-juillet, des données confidentielles de la société ont été piratées et les services Google Apps – utilisés pour les stocker – soupçonnés d’être trop vulnérables. “Les données des entreprises seront mieux protégées chez des spécialistes que par elles-mêmes”, note néanmoins Sylvain Moussé, un des dirigeants de la société de services Cegid.

Cécile Ducourtieux

[readon1 url=”http://www.lemonde.fr”]Source : lemonde.fr[/readon1]

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