Y a-t-il des raisons d’avoir peur pour la sécurité informatique du Sénégal ? La question est totalement légitime tant le système du gouvernement sénégalais est malmené ce dimanche.

Ce sont les sites de l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) et du Ministère de l’Elevage et des Productions Animales (MEPA) qui ont été « down » en début d’après-midi suite à un piratage revendiqué parles Anonymous. Les visiteurs avait ainsi droit à une toute nouvelle page d’accueil sur un fond noir avec un premier message défilant indiquant l’auteur de l’attaque : « Defaced by #OpChalieHebdo » (Littéralement : « défiguré par #OpChalieHebdo »). Puis, comme visible sur la capture d’écran, viennent le logo des Anonymous et un message en rouge : « Donc vous avez interdit la caricature en une de Charlie Hebdo?… Mauvais choix. » suivi de la une en question. Sur ces pages piratées, les Anonymous proposent aux visiteurs de télécharger en format PDF l’édition de Charlie Hebdo du mercredi 15 janvier 2015 appelé « journal des survivants ». Puis ils passent à la présentation des dix sept (17) victimes des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly avant ‘d’apposer leur signature avec leur devise.

La première remarque est que nulle part sur leur message il n’est question d’Islam, de musulman ou de terrorisme. Le mot « djihadiste » n’y apparaît qu’une seule fois. Ce qui veut dire qu’ils sont loin de toutes ces considérations. Ils sont plutôt mus par leur volonté de lutter contre toutes les formes d’interdiction et pour le droit de savoir et d’accéder à toutes les informations.

Sur un autre point, il faut noter la lenteur de la réaction des informaticiens sénégalais pour contrer cette attaque. Si du côté de l’ADIE il aura fallu une heure et quart pour reprendre la main sur leur site, du côté du MEPA, le messsage des Anonymous étaient toujours en ligne trois heures après l’attaque. Ce qui est anormal pour certains experts en la matière.

Mountaga Cissé, formateur au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti et Administrateur du site spécialisé Itmag.sn, nous explique que « la technique de « défaçage » n’est pas dangereuse. Le pirate ne fait que remplacer le fichier index et il suffit au webmaster de remettre l’original pour revenir en ligne. Mais si la faille n’est pas fermée, les pirates pourront toujours recommencer ».

Cette attaque, aussi simple soit elle, ne peut occulter le fait que c’est la sécurité même du Sénégal qui a été engagée. S’il est impossible d’être totalement sécurisé, les services gouvernementaux doivent prévoir des mécanismes et protocoles de réaction pour être prompt à reprendre le dessus en cas d’attaque.

Pour Demba Guèye, web catalyst, blogueur initiateur du hashtag #kebetu et directeur de Go Viral Sénégal, « entre l’alerte, la mobilisation, la mise en veille et le redémarrage, il a fallu soixante quinze minutes (75 mn) en tout et pour tout à l’Agence De l’Informatique de l’Etat pour redevenir fonctionnelle ».

D’un autre coté, cette attaque remet aussi en question l’importance que les décideurs politiques sénégalais donnent à la sécurité informatique. Il y a quelques mois de cela, une attaque similaire avait visé la plupart des sites des ministères du gouvernement du Sénégal. Suite à cela, Cheikh Bakhoum, directeur général de l’ADIE, dans une interview qu’il avait accordé à Xalima, affirmait que ses services sont prêts à faire face aux menaces sur la sécurité informatique du Sénégal.

Le blogueur et cyber activiste Cheikh Fall, également chef de projet web le piratage informatique est « une arme de guerre de la même dimension que les missiles dont certains dirigeants se tuent pour s’en procurer ». La formation d’une armée pour la manipulation de l’arme devient une priorité ».

Cette assertion a son importance. On peut dire que c’est le cœur et le symbole même de la sécurité informatique de l’Etat du Sénégal qui a est touché à travers l’ADIE, son agence chargée de cette question. Le directeur de ladite agence que nous avons joint au téléphone en début d’après-midi n’a pas voulu s’exprimer sur la question. Tout au plus l’ADIE s’est contentée d’un communiqué disant qu’ils ont décidé de renforcer les équipes de veille. Timide réaction…

Source : Xalima News

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