Avec cinq mois de retard sur le calendrier initial, la 4 G devrait être enfin commercialisée au Sénégal dans le courant du mois de juillet. Mais ne nous réjouissons pas trop vite de toutes les nouvelles possibilités qui vont s’offrir à nous grâce à ce réseau à très haut débit, l’affaire n’est pas encore tout à fait réglée.

Obligation d’une couverture numérique plus étendue

D’après l’Agence Ecofin, la Société nationale des télécommunications (Sonatel) du Sénégal, et les opérateurs de téléphonie mobile auront l’obligation de mieux desservir le territoire national, une fois la licence 4G acquise. En effet, à l’heure actuelle, les zones couvertes par le réseau sont inférieures aux zones non couvertes. De plus, la qualité du réseau 3 G n’est pas encore très au point, avec de grandes disparités selon les quartiers, les régions. Comment envisager alors que l’étape supérieure vers le très haut débit puisse être efficiente ? Abdou Karim Sall, directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et de la poste (ARTP) a précisé, à l’issue d’un atelier sur la problématique de la mise en œuvre d’un ‘’roaming free’’ au Sénégal, organisé ce 12 juillet 2016, que « l’objectif du développement de la 4 G est fournir des services télécoms très haut débit à tous ». Cette volonté avait été déjà affirmée par le président de la République, Macky Sall, en marge de la cérémonie d’inauguration du centre de services numériques du groupe Atos, le 23 juin 2016, qui avait déclaré : « nous veillerons à ce que des objectifs de couverture vous soient assignés avec une prise en charge spécifique au niveau des zones frontières afin d’accompagner la mise en œuvre du nouveau Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) récemment initié. Il est essentiel que la périphérie soit couverte d’abord pour des raisons de sécurité nationale ». Ledit programme Puma, lancé par l’Etat, dans lequel les télécommunications occupent une place centrale, repose sur la sécurité frontalière, le désenclavement routier, fluvial, maritime, téléphonique, numérique, et le développement durable.

Un processus d’attribution complexe

Le chemin vers la 4 G n’a pas été simple. Depuis l’annonce de son lancement par la SONATEL, le 10 octobre 2013, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a commencé par octroyer des autorisations temporaires aux trois opérateurs de téléphonie mobile pour leur permettre faire d’effectuer des tests, pour une période qui s’est prolongée jusqu’au 31 mars 2015. En avril 2015, l’ARTP a lancé un appel d’offres pour être accompagnée pour l’attribution de la licence et des fréquences, et a retenu des cabinets marocains et tunisiens. En novembre 2015, l’ARTP a publié un appel à candidatures pour l’attribution de licences et de fréquences. A la date limite de réception des offres du 18 janvier 2016, aucune n’avait été déposée par les opérateurs. Finalement l’ARTP a annoncé ce 21 juin 2016 avoir accordé deux fréquences 4G à la SONATEL pour la somme de 32 milliards de FCFA et renouvelé, et sa concession pour la somme de 68 milliards de FCFA.

Une commercialisation aux modalités contestées

La décision de la Société nationale de télécommunication (Sonatel) de mettre en vente les puces 4 G à 1000 francs Cfa est contestée par l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen). D’après son président Momar Ndao, « Ce n’est pas normal, parce que c’est une augmentation tarifaire. Cela constitue même un frein pour la pénétration de la 4 G au Sénégal. Même si la Sonatel devrait changer la carte sim pour permettre aux gens de pouvoir consommer la 4 G, et de payer, commercialement, ce n’est pas une bonne option, parce que la 4 G aujourd’hui n’est pas un luxe mais une nécessité. Son acquisition a été faite, son accessibilité ne devrait pas être bloquée par des astuces “ (Walf quotidien). Momar Ndao, qui menace de saisir l’ARTP, revient sur la mauvaise qualité de la 3 G et interpelle la Sonatel sur l’efficacité de la nouvelle puce ” L’organe de contrôle doit veiller à ce que la qualité de service de la 3 G avant même l’arrivée de la 4 G demeure. On milite pour que la qualité” des services continue pour la 2 G, 3 G et la 4 G ”.

Effectivement, on peut se demander si la mise en fonction de la 4G ne va pas créer des troubles dans le réseau déjà existant.

Vers un développement de nouveaux secteurs de développement ?

L’internet a très haut débit est indéniablement un facteur de développement de taille, comme cela a été évoqué lors de la deuxième édition du Game Camp summer, événement dédié aux jeux vidéo et au monde virtuel dans dix pays africains, organisé par l’Institut Goethe à Dakar. Selon l’APS, Kofi Sika Latzoo, président d’IGDA Sénégal et co-fondateur du Game Camp ’’Au Sénégal, nous avons plus de 500 joueurs. Donc, le lancement de la puce 4G avec un haut débit permettra à ces jeunes de participer à des compétitions internationales de jeux vidéo organisée chaque année, parce que le jeu ne peut pas se faire sans une bonne connexion’’. Il a mit l’accent, lors de la conférence de presse, sur les débouchées de l’industrie du jeu vidéo, première industrie culturelle au monde avec un chiffre d’affaires de 99 milliards de dollars en 2017 et environ 4000 emplois créent en France. Le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud, la Tunisie et l’Algérie sont les pays africains qui figurent dans le top mondial des 100 pays leaders du jeu vidéo, a-t-il renseigné.

Ainsi, la 4 G pourrait donner un formidable élan à l’émergence du Sénégal, dans bien des domaines, et en révolutionner l’économie numérique. Encore faudrait-il qu’elle soit accessible au plus grand nombre et fluide, ce qui n’est pas encore tout à fait gagné.

« Work in progress », donc…

Par Laure Mamécot
Source : Au-senegal.com

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