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tnt_tunisieLa migration numérique dans la diffusion médiatique (télévision en particulier) est un sujet peu traité sur le continent africain, en Afrique de l’Ouest en particulier. En dehors de certains pays comme le Gabon, le Kenya, l’Afrique du Sud , peu de pays prennent des dispositions dans ce sens, alors que l’Union Internationale des Télécommunications a inscrit 2015 comme date butoir pour cette migration (Accord GEO6). La migration numérique dont on parle ici concerne le passage de la diffusion et de la réception du signal radiophonique (sonore et télévisuel) de l’analogique vers le numérique. Quels seront les impacts et les implications pour l’Afrique lorsque la production et la diffusion numérique cesseront au niveau international en 2015 ?

Depuis quelques années, l’Europe se prépare au tout numérique. La France passe au tout numérique par région. Après les expérimentations, le processus commence cette nouvelle année, et se bouclera en novembre 2011. A cette date, plus de diffusion nalogique en France. En 2010, la région Alsace-Lorraine (Strasbourg, etc.) lance le processus et passera au numérique en février 2010. Ceux qui n’ont pas déjà une télévision adaptée, courrent vers l’achat de décodeurs ou de nouveaux postes, afin de pouvoir recevoir sans problèmes le signal télévisuel en 2010. L’assemblée nationale française a adopté en décembre 2009 un texte de loi sur la fracture numérique et la télévision numérique qui, outre ses prescriptions sur le haut débit internet, traite donc du passage à la télévision numérique.

Quelles seront les conséquences, risques, et stratégies d’adaptation pour l’Afrique? Il est certain que la majorité des citoyens africains, ne pourront pas bénéficier des subventions octroyées en Europe (et même prévues en Afrique du Sud) pour appuyer le passage au numérique. La “fonction de dépotoir” qu’assure de fait l’Afrique risque d’être encore assumée, car on verra sans doute une amplification des dons ou des recyclages des postes de télévision analogique usagés vers l’Afrique. Comment se passera la coopération dans les échanges de programmes avec le reste du monde? La coopération (en particulier asiatique/chinoise, viendra sans doute au secours de l’Afrique en continuant à produire ou financer l’analogique mais, rester dans l’analogique nous ferme clairement les opportunités qu’offre le numérique. Et, quelque part, qui dit aide, dit dépendance. Quelles sont aussi les conséquences pour la radio-diffusion sonore, même si celle-ci semble moins impactée négativement? Et pleins d’autres questions demeurent, en particulier pour les citoyens les plus démunies.

Il devient urgent que les intellectuels, professionnels et politiques africains commencent à bien comprendre le problème et à mettre en place des stratégies de contournement des risques, des plans de migration. En Afrique de l’Ouest en particulier, on commence à en parler mais la mise en place de plans d’actions spécifiques ne semble pas encore à l’heure du jour. Au Bénin, en mai dernier durant les élections des représentants des médias à la HAAC (Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication), cette question avait été abordée par quelques candidats, tout comme elle l’est sporadiquement par le gouvernement béninois. L’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie a organisé un atelier régional dans ce sens début décembre 2009 à Ouagadougou. De son côté, l’Institut Panos Afrique de l’Ouest a lancé une étude dans ce sens. Mais il est urgent d’accélérer la mise en oeuvre concrète d’actions au niveau national et régional. Le sens de la fracture numérique est plus large qu’on ne le croit. Et malheureusement, il s’agira d’une nouvelle priorité de plus, dans un environnement économique déjà concurrencé par d’autres priorités urgentes de développement …

Ken Lohento

[readon1 url=”http://www.iafric.net”]Source : iafric.net[/readon1]

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