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netflixLa possible arrivée de l’américain Netflix en France a sonné l’alarme pour les acteurs de l’audiovisuel français, qui s’empressent d’organiser leur riposte en proposant, avant leur concurrent étranger, de nouvelles offres de vidéos sur internet.

Le site web Dailymotion, adossé à l’opérateur télécoms Orange, a déclaré à Reuters qu’il lancerait d’ici Noël une offre payante de ce type, mais d’autres groupes français, dont des chaînes de télévision, pourraient lui emboîter le pas.

Dans l’Hexagone, Canal+ et TF1 possèdent les plus gros catalogues de films et de séries et, si les deux groupes se contentent pour l’instant de proposer de la VOD à l’unité, la filiale de Bouygues réfléchit à l’opportunité de lancer une offre par abonnement.

Car le marché français est encore peu concurrentiel dans ce domaine, en dépit d’un appétit démontré de la part des usagers pour consommer des vidéos à partir d’ordinateurs, de tablettes électroniques ou de téléphones portables.

“Netflix utilise jusqu’à 30% du réseau à lui tout seul dans certains cas aujourd’hui”, expliquait récemment Pierre Louette, le secrétaire général de France Télécom, au sujet de celui que certains ont baptisé “l’ogre des réseaux”.

Avec ses 23 millions d’abonnés, Netflix peut se targuer d’avoir dépassé de loin les audiences des chaînes de télévision grâce à son offre de location de DVD couplant l’envoi postal et la projection sur internet (“streaming”).

La société, dont le cours de Bourse a été multiplié par neuf au cours des deux dernières années, s’est lancée il y a quelques mois au Canada et ne cache pas ses ambitions à l’international, tout en maintenant pour l’instant le flou sur ses cibles.

Officiellement, Netflix dit prévoir un lancement sur un nouveau marché début 2012.

LA FRANCE EN LIGNE DE MIRE ?

L’Espagne et le Royaume-Uni font partie des hypothèses les plus probables à court terme, mais un lancement en France pourrait également être au programme en 2012, selon des sources concordantes, dont certaines ont souhaité conserver l’anonymat.

“On sent qu’ils vont partir, oui (…) En langue anglaise et en espagnol c’est plutôt acquis”, résume notamment Marc Tessier, président de Video Futur, un petit concurrent français de Netflix qui a récemment revu son offre et mise lui aussi sur une combinaison d’envoi postal et d’internet.

Le patron de Dailymotion, Cédric Tournay, fait, lui, état de “quelques prises de contact ici et là” en France, même s’il dit que la réflexion de Netflix est restée au stade embryonnaire.

Une autre source cite avec certitude la France, un scénario également jugé réaliste par des analystes.

S’il reste pour l’instant de taille réduite, le marché français de la vidéo à la demande (VOD) enregistre des taux de croissance importants et, au premier trimestre, les ventes ont progressé de plus de 20%, à 43 millions d’euros.

Citigroup estime que Netflix pourrait conquérir entre 1,5 million et 5 millions d’abonnés en France, le pays présentant ainsi le deuxième potentiel le plus important au monde, derrière l’Allemagne et devant le Royaume-Uni.

MODÈLE HYBRIDE

Reste à savoir si Netflix parviendra à dupliquer son succès en France en se constituant là aussi un catalogue transversal, qui trancherait avec l’éparpillement des offres actuelles.

“Il y a un créneau en France pour un acteur comme Netflix, encore faut-il qu’il arrive à acquérir les droits pour se constituer un catalogue intéressant et répliquer le modèle tarifaire qui a fait son succès”, explique Richard Petit, analyste télécoms et médias chez Fitch Ratings.

Le groupe devra, d’un pays à l’autre, renégocier en bonne partie son catalogue avec les ayants droit.

En France, il est en outre confronté à un cadre juridique complexe, qui fixe le délai à partir duquel un film sorti en salles peut être diffusé pour la première fois à la télévision ou sur internet. Pour la VOD par abonnement (SVOD) le délai est de 36 mois, ce qui peut constituer un frein.

“En France ce n’est pas tellement une question de réglementation, mais plutôt d’habitudes commerciales des ayants droit”, juge de son côté le patron de Video Futur, qui insiste sur l’avantage d’un modèle hybride DVD, VOD et SVOD pour jongler avec les contraintes réglementaires.

Netflix a justement bâti son succès en s’imposant comme le numéro un de la location de DVD grâce à son service d’envoi par courrier, avant de se lancer début 2008 dans le “streaming”.

Plus récemment, la société a encore innové en venant directement concurrencer des géants comme Time Warner pour l’achat de contenus en s’offrant les droits exclusifs de la prochaine série de David Fincher “House of Cards”.

Avec Leila Abboud, édité par Jean-Michel Bélot

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