Disposant de l’autorité administrative de ce serveur, l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), est au sommet de l’arborescence hiérarchique du système des noms de domaine (Domain Name System, DNS). L’organe, dont le siège est situé à Marina del Rey en Californie, a pour mission d’établir une correspondance entre les chiffres sibyllins et uniques des adresses IP des ordinateurs, listes de quatre séries de nombres allant de 0 à 255, et les adresses nominatives connues des internautes (http://www.lemonde.fr par exemple).
“.com”, “.fr” ou même “.paris” ? C’est cette même association privée à but non lucratif de droit californien qui détermine quelles extensions correspondant à une zone géographique ou à un secteur d’activité peuvent s’ajouter aux deux cent soixante et un déjà existantes. Certes, des thématiques cruciales, telles que la protection des données ou le contrôle des contenus ne sont pas des prérogatives de l’Icann. Mais par delà ses fonctions techniques, l’organisme fait aussi des choix politiques et joue le rôle d’arbitre.
LA RESSOURCE DES NOMS DE DOMAINE
Depuis sa création en 1998, l’Icann gère ainsi la principale ressource économique du Web, en perpétuelle expansion. Elle établit la liste des bureaux d’enregistrement (“domainiers”) agréés pour vendre les noms de domaine. L’entreprise Verisign, sous contrat avec l’Icann pour gérer les extensions “.com” et “.net”, estime qu’il existe désormais 184 millions de noms de domaine (contre 90 millions en 2005), dont plus de 80 millions de “.com”. L’Afnic, association chargée des noms de domaine en “.fr”, gère pour sa part, en septembre 2009, près d’1,5 million de domaines, contre cinquante mille dix ans plus tôt.
Plus de neuf cents domainiers sont habilités à se répartir un marché globalement estimé à 1,8 milliard d’euros par an. D’après Webhosting.info, Go Daddy concentre près de 30 % du marché des noms de domaine, bien loin devant son premier concurrent eNom (8 %). “Le marché est vraiment concurrentiel. L’Icann accrédite les domainiers, ensuite ce sont eux qui cherchent à vendre. En 1998 les ‘.com’, ‘.net’ et ‘.org’ étaient dans les mains de Network Solutions, ils n’y sont plus”, souligne Elisabeth Porteneuvet. L’Icann se vante aussi d’avoir largement endigué le phénomène de “cybersquatting”, pratique consistant à enregistrer le nom de domaine d’une marque, avant de le revendre à l’ayant-droit.
Mais pour rendre compte de ses activités, l’Icann, voulue par le président Bill Clinton, n’avait jusqu’ici de responsabilité externe que vis-à-vis du gouvernement américain. En dix ans, l’accord prétendument temporaire avec le département du commerce, a été régulièrement renouvelé. La réorganisation de l’Icann en 2002 a certes conduit à la mise en place d’un Comité consultatif gouvernemental. Régulièrement critiqué pour son manque de représentativité, l’Icann s’est ouvert : les nouveaux engagements publiés mercredi prévoient en effet d’accorder un droit de regard aux autres pays.
Laurent Checola
LES DATES-CLEF
1969 : Création du réseau Arpanet par le département de la défense américain.
1973 : Mise en place du protocole TCP (Transmission Control Protocol) qui deviendra IP.
1983 : Invention du système des noms de domaine (DNS).
1991 : La gestion du DNS est confiée à la National Science Foundation (NSF), qui relie les superordinateurs de cinq universités américaines.
1993 : NSF s’ouvre à des acteurs privés pour la gestion des noms de domaine.
Septembre 1998 : Création de l’Icann.
30 septembre 2009 : Expiration du projet d’accord commun (Joint Project Agreement) entre l’Icann et le gouverment américain.
[readon1 url=”http://www.Lemonde.fr”]Source : Lemonde.fr[/readon1]