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fibre_aerienne_koreaAyant eu l’opportunité de séjourner quelques jours en Corée du Sud, la rédaction d’Itmag.sn en a profitée pour réaliser ce dossier sur le secteur Sud Coréen des télécommunications qui est souvent cité en référence à travers le monde.
Commençons par un peu d’histoire en rappelant que la Corée du Sud a connu à partir de 1950 une guerre avec la Corée du nord, s’en est suivie une longue période de dictature qui ne s’achèvera que dans les années 80 suite à de violentes manifestations. C’est sous cette dictature que la Corée du Sud a connu une croissance économique extraordinaire qui lui a valu sa place parmi les quatre dragons d’Asie du Sud-est. La Corée du Sud est peuplée d’environ 49 millions d’habitants et s’étend sur une superficie de 99 274 Km².

La genèse de l’Internet en Corée du Sud

Les premières offres d’accès à internet ont vu le jour en Corée du Sud en 1994 avec l’opérateur historique Korea Telecom communément appelé KT. Les premiers accès haut débit apparaissent en 1998 avec la technologie ADSL, ce qui permet au parc d’abonnés internet d’atteindre le nombre de 10 millions en 1999. Dés 2003, la technologie VDSL permet d’atteindre un débit de 20 Mbps, ce qui porta le nombre de clients internet à 30 millions en 2004. La technologie Wibro, 100% coréenne, qui est la version mobile du Wimax fut normalisée en 2005, ce qui permit son vaste déploiement dans le pays avec des terminaux Wibro/Wifi très commodes d’utilisation. Dés 2006, les opérateurs se lancent sur la fibre avec les technologies FTTx qui se sont très vite développées pour atteindre en février 2011 un parc de 18 millions de clients soit 80% de clients internet fixes, le reste étant constitué essentiellement de clients desservis avec les technologies xDSL. Plusieurs indicateurs montrent la suprématie de la Corée du Sud sur le haut débit, notamment le taux de pénétration du Broadband.
fttx_subsCe développement fulgurant en un temps record a été rendu possible par plusieurs programmes de développement des infrastructures de télécommunications en Corée du Sud. En 1987, l’Etat Coréen met en place un programme dénommé « Basic Communication Facilities » (BcF) qui avait pour but essentiel de démocratiser le téléphone et l’ordinateur en Corée du Sud. La deuxième initiative intitulée « Korea Information Infrastructures » (KII) lancée en 1995 a permis le développement de la téléphonie mobile et le lancement des technologies xDSL. A partir de 2005, la « Broadband Convergence Network »(BcN) a scellé le lancement des technologies FTTx, de l’IPTV ainsi que du haut débit mobile. Lancé en 2009, le programme « Giga-Internet » a quant à lui pour ambition de fournir aux sud coréens une connexion internet avec un débit d’un Giga bit par seconde à travers une amélioration de la technologie FTTH. La commercialisation de ces accès ultra haut débit débutera en 2013 sachant que plusieurs pilotes sont déjà en cours à travers certaines grandes métropoles sud coréennes. Et n’allez pas croire que ces accès internet très haut débit sont hors de prix, l’abonnement internet Full FTTH avec un débit symétrique de 100Mbps est à un peu moins de 25$ US par mois.
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Pour relativiser un peu devant ce fort développement des technologies FTTx, il est important de noter que les Sud-Coréens ont une forte prépension à construire en hauteur et ces tours gravitent très densément autour des grandes villes. Avec cette forte densité, il est aisé de comprendre que desservir plusieurs immeubles de plus de 60 étages en FTTx est beaucoup moins onéreux que déployer cette même technologie dans des milliers de résidences pavillonnaires. De plus, une grande partie du réseau d’accès constituant le fameux « last mile » est en grande partie un réseau de fibre aérien, et qui dit aérien dira que le déploiement se fera sans génie civil donc coûtera moins cher qu’un réseau souterrain.
Ces deux facteurs peuvent, en partie, expliquer le rang qu’occupe la Corée du Sud dans le très haut débit fixe.
korean_geosocialCoté contenus, les sud-coréens ont leur propres fournisseurs de contenus qui concurrencent très fortement les Facebook, Twitter et Google. En guise d’exemple, nous pouvons citer Naver qui est le portail sud coréen le plus visité, il comporte un moteur de recherche qui en terme d’audience dépasse largement celle de Google dans le pays. L’hégémonie des fournisseurs de contenus locaux sur ceux mondialement connus explique la faible dépendance de la Corée du Sud à la bande passante internationale, rappelons que cette bande passante internationale constitue un facteur non négligeable dans l’élaboration du tarif de détail de l’accès à internet.

Une technologie mobile « maison »

Dés les débuts de la téléphonie mobile en Corée, le choix a été fait d’aller vers la technologie TDMA pour ensuite adopter la technologie CDMA au moment où le reste du monde choisissait la norme GSM. C’est à travers cette norme que la téléphonie mobile s’est développée en Corée du Sud a de sa version 2G appelée CDMA 2000 à celle 3G communément connu sous le sigle de WCDMA. Ce choix technologique, qui peut être discutable, a permis à la Corée du Sud de se refermer sur elle même, du moins technologiquement, en favorisant la technologie issue de ses centres de R&D. Comme un peu partout dans le monde, la téléphonie mobile a connu un essor fulgurant durant cette période en passant de 5 millions d’abonnés en 1997 pour atteindre 51,7 millions en 2011, ce qui correspond à un taux de pénétration de plus de 100%. Les principaux acteurs du secteur que sont les opérateurs KT, SK Telecom et LG+ se partagent ce marché de plus de 50 millions de clients mobiles.
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Cet entêtement de la Corée du Sud à adopter la technologie CDMA et ses dérivés va bientôt connaître son épilogue avec la généralisation de la technologie LTE qui est d’ores et déjà expérimentée par les deux plus grands opérateurs du marché à savoir SK Telecom et KT. LG+ préparerait également un pilote LTE sur la capitale Séoul. Coté terminaux, le marché est déjà prêt avec plusieurs types de terminaux LTE allant du smartphone à la tablette en passant par les dongles Usb. Cette fleuraison d’équipements LTE ready s’explique aussi par l’engagement affiché des deux géants Sud Coréens (Samsung et LG) dans le développement des terminaux compatibles LTE.
La variante mobile de la technologie Wimax est omniprésente dans la capitale Séoul, notamment via des terminaux Wibro/Wifi utilisés soit par les particuliers ou alors dans les transports en commun (Bus, Metro, Train de banlieue).
La technologie est partout

La société sud coréenne est caractérisée par une pénétration très remarquable des technologies dans la vie de tous les jours. D’après l’IUT, la Corée du Sud est le pays qui utilise le plus les outils d’e-gouvernance dans le monde juste devant la Suède. En Corée du Sud, les termes comme e-santé et e-administration ne sont pas que de vains concepts ou des slogans, mais une réalité depuis plusieurs années.samsung_bidet
Les technologies sont omniprésentes, dans les endroits les plus insoupçonnés et dans le seul but de rendre la vie plus simple à la population sud coréenne. La preuve, en visitant un des centres R&D de Samsung, nous avons à un moment de la visite demander à utiliser leurs toilettes. Grande a été notre surprise de découvrir toutes les technologies embarquées dans les chaises anglaises qui équipent leurs toilettes. Et tenez vous bien, la chaise anglaise est de marque Samsung. Nous vous laissons imaginer le nombre de brevets derriére cet équipement…
Le culte des champions nationaux

best_speend_koreaNous ne saurions boucler ces quelques lignes sans parler de la fierté que les Sud-coréens ont pour leurs champions nationaux en général et plus particulièrement Samsung et LG. Dans ce pays, vous trouverez ces deux entités dans 90% des produits et services technologiques. Les pouvoirs publiques usent et abusent des fruits issus de leurs centres R&D, il y a clairement une préférence nationale dans l’attribution des marchés publics concernant les produits et services technologiques. Et même au delà, nous avons eu l’occasion de constater que la plus part des escalators sont le fruit d’un partenariat entre le géant mondiale OTIS et l’équipementier national LG. Dans le même esprit, les deux champions nationaux de l’industrie automobile que sont HYUNDAI et KIA se partagent 80% du parc national, ceux qui laisse une très petite part aux marques étrangères, ce qui pourrait en partie expliquer la soudaine et excellente santé financière de Hyundai sur l’international. Cette politique du « consommer local » ne fait qu’accroître l’insolent niveau de développement de la Corée du Sud.
Après avoir visité plusieurs centre R&D et après avoir écouté plusieurs acteurs du secteur, le terme qui revient le plus est le mot « Smart ». Le but poursuivi par les autorités sud-coréennes, le régulateur des télécommunications, ainsi que les autres acteurs, est de rendre intelligent l’ensemble des composantes de la société sud-coréenne, ainsi que leurs interactions avec la population.
Ces quelques lignes n’ont pas la prétention de vous donner une photographie fidèle du secteur des télécommunications en Corée du Sud, mais juste vous mettre l’eau à la bouche et vous donner l’envie d’aller voir de plus prêt le pays où l’on trouve le meilleur débit d’accès à internet au monde selon le fournisseur de contenus Akamai.
La rédaction d’itmag.sn, Séoul, Juin 2012.

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