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inde_bhartiDes piles à combustible pour alimenter des dizaines de milliers de stations de télécommunications dans les campagnes indiennes : c’est le projet lancé par Air Liquide en partenariat avec Bharti Airtel, le premier opérateur téléphonique indien. Si les tests, qui seront effectués cet été, se révèlent concluants, la technologie sera ensuite déployée à très grande échelle.

L’idée est née de la rencontre des patrons des deux groupes au sein du CEO Forum, qui rassemble les PDG de quelques dizaines de grandes entreprises des deux pays. Benoît Potier, PDG d’Air Liquide, y a découvert le problème auquel sont confrontés les opérateurs indiens : du fait des incertitudes sur l’alimentation électrique, les tours d’antennes-relais sont également munies de générateurs Diesel. Ces tours étant au nombre d’environ 400.000, la dépense d’énergie est considérable : elle représente 5 % de la consommation de gazole du pays. Bharti a bien lancé des recherches pour alimenter ses tours à l’énergie solaire, mais les résultats n’ont pas été concluants. D’où l’idée d’Air Liquide : remplacer les générateurs Diesel par des piles à combustible.

Reposant sur la combinaison d’hydrogène et d’oxygène pour créer de l’électricité, la pile à combustible rejette de l’eau, ce qui en fait une technologie très propre. Pour Air Liquide, l’enjeu de l’opération est de dégager pour la première fois une « solution industrielle compétitive » pour la pile à combustible, selon Jean-Marc de Royère, PDG d’Air Liquide Asie Pacifique. En effet, si la technologie fonctionne -elle a été testée par Axane, filiale d’Air Liquide, en 2007 sur une antenne-relais dans les Hautes-Pyrénées -, ses utilisations possibles ne sont pour le moment pas rentables.

Résister au climat

Le défi, souligne le responsable, c’est de « diviser les coûts par dix ». Une ambition qui pourrait se concrétiser grâce à la combinaison de deux facteurs : des coûts de fabrication faibles, ce qui suppose que les équipements soient assemblés sur place, et un effet de masse lié au très grand nombre de tours de télécommunications : équiper seulement 5 % d’entre elles correspondrait déjà à 20.000 installations… Deuxième défi à relever : l’approvisionnement en hydrogène de milliers, voire de dizaines de milliers de sites. Un casse-tête logistique en matière de normes, de sécurité, etc.

Dans un premier temps, les partenaires vont tester une dizaine de sites cet été, ce qui permettra notamment de vérifier la bonne adaptation des piles aux rigueurs du climat indien (chaleur, mousson, poussière). Si l’opération tient ses promesses, une coentreprise sera créée entre Air Liquide et Tatva Renewable Energy, petite filiale de Bharti spécialisée dans l’énergie, et la phase industrielle sera lancée, avec une centaine de tours équipées ou plus. Et si cette deuxième phase est satisfaisante, l’opération passera à la vitesse supérieure d’ici à 2013.

Air Liquide considère que le potentiel est considérable : outre l’énorme marché indien, le dispositif pourra être exporté quand il aura fait ses preuves. « Si ça marche, estime Jean-Marc de Royère, l’Inde sera le premier pays à avoir réussi un déploiement en grande série. »

Patrick de Jacquelot

[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source :lesechos.fr[/readon1]

 

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