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apple_iphoneLe constructeur de l’iPhone a conçu avec le spécialiste des cartes à puce Gemalto une solution pour distribuer un téléphone avec une carte SIM scellée. Il deviendrait une sorte d’opérateur mobile virtuel et vendrait les abonnements.  C’est le scénario catastrophe pour les opérateurs. Apple a convoqué à Cupertino, dans le plus grand secret, Orange, SFR  , et d’autres grands noms tels que ATT, Verizon, Deutsche Telekom, Vodafone, Telefonica. En Californie, le grand patron du constructeur informatique leur a présenté sa vision de leur métier. Dans le monde selon Steve Jobs, les opérateurs ne sont guère plus que des responsables de la maintenance d’un réseau de tuyaux, doublés de banquiers qui pourraient subventionner son téléphone.

Apple est déjà prêt à sauter le pas. Le groupe travaille depuis un certain temps avec le spécialiste français de la carte à puce Gemalto. Ce fournisseur traditionnel des opérateurs a bâti une plateforme qui lui permet de gérer lui-même sa propre carte SIM, carrément scellée dans chaque téléphone.
Un coup de maître

Dans ce système, Apple vendrait ses terminaux en direct via sa boutique en ligne iTunes, avec les abonnements. Devenu en quelque sorte un opérateur mobile virtuel (MVNO) mondial, il serait également capable de gérer le passage d’un réseau à un autre en fonction des tarifs offerts par ces derniers. L’équipementier pourrait « porter » lui-même les numéros.

Une mise en concurrence que ne parviennent pas à réaliser aujourd’hui les MVNO, car changer d’opérateur nécessite de remplacer les cartes SIM.

Ce n’est pas la première fois que le groupe californien tente de « désintermédier » les opérateurs : au tout début de l’iPhone, la firme avait même exigé un pourcentage sur les abonnements perçus par eux. Il n’a pas obtenu gain de cause, mais a tout de même réussi un coup de maître en contraignant les abonnés à enregistrer leurs références bancaires sur iTunes, afin, notamment, d’acheter des applications sur l’Apple Store.

Il n’existe apparemment aucune contre-indication réglementaire ou concurrentielle, en France, au projet d’Apple. Ce dernier dispose de moyens de pression avec ses 14 millions de ventes d’iPhone rien qu’au troisième trimestre, et le succès de son iPad. Si un opérateur cède en France, les autres auront beaucoup de mal à résister. Il suffirait de les menacer de ne pas avoir l’iPhone 5 l’été prochain, par exemple. Gemalto et SFR n’ont pas souhaité commenter nos informations. Chez Orange, le ton est laconique : « Nous ne pouvons commenter, confirmer ou nier l’existence d’un tel projet. Nous considérons que le succès de l’iPhone est dû pour une large part au modèle de subventionnement par les opérateurs, ce que même Apple reconnaît. »

Rien ne dit que les géants européens des télécoms vont se laisser passer la bride sur le cou. Selon nos informations, ils sont très remontés. En revanche, Verizon, qui a plus de mal à gérer les cartes SIM à cause de sa technologie 3G, serait intéressé. Les grands réseaux télécoms veulent croire qu’ils ne sont pas dépendants d’Apple : « Nous vendons de plus en plus d’Android, et Microsoft a une vision très différente du partenariat avec nous », rassure un opérateur. A long terme, si Steve Jobs l’emportait, cela pourrait donner des idées à Nokia, Samsung, voire même à une chaîne de supermarché ou à une banque. Ce serait la fin du modèle économique actuel des opérateurs télécoms.

Solveig Godeluck, Les Echos

[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source :lesechos.fr[/readon1]

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