cameroun_3eme_operateur
cameroun_3eme_operateurPlus de dix ans près la mise en concession de ses deux premières licences de téléphonie mobile en 1999 et 2000 au profit d’Orange-Cameroun et de Mtn-Cameroun, le Cameroun s’apprête à ouvrir son marché à d’autres opérateurs dans un climat de vives critiques à l’égard de la qualité du service jugée décevante des réseaux en place. Attendu depuis fin 2011 après une annonce du ministre des Postes et Télécommunications, Jean-

Pierre Biyiti bi Essam, devant les députés de l’Assemblée nationale au mois d’avril de la même année, le processus d’octroi des nouvelles licences sans cesse reporté a fixé le nouveau délai de pré-qualification des offres au 2 novembre, a appris Xinhua d’une source administrative à Yaoundé.
De neuf puis sept à l’origine, une short-list préalablement établie avait retenu trois potentiels acquéreurs. Si aucun détail n’est fourni au sujet de l’évolution de cette liste, les informations recueillies font aujourd’hui savoir que “les opérateurs viennent avec leurs offres, on apprécie le montant et la qualité”.
Pour cette démarche qui tranche avec le système de marché de gré à gré appliqué à Orange-Cameroun et Mtn-Cameroun lors de leur installation, l’autorité camerounaise des télécommunications se défend d’une politique d’affirmation de la concurrence dans le secteur de la téléphonie mobile considéré comme essentiel pour la croissance économique nationale et la vie des populations.

Dans sa communication lors d’une session extraordinaire de l’ Assemblée nationale en avril 2011, le ministre Biyiti bi Essam avait annoncé l’éventualité d’octroi d’au moins deux nouvelles licences. De l’avis de ses services, cette ouverture du marché est maintenue, mais avec l’attribution d’une seule licence par avis d’ appel d’offres.

“Il y a la licence de CAMTEL (Cameroon Telecommunications, opérateur historique étatique, NDLR) n’est pas soumise à concurrence. Ce qui est prévu, c’est la recherche d’un partenaire stratégique pour accompagner CAMTEL”, a confié à Xinhua un responsable du ministère des Postes et Télécommunications sous couvert d’anonymat.

Les nouvelles licences envisagées doivent permettre le passage du Cameroun au service 3G de la téléphonie mobile, soit une évolution technologique notable dont il est cependant attendu des solutions de viabilisation d’un marché où la compétition limitée à un duopole a généré peu d’effets pour une qualité du service appréciable, aux yeux des usagers et même des experts. Le représentant de la zone UIT (Union internationale des télécommunications) pour l’Afrique centrale à Yaoundé, Jean- Jacques Massima Landji, estime que le potentiel du marché est énorme pour un pays de 20 millions d’habitants ne possédant que deux opérateurs, alors qu’au Gabon voisin quatre compagnies sont à la conquête d’un million de clients.

“Dès lors qu’il y a deux opérateurs, on n’est plus en situation de monopole, on est en situation de transparence dans les prix. Evidemment, quand ils sont deux, ils peuvent s’entendre”, observe l’expert qui accuse les deux multinationales opérant au Cameroun de manquer de réflexe de réinvestir dans les objectifs du cahier des charges de couverture globale du service d’accès universel.

Coupables de campagnes commerciales abusives et de publicités mensongères consistant par exemple à “annoncer la 3G alors qu’ils n’ont pas le 2G” et des baisses fantaisistes des tarifs des communications, ces opérateurs, selon lui, doivent être interpellés sur le dimensionnement de leurs équipements devenus congestionnés dans certains cas au point de faire subir aux abonnés des réseaux d’appels et de transmission des sms saturés.

“Quand un opérateur tous les quinze jours fait 50% d’abattement sur ses tarifs, c’est une concurrence déloyale. Il ne peut pas être en promotion en permanence sur ses tarifs. Les tarifs agréés de la plupart des opérateurs ont une fourchette. On sait qu’ils sont en libre concurrence suivant les réseaux des uns ou des autres. On sait que la minute de communication mobile vaut entre 125 et 150 francs”, démontre Massima Landji.

C’est la régulation du marché qui est remise en cause. “La meilleure qualité du service, c’est une affaire qui me paraît être seulement le fait que le gendarme de cette activité ne doit pas attendre une détérioration de la qualité du service pour agir, que la situation soit délétère et ficeler une amende. C’est un travail permanent. Le régulateur a intérêt à ce que le marché soit autorégulé”.

Créée en 1999, l’Agence de régulation des télécommunications ( ART) suite à une loi de 1998 régissant les télécommunications a précédé l’avènement du premier opérateur de téléphonie mobile au Cameroun où une licence est attribuée la même année à la Société camerounaise des mobiles (SCM, devenue en 2002 Orange-Cameroun), suivie en 2000 de la cession de CAMTEL-Mobile à Mtn.

Les statistiques officielles recensaient 9,7 millions d’abonnés au téléphone mobile en décembre 2010, avec un taux de pénétration de 42% de la population, contre 458.000 abonnés et 2,6% pour le téléphone fixe. A 14% des parts seulement à l’opérateur historique CAMTEL, le marché de la téléphonie était dominé à cette date à 86% par les deux opérateurs mobiles.

De 8 milliards en 2001, le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile s’élevait à 363 milliards de francs CFA. Les dépenses en investissement ont cependant évolué de 51,85 milliards à 72,6 milliards de francs CFA, selon une évaluation du ministère des Postes et des Télécommunications.

Le gouvernement s’était fixé l’objectif d’accroître la télédensité de 13,3% en 2005 à 50% en 2015. Il reconnaît que les tarifs des communications restent élevés et que si la pénétration est significative dans les zones urbaines, des efforts importants restent à faire pour les zones rurales.

En plus des impôts, les opérateurs agréés sont soumis au versement d’une contribution au Fonds spécial de développement des télécommunications à hauteur de 3% de leur chiffre d’affaires annuel. Le représentant de la zone UIT pour l’Afrique centrale qualifie cette décision de frein à la croissance du secteur, expliquant qu’elle ne favorise pas l’investissement pour un marché plus compétitif.

Prenant la défense du régulateur au sujet de la répression contre les publicités mensongères, le ministère des Postes et Télécommunications jette la responsabilité de cette action sur le ministère du Commerce. “C’est une activité commerciale”, assure-t- on.

Source: 237online.com

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