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orascom_telecom_sawirisVa-t-on assister à une opération de fusion dans la téléphonie mobile en Algérie semblable à celle réalisée en 2007 dans le ciment, avec comme acteurs la famille Sawiris et des groupes français ?
Jeudi, dans un entretien au quotidien économique français La Tribune, Naguib Sawiris, PDG d’Orascom Telecom, a évoqué son intérêt pour une fusion avec Bouygues Telecom. « Cela renforcerait notre présence en Méditerranée, améliorerait nos possibilités d’itinérance, il y aurait beaucoup de synergies », a-t-il expliqué.

Dans le même temps, M. Sawiris a démenti vouloir céder ses activités algériennes, en dépit de l’intérêt du français Vivendi et d’investisseurs privés algériens. « Vivendi a déjà manifesté son intérêt par le passé, tout comme des hommes d’affaires algériens. Djezzy n’est pas à vendre », a-t-il affirmé.

En réalité, la proposition de Naguib Sawiris de fusionner son groupe de télécommunications avec Bouygues Télécom tout comme son démenti concernant la cession de Djezzy n’est qu’un coup de bluff destiné à faire monter les enchères sur ses activités en Algérie. Le PDG d’Orascom Telecom n’est plus maître de son destin en Algérie, pour au moins deux raisons.

La première concerne la réaction de l’Etat algérien. En sanctionnant lourdement Orascom et Lafarge – Djezzy et le cimentier ACC ont subi des redressements fiscaux- pour avoir fusionné leurs activités sans avoir pris le soin de le consulter, le gouvernement algérien a envoyé un message de fermeté à tous les groupes étrangers intéressés par l’Algérie. On voit très mal comment Bouygues Télécom pourrait prendre l’initiative de s’implanter en Algérie via une fusion avec Orascom Telecom sans l’aval d’Alger.

La seconde explication se trouve dans la situation actuelle de Djezzy. L’opérateur vient de subir un lourd redressement fiscal de 600 millions de dollars sur les exercices 2005, 2006 et 2007. Les inspecteurs des Impôts épluchent actuellement les comptes de 2008 et dans quelques semaines, ils regarderont de près ceux 2009. Le montant global du redressement fiscal pourrait atteindre plus d’un milliard de dollars sur les cinq exercices, entre 2005 et 2009. De quoi mettre Djezzy et sa maison mère dans une situation financière intenable.

En plus du fisc, l’Etat algérien possède d’autres moyens de représailles. Djezzy, avec 64% de parts de marché, est l’opérateur dominant. Depuis quelques années, ses concurrents, Nedjma et Mobilis, demandent à l’ARPT, l’autorité de régulation, d’appliquer les dispositions concernant les positions dominantes dans le secteur. Ces dispositions, si elles sont appliquées, auront un impact négatif sur les marges de Djezzy et donc sur ses résultats. Rapidement, l’opérateur pourrait se retrouver dans un engrenage qui menacerait son avenir.

Enfin, Djezzy pourrait aussi être touché par les campagnes de boycottage lancées partout en Algérie. Même si les désabonnements risquent d’être limités vu la difficulté de changer d’opérateur en Algérie, les nouveaux clients devraient choisir majoritairement un des deux concurrents de Djezzy.

En Algérie, Orascom Telecom, après avoir bénéficié de toutes les largesses possibles, ne semble plus maître de son destin. Son départ semble inéluctable. Reste à savoir à quel prix. C’est le dernier enjeu pour la famille Sawiris dans les télécommunications en Algérie.

[readon1 url=”http://www.tsa-algerie.com”]Source : tsa-algerie.com[/readon1]

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