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vivendi_gvt_bresilAller chercher des relais de croissance hors d’Europe : tel est le sens de l’opération annoncée, mardi 8 septembre, par le français Vivendi. Le groupe de médias et de télécommunications, propriétaire de SFR et de Canal + , a l’intention de lancer une offre publique d’achat (OPA) amicale sur un fournisseur d’accès à Internet brésilien,  GVT, coté à Sao Paulo. Vivendi, qui propose de racheter les actions pour 42 réals brésiliens l’unité, s’est mis d’accord avec les fondateurs de GVT pour qu’ils lui apportent 20 % du capital. Si le Français parvient à ses fins – racheter au moins 51 % du capital du groupe -, il déboursera au minimum 1 milliard d’euros.

 

L’opération ne sera cependant lancée, précise-t-on au siège de Vivendi à Paris, que si, lors d’une assemblée générale avant mi-octobre, les autres actionnaires de GVT votent l’apport de leurs titres au groupe français et s’ils acceptent de faire “sauter” les dispositifs anti-OPA protégeant le capital de la société brésilienne.

GVT est présenté par Vivendi comme le “Iliad brésilien”, un opérateur alternatif particulièrement profitable, à l’instar de la maison mère de Free. De fait, le chiffre d’affaires de GVT a progressé de 34 % entre 2007 et 2008 (à 1,3 milliard de réals fin 2008, soit 490 millions d’euros). Au 30 juin 2009, GVT, qui est doté “d’un des plus beaux réseaux en fibre optique du pays”, comptabilisait 2,3 millions de lignes à haut débit au Brésil.

“Cet accord avec GVT s’inscrit pleinement dans notre stratégie de développement dans des pays à forte croissance”, a déclaré Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi.

Comme d’autres industriels, Vivendi est confronté à une saturation des marchés européens des télécommunications. Concernant les offres d’accès haut débit à Internet (notamment via l’ADSL), la France comptait 18,675 millions d’abonnements au 30 juin, selon l’Arcep, le gendarme des télécommunications hexagonal. Le nombre d’abonnements n’a augmenté que de 334 000 au cours du deuxième trimestre (1,8 %) par rapport à la même période en 2008.

Et la concurrence entre les opérateurs du secteur s’intensifie. Ils ne se battent plus pour conquérir de nouveaux abonnés, mais pour en ravir aux autres. Le taux de “churn”, c’est-à-dire la proportion d’abonnés qui choisissent de quitter un opérateur pour un autre, devient un des indicateurs les plus regardés par leurs dirigeants.

Ailleurs en Europe, ce n’est guère mieux : selon des données datant d’il y a presque un an, publiées par la Commission européenne dans son rapport sur le marché des télécommunications, le taux de pénétration du haut débit était déjà en moyenne de 22,9 % (22,9 lignes pour 100 habitants).

Dans le mobile, tous les Européens ou presque sont équipés, avec, pour la France, un taux de pénétration de presque 92 % au mois de juin 2009, selon l’Arcep. “L’Europe, c’est fini, c’est de la dead money pour les opérateurs”, résume, laconique, l’analyste d’une grande banque française. “L’industrie des télécommunications a une croissance inférieure au produit intérieur brut européen, cela veut dire, pour un opérateur, qu’il perd des parts de marché en Europe. Pour retrouver de la croissance, il faut qu’il aille là où les gens n’ont encore le téléphone”, ajoute le spécialiste.

Certains acteurs ont pris des longueurs d’avance. L’espagnol Telefonica a investi l’Amérique latine (Mexique, Argentine, Brésil, Colombie, etc.). Le britannique Vodafone (co-actionnaire de SFR) est implanté en Inde ou en Turquie.

Vivendi possède déjà des actifs hors d’Europe, à commencer par le très rentable Maroc Télécom, premier opérateur fixe et mobile au Maroc, aussi présent en Mauritanie, au Gabon, au Burkina-Faso et au Mali. En juillet, le groupe avait renoncé à acquérir une participation majoritaire dans la filiale africaine du koweïtien Zain.

Cécile Ducourtieux

[readon1 url=”http://www.lemonde.fr”]Source : lemonde.fr[/readon1]

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