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guinee_arpt_siegeLe président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée (UDCG), MBany Sidibé a, au cours d’une interview qu’il a accordée à notre Rédaction, demandé aux opérateurs de téléphonie mobile de diminuer sans délai, les tarifs de communication à 40%. Ce, en tenant compte de la baisse du taux d’inflation économique et du degré des dégâts causés aux consommateurs des différents réseaux téléphoniques au cours des opérations de communication.


Guineelive : M. Sidibé, présentez-vous à nos lecteurs ?

Mbany Sidébé : je suis Monsieur Sidibé MBany, président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée en abrégé UDCG.

Quels consommateurs précisément ?

Il s’agit de tous les consommateurs que ça soit dans le cadre des services ou des biens.

Votre union défend tous les citoyens et chacun dans sa catégorie et de consommateur, Dites nous quel est aujourd’hui le sujet qui vous préoccupe de plus ?

Merci pour cette question ! Depuis un bout de temps, nous sommes en train de nous battre pour défendre les usagers de la téléphonie mobile (Consommateurs) conformément aux dispositions des conventions de concession et des cahiers de charge des opérateurs de téléphonie. Car nous avons constaté que cette catégorie de consommateurs est vraiment violée des ses droits. Il n’est de secret pour personne aujourd’hui que la communication constitue l’une des denrées clefs des populations en bref, (Consommateurs). Si nous voyons que les plus ‘’forts” s’unissent pour piller nos droits, il est temps que nous nous levions pour mettre fin à cette pratique. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons commencé notre lutte dans le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies de l’information (INTC). Bien entendu, qu’on a des résultats, parce que depuis le mois de janvier dernier, on a eu à porter
plainte contre l’opérateur orange-Guinée pour non respect des conventions des cahiers de charge par rapport notamment à l’augmentation qu’il avait annoncé au mois de décembre 2011. C’est-à-dire qu’à l’international, cette société avait augmenté compte tenu de la hausse des tarifs d’interconnexion pour certaines destinations. Mais il y a des articles de la convention qui étaient vraiment clairs à ce propos, c’est-à-dire qu’en République de Guinée, l’opérateur fera publier dans les médias, les taux, barèmes et modalités de ses augmentations et, ces augmentations doivent être publiées au moins 30 jours avant leur date d’entrée en vigueur ; donc le message était très opaque. Toute chose qui nous avait poussés à porter plainte contre orange guinée auprès du Régulateur l’ARPT (autorité de régulation des postes et télécommunication) pour que le consommateur soit rétabli dans ses droits.

Vous aviez introduit votre plainte auprès de cette instance de régulation, quelle a été sa réaction ?

MB : vous savez, l’ARPT ne nous avait même pas répondu. Il a fallu donc qu’on aille sur les ondes des médias pour dénoncer pour que la société prenne l’initiative de revenir à des meilleurs sentiments. Parce qu’elle avait (la société orage-guinée) décidé de défendre pour qu’on rentre en contact avec l’ARPT. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, l’intervention de notre union s’intéresse aux violations des conventions des cahiers de charge de toutes les sociétés de téléphonie mobile. Parce que, les violations des conventions des cahiers de charge constituent également des violations flagrantes et délibérées des droits des consommateurs. Ce sont des conventions qui garantissent ici le droit des consommateurs. Si les articles importants sont violés, nous entant que défenseurs, il est temps qu’on se lève et mobilise tous nos moyens et forces conformément aux dispositions juridiques afin que le consommateur
soit rétabli dans ses droits les plus légitimes. On a écrit plusieurs fois à l’ARPT pour lui signaler ces genres de violation. Mais tout ce que nous avons eu, c’est le silence et des violations répétées au préjudice des consommateurs. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous venons vers les médias pour éclairer la lanterne du public guinéen sur l’ensemble des violations causées aux usagers de la téléphonie mobile. Il y a en Guinée un Conseil National des Postes et Télécommunications qui est l’organe suprême c’est-à-dire l’organe délibérant et décisionnel en Guinée en la matière mais, un organe qui n’a jamais pris une décision pour au moins protéger les consommateurs.

On s’adresse à un citoyen lamda qui utilise l’un des réseaux téléphoniques en Guinée mais qui ne connait ni ses droits ni ses devoirs en la matière. Eclairez un peu la lanterne de ce citoyen ?

MB : vous savez, le droit du consommateur d’abord c’est le droit à l’information. Il a droit à l’information, à la formation, à la sécurité, au choix etc. et donc, il ya plusieurs droits qui sont définis pour la défense du consommateur. Donc c’est pour dire qu’aujourd’hui, ces conventions doivent nous permettre de défendre les consommateurs. Et dès qu’on constate qu’une partie est violée, notre union va attirer l’attention de chacun et de tous et voie même porter à la connaissance de tous les médias pour qu’à leur tour, qu’ils puissent bien informer les populations.
En matière de la couverture du territoire national par exemple, l’article 4, dans 3 ans en principe, tous les opérateurs qui ont signé une convention de concession avec l’Etat guinéen, ils doivent couvrir le territoire national. Mais aujourd’hui ce n’est pas. Le consommateur est complètement pénalisé et bloqué parce que s’il a un correspondant dans la zone non couverte, il ne peut pas l’appelé. Donc ça lui fait perdre non seulement en termes de temps, en termes d’argent et plusieurs moyens. Imaginez-vous que l’autorité de régulation se permet aussi de faire souvent des classements pour dire tel opérateur se trouve à telle couverture du territoire alors que ce travail devait se faire depuis trois ans d’installation de chaque opérateur téléphonie mobile.
Je vais vous lire cet article 4 des conventions. Obligation de couverture du territoire national : « le concessionnaire est soumis à l’obligation de couvrir en territoire et population, l’intégralité des agglomérations principales, des axes routiers, ferroviaires principaux à compter de la date d’entrée en vigueur de la présente convention des licences tel que prévu à l’article 24 ci-dessous suivant le programme ci-après : Etape, toutes les préfectures comprenant plus de 100. 000 habitants au cours de la première année issue de l’ouverture commerciale de réseau. Etape2 : toutes les préfectures ayant au moins 100.000 habitants dans un délai de deux ans à compter de la fin de l’étape 1. Le concessionnaire s’engage, qu’il a des capacités techniques et financières nécessaires pour accomplir cette mission. Voilà cet article, et lorsque vous l’interprétez et vous allez voir qu’il y a des violations flagrantes.
Parce qu’il y a plusieurs préfectures qui regorgent un nombre important de populations qui ne sont pas du tout couvertes par les réseaux téléphoniques. Quel est le réseau qui couvre l’ensemble du territoire national à commencer par la société étatique ? Ça n’existe pas. Cela veut dire qu’ils ne sont pas en train de faire une déclaration claire aux consommateurs que nous sommes. Il faut qu’un explique aux consommateurs un chronogramme clair pour dire écoutez, de telle période à telle autre, nous allons faire la couverture de telle localité. Donc conformément à des déclarations de ce genre, le consommateur aura une information claire et il pourra comprendre comment communiquer à un correspondant de la localité à couvrir par le réseau, ça c’est un premier aspect de la situation, le deuxième aspect est relatif au problème d’augmentation des tarifs de communication, un élément très important à nos yeux. Il
n’est de secret pour personne aujourd’hui qu’en 2010, il y a eu une augmentation exponentielle des tarifs de communication sans raison aucune. Et à l’époque, ils avaient accusé l’inflation en disant « il y a l’inflation donc il faut forcement augmenter les tarifs de communication. Conformément aux dispositions des conventions et des concessions de licences, il est clairement dit par rapport à la liberté de fixation des prix que : « conformément aux cahiers de charge, le concessionnaire sera libre de fixer les tarifs à tous les services qu’il offre au public et ce, en fonction de sa stratégie commerciale. Dans le cadre d’une augmentation, il ne pourrait consister qu’à baliser une inflation ou dévaluation monétaire en soumettant ses nouveaux tarifs à l’organe de Régulation 30 jours avant leur entrée en vigueur. C’est pour toutes ces raisons que nous avons demandé une diminution 40 %. Car au jour
d’aujourd’hui, selon un communiqué de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) qui a été publié dans un journal de la place, il est dit que le taux d’inflation est de 17, 1% contre 21% en 2011. Cela veut dire de 2010 en 2012, il y a eu d’importantes diminutions du taux d’inflation. Et s’il y a eu la diminution au niveau du taux d’inflation, il faut que les tarifs de communication aussi baissent. C’est pour toutes ces raisons que nous nous disons qu’il y a une violation parce qu’on a un droit qui est là et, ce droit doit être forcement défendu.
En ce qui concerne le contrat entre consommateurs et opérateurs de téléphonie, il y a de graves violations. Imagiez-vous si vous restez par exemple en communication et votre réseau se coupe indépendamment de votre volonté. Qu’est ce que la société préconise au cas où, il y a 30mn de perturbation du réseau ou 1heure ? Voilà l’un des volets du contrat de consommateur prévus dans les cahiers de charge.

La facturation s’effectue-t-elle aujourd’hui à la seconde ou à la minute, selon vous ?

MB : nous ne pouvons dire que les sociétés de téléphonie mobile font des forfaits tronqués. Parce qu’il y a très longtemps nous revendiquons par rapport à ce sujet. On en a sciemment dénoncé mais sans suite. Nos revendications tournent autour de 4 points à savoir : 1- nous avons demandé au Régulateur qu’il demande à tous les opérateurs de payer 20 ou 30.000fg sous forme de carte de recharge ou en espèce à tous les abonnés comme dommage et intérêts causés lors des perturbations des réseaux. Il y a aussi le cas de l’offre générale. En principe, on devait nous dire tout cela et, voilà les conditions à imposer. Mais ils n’en ont pas du parlé et après tout, ils demandent aux abonnés de fournir les pièces d’identité que les gens avaient déposé sous le soleil ardent. C’est à cause de cela que nous avons demandé depuis le mois de janvier que les consommateurs soient rétablis dans leurs droits. 2- nous avons
demandé le respect de la facturation à la seconde. Aujourd’hui, tout le monde est d’accord que ce point est loin d’être respecté. 3- nous avons demandé aussi l’activation de bupe à partir de 5fg et l’appel à partir de 10fg. C’est-à-dire quand vous avez au moins 5fg de crédits que vous puissiez faire un bipe et avec 10fg que vous appeliez ou dire allo avec tous les opérateurs. 4- nous avons demandé la diminution de 40% des tarifs et cela, est un élément clef de notre revendication parce qu’on ne va plus acceptez qu’on continue à travailler avec les opérateurs de téléphonie dans l’opacité totale. Et dans tout cela, l’autorité de régulation n’a dit un mot et c’est qui fait que d’ailleurs nous continuons à protester. Il faut que nous soyons rétablis dans nos droits parce que c’est des violations flagrantes.

Quels sont vos garde-fous ?

MB: les garde-fous qu’on a, d’abord en matière de défense des consommateurs on se conforme aux dispositions juridiques du pays. La loi fondamentale qui est l’actuelle Constitution prévoit que lorsque qu’une entité légalement constituée a des problèmes, il a des moyens de se faire entendre. L’un des moyens que l’UDCG a, c’est d’abord de saisir les organes régulateurs. Et on est en tarin de les saisir progressivement. L’ARPT est saisie et nous allons vers le Conseil National de Régulation des Postes et Télécommunications qu’on n’arrive pas pour l’instant à localiser. Au cas où toutes ces instances n’arrivent pas à réagir, nous allons saisir le gouvernement et pourquoi pas le Président de la République. Notre lutte est bien pour la défense des citoyens donc il n’est pas exclu qu’on rencontre le chef de l’Eta. Mais bien avant tout cela, nous avons des actions intermédiaires, celle de communiquer à
travers les médias pour que tous les consommateurs sachent que les opérateurs de téléphonie sont en train de causer comme dégâts. On est plus dans une période d’inflation.

 

On nous fait croire que dans la sous région, c’est seulement en Guinée où la tarification coute moins cher ?

MB : je m’oppose catégoriquement à cette affirmation. Car pour apprécier la parité d’une monnaie, on tient compte du pouvoir d’achat du citoyen et de revenu. Aujourd’hui lorsqu’un guinéen se compare à un autre citoyen d’un autre pays quelconque, cela devient une comparaison erronée. Moi je dis contrairement à ceux qui disent c’est en Guinée où le prix de la communication téléphonique est plus bas, que les opérateurs de téléphonie s’enrichissent sur le dos des pauvres populations guinéennes. Ils ont beaucoup plus d’avantages en Guinée qu’ailleurs. On se pose la question de savoir pourquoi ils n’ont fermé ici et aller ailleurs? Parce qu’ils ont tous les moyens de couvrir leurs charges. Prenez le salaire d’un travail guinéen qu’il soit du privé ou du public, vous calculez le prix de la communication téléphonique par mois, vous verrez qu’une bonne partie de son salaire va dans la communication. Au Sénégal par exemple, 100 FCFA peuvent avoir quelle sorte de bien ? Ensuite vous faites une comparaison, en Guinée 100fg gagnent quoi. Si on vous demande aujourd’hui quel est le revenu par tête d’habitants par an. La plupart des guinéens n’a pas au moins 600 ou 700 dollars US. Voilà des comparaisons qu’il faut faire en terme de revenu avant de dire c’est plus bas ici qu’ailleurs.

Quels messages avez-vous à l’endroit des consommateurs que vous défendez et des opérateurs de téléphonie ?

MB : tout d’abord, nous demandons aux consommateurs de se réveiller. Qu’ils sachent qu’ils ont des obligations de s’informer à tout instant. Ensuite, ils doivent adhérer à des associations de consommateurs. Car un consommateur individuellement pris devant un opérateur ne représente rien. C’est ce qui fait que plusieurs personnes disent qu’ils ont des problèmes parce qu’ils agissent solitairement.
Par rapport aux opérateurs, le message est simple. Nous leur demandons de diminuer les tarifs de communication à 40%. Parce qu’on ne peut plus accepter que les consommateurs continuent à être brimés dans leurs droits.
A l’ARPT d’assumer ses responsabilité. Et qu’elle retienne que le silence ne peut pas résoudre ce problème. Mieux vaut qu’elle se mette au travail. Parce que désormais, aucune personne ne pourra endormir la conscience des consommateurs en Guinée.

Monsieur le président de l’UDCG merci !

Merci également à vous !

Propos recueillis par Mohamed Conté

Source: guineelive.com

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