orascom_telecom_sawiris
orascom_telecom_sawirisS’estimant lésé dans la vente de Djeezy, l’Égyptien réclame 5 milliards de dollars de dommages à Alger. SFR, Telecom Italia: on prête à Naguib Sawiris, le magnat égyptien des télécoms, l’intention d’investir lourdement en Europe. Il a les moyens de ses ambitions. En 2011, il a vendu 51,7% de son empire, Orascom Telecom, au géant russo-norvégien Vimpelcom, empochant 1,3 milliard d’euros en cash, plus une participation de 20 % dans Vimpelcom, part évaluée alors 3,5 milliards et qu’il a revendue début septembre ; réalisant au passage une très bonne affaire.

L’histoire est autre en Algérie, où il détient l’opérateur algérien Djeezy, dont la vente a été bloquée par le gouvernement. Sa société Weather Investments II a décidé d’intenter une procédure d’arbitrage international et demande 5 milliards de dollars de dommages à Alger. «Peu importe le temps que cela prendra, j’en fais une question de principe», affirme Naguib Sawiris.

C’est en juillet 2001 que Naguib Sawiris remporte la deuxième licence de téléphonie mobile en Algérie, lors d’un appel d’offres public, pour un montant de 737 millions de dollars. Il crée Djeezy, devenu le premier opérateur mobile du pays avec 16 millions de clients. Alors que le géant sud-africain NTN lui aurait proposé 7 milliards de dollars pour Djeezy, le gouvernement algérien fait échouer la transaction en décidant d’exercer son droit de préemption.

«Le gouvernement nous reproche d’avoir acheté la licence 737 millions de dollars et d’avoir ensuite gagné beaucoup d’argent, environ 800 millions de dollars par an. Mais à l’époque, c’était la guerre, personne ne voulait investir. J’étais le seul. Tout le monde me disait que j’étais fou, relate l’homme d’affaire égyptien. Par pure jalousie, et pour des considérations politiques, le gouvernement algérien m’a fait perdre beaucoup. Ils m’ont empêché d’importer les marchandises dont j’avais besoin pour la société, interdit de rapatrier mes dividendes et de faire de la publicité sur les télévisions publiques, ils ont puni les banques qui me finançaient. Ce n’est pas une manière de traiter des investisseurs étrangers. J’étais en train de construire le premier grand opérateur arabe global. Le gouvernement algérien a fait échouer mon rêve.»

Naguib Sawiris estime ne rien avoir à se reprocher, rappelant que son groupe «a investi en Algérie 5 milliards de dollars en infrastructures, versé des milliards de dollars de taxes et créé 24.000 emplois».
Bâtir un nouvel empire

Amoureux de la France, fait chevalier de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy, Naguib Sawiris, 58 ans, est l’aîné d’une famille égyptienne appartenant à la minorité chrétienne copte. Une dynastie aussi connue en Égypte que les ­Rockefeller. Son cadet, Samih, règne sur le secteur du tourisme, tandis que le benjamin, Nassef, a repris le BTP, branche originelle du groupe créé par leur père. C’est lui qui, en décembre 2007, a cédé son activité cimentière au français Lafarge. Naguib s’est forgé une réputation dans les télécoms pour son goût du risque et sa ténacité: il a créé son empire, Orascom Telecom, en investissant dans des pays à risque comme l’Irak, la Corée du Nord ou l’Algérie. Mais il a également investi en 2005 dans Wind, très endetté, devenu numéro trois en Italie. Tout cela a été revendu en 2011 à Vimpelcom. En Égypte, il a cédé ses parts dans MobiNil à son partenaire France Télécom, après trois ans de disputes devant les tribunaux. Depuis les révolutions arabes, Naguib Sawiris s’est investi en politique. Il a fondé le Parti des Égyptiens libres, qui se bat en faveur de la laïcité au sein du Parlement dominé par les islamistes. Businessman avant tout, il pourrait être tenté de rebâtir un nouvel empire.

Source: lefigaro.fr

Laisser un commentaire