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tlphone_solaireTout le monde se met au mobile photovoltaïque, gain de temps et d’argent pour de nombreux habitants du Sud. Reste à le rendre véritablement vert. Demande, rentabilité et technologie : le solaire promet d’être l’avenir des téléphones portables dans les pays du Sud . Le Congrès mondial de la téléphonie mobile qui vient de se tenir à Barcelone a fait la part belle aux cellulaires solaires. Tout le monde est en train de s’y mettre. Mais malgré les apparences, ces téléphones sont loin d’être verts.

En Ouganda, le Kasana phone vient de sortir. Il est le résultat d’une collaboration avec les Chinois, parmi les premiers à avoir conçu un téléphone solaire. L’opérateur kenyan Safaricom a lancé son Simu ya solar, le téléphone du soleil. En Suisse, l’entreprise neuchâteloise Goldinc propose des capteurs solaires pour mobiles. Même une marque d’habits s’y est mis.

Et les ventes suivent. Serge Girardin, patron de Goldinc, se réjouit : « Nos produits se vendent très bien en Afrique. » Au Kenya, les Simu ya solar s’écoulent comme des petits pains. Selon le PDG de Safaricom, Michael Joseph, les clients ne sont pas seulement les habitants des régions rurales, les jeunes en général sont très demandeurs.

Ce n’est qu’un début car pour les opérateurs, le solaire est très rentable. Selon un rapport de l’association GSM World, 30% des gens qui n’ont pas accès à l’électricité ont un portable. Un habitant de Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, capitale du Kenya, dépense 3 dollars par mois pour recharger son portable auprès des innombrables charging points de la rue, ce qui représente un tiers des dépenses liées à son natel. L’électricité, dans certains pays, est chère. Et dans les régions rurales, les prises électriques sont rares. Pour économiser, les habitants de Kibera éteignent leur appareil la plupart du temps et donc l’utilisent moins. La journée, ils coupent aussi volontiers le courant.

Davantage d’appels

Les nouveaux portables solaires coûtent donc moins cher (plus besoin d’électricité) et permettent de gagner du temps (plus besoin de se déplacer pour trouver de l’électricité). Les téléphones solaires deviennent aussi plus rentables pour les opérateurs. Débarrassés de ces contraintes, les utilisateurs peuvent consacrer plus d’argent aux conversations ou aux sms. Une étude faite à Madagascar confirme : les batteries solaires triplent le temps de conversation sur mobile : de 30 secondes à 1,5 minute par jour. Et GSM World de conclure : « Cela représente une opportunité de marché de 2,3 milliards de dollars pour les opérateurs. »

Pour Serge Girardin, le solaire convient parfaitement aux mobiles basiques, ceux qui permettent de parler et d’envoyer des sms. « Les smartphones demandent trop d’énergie et ils résistent moins bien au soleil. » En Suisse, en revanche, les portables solaires se vendent difficilement. « Le concept est taillé pour les pays du Sud, plus ensoleillés, moins servis en électricité et moins riches. »

D’autres ne sont pas d’accord : les Sud-Coréens de Samsung electronics ont sorti le smartphone Blue Earth qui cherche à séduire les marchés du Nord. « Une heure de soleil permet 25 minutes de conversation », promet l’opérateur. Ses détracteurs, eux, estiment que les cellules photovoltaïques ne constituent qu’un appoint dans le chargement de sa batterie. « Impossible de se passer complètement du chargeur électrique. »

Pas si vert

Reste à savoir si le téléphone solaire est vraiment écologique. Des centaines de millions de natels sont jetés à la poubelle chaque année ­ solaires ou pas. Windsor Holden, de la firme d’analyse de télécommunication Juniper Research s’est confié à Reuters : en moyenne, dit-il, on émet l’équivalent de 25 kg de CO2 chaque année en utilisant son natel. Soit tous ensemble 100 mégatonnes de CO2 par an. L’électricité consommée par la recharge des mobiles contribue seulement à une fraction de ces émissions.

Nicolas de Roten travaille pour Greenpeace à Genève : « Plus que le solaire, il faut regarder les conditions de fabrication au niveau énergétique et les composants chimiques des appareils. » Blue Earth, à nouveau, fait un pas dans la direction écologique : il est composé de 80% de matériaux recyclés, sa coque est faite à 40% avec du maïs et il ne contient pas de béryllium ou de phtalate, des substances nocives généralement présentes dans les téléphones. Serge Girardin dit suivre les normes européennes ROHS qui limitent l’utilisation de substances dangereuses comme le plomb, le cadmium ou le mercure. En Afrique ou en Asie, rien ne dit que les mobiles solaires respectent des normes. Il ne suffit pas d’être solaire pour être vert.

[readon1 url=”http://www.droitshumains-geneve.info”]Source :droitshumains-geneve.info[/readon1]


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