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europe_telecomLes patrons de Vivendi, Alcatel et Deutsche Telekom plaident devant la commissaire européenne Neelie Kroes pour une réglementation assouplie afin de développer le haut débit. Moins de régulation pour accélérer le déploiement du très haut débit en Europe , quitte à froisser les défenseurs de la Net neutralité. C’est en substance ce qu’ont plaidé trois hauts dirigeants des télécoms en Europe devant la Commission mercredi. Lors d’une table ronde réunissant à Bruxelles une trentaine de patrons, à l’initiative de Neelie Kroes, la commissaire en charge de « l’agenda numérique 2020 » de l’UE, Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi (SFR), Ben Verwaayen, le directeur général d’Alcatel-Lucent et René Obermann celui de Deutsche Telekom, ont présenté onze propositions assez polémiques. La rencontre, qui a rassemblé « la fine fleur de l’industrie européenne du numérique », s’est « formidablement mieux passée que l’on ne pensait » confie Jean-Bernard Lévy à « La Tribune ».

Internet à la demande

Afin d’atteindre les objectifs ambitieux de Bruxelles en matière de très haut débit à l’horizon 2020, à savoir 100 % des foyers ayant accès à 30 Mégabits au moins, la moitié étant abonnés à du 100 Mb, les trois patrons des télécoms pressent notamment l’Europe « d’encourager la différenciation en matière de gestion du trafic ». En clair, il s’agit de laisser les opérateurs donner la priorité à certains services ou contenus si les consommateurs sont prêts à payer pour bénéficier d’un accès plus rapide « ou d’une moindre latence, ce qui est capital dans le jeu vidéo », souligne le patron de Vivendi (dont la filiale Activision édite le jeu « World of Warcraft »). C’est officialiser l’existence d’un Internet à plusieurs vitesses, avec un service de base sans débit garanti. Autre proposition détonante, « les modèles économiques peuvent être bifaces, basés sur des accords commerciaux qui respectent les principes d’ouverture et de non-discrimination anticoncurrentielle ». Concrètement, un acteur comme Google souhaitant que les vidéos sur son site YouTube soient visibles sans délai de chargement ni images qui se figent peut payer un opérateur pour obtenir un meilleur service, contribuant ainsi indirectement au financement du réseau. De tels accords « existent mais sont tolérés, il faut que le modèle soit reconnu », plaide le patron de Vivendi. Autre point défendu : « les effets d’échelle étant une tendance forte du marché », l’Europe devra soutenir les éventuelles « fusions transfrontalières », sa compétitivité étant en jeu.

S’il y a « des nuances et non l’unanimité sur tous les points », il relève que « les opérateurs historiques ont accepté la promotion du co-investissement et les alternatifs n’ont pas demandé le dégroupage de la fibre ». Et Jean-Bernard Lévy de se féliciter d’« un degré de consensus remarquable et inattendu entre ces acteurs de toute la chaîne de valeur, opérateurs, fabricants, agrégateurs, éditeurs de chaînes, etc », dont France Télécome;lécom, la BBC, Mediaset, Google, RIM, Akamai, etc. Une vision que ne partage pas Neelie Kroes : « cette catharsis parfois douloureuse n’a pas débouché sur un consensus sur les principes présentés par les coordinateurs », a-t-elle déclaré à l’issue de la rencontre. La Commission, qui propose d’allouer 9,2 milliards d’euros pour soutenir les investissements dans le très haut débit entre 2014 et 2020, « prendra en compte les points de vue exprimés » a-t-elle assuré.

[readon1 url=”http://www.latribune.fr”]Source :latribune.fr [/readon1]

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