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maroc_telecom_secteurIl y a quelques jours- en lien avec la période des fêtes- l’encombrement, la lenteur et les coupures des réseaux de télécoms faisaient bien des mécontents parmi les usagers. Si la situation s’est tassée depuis, les clients ne saisissent pas forcément les raisons de tels déréglements. C’est que, depuis quelques années, les opérateurs de leur côté vivent une situation marquée par une baisse des tarifs compensée par l’augmentation des parcs mobile et internet notamment. Une nouvelle donne qui explique largement les incidents d’encombrement des réseaux et qui incite les opérateurs à engager des investissements colossaux pour accompagner le changement de comportement des clients. «Les clients s’adaptent très vite aux nouvelles offres. Selon chaque segment, nous avons remarqué un changement de comportement important dans les habitudes de consommation. Les télécoms sont l’un des rares secteurs au Maroc où les prix baissent régulièrement. Les Marocains l’ont bien compris et augmentent leur consommation», nous confirme Mohamed El Mandjra, DG de Méditel, qui pour se différencier de la concurrence, a adopté pour une approche segmentée. «L’ère de l’offre unique pour tous est dépassée, Méditel fait entrer ses clients dans un monde où chacun trouve une offre adaptée à son besoin», enchaîne-t-il. Concurrence oblige. Les opérateurs sont de plus en plus engagés à introduire des changements tant au niveau des moyens technologiques, que des offres et des prix. Certes, chacun des acteurs adopte son propre modèle économique, mais la dynamique de la baisse des prix est bien huilée, comme en témoignent les statistiques de l’ANRT (Agence nationale de règlementation des télécommunications) à fin juin 2012. En effet, pour le mobile, la tendance baissière des prix mesurée par le revenu moyen par minute (ARPM) se poursuit. Cet indicateur est passé de 0,78 DHHT/min à fin juin 2011 à 0,62 DHHT/min à fin juin 2012 marquant ainsi une baisse de 21%. Quant à l’usage moyen sortant mensuel par client mobile, il s’est apprécié entre fin juin 2011 et fin juin 2012, en passant de 58 à 67 minutes/client/mois, marquant ainsi une croissance de l’usage moyen sortant mensuel par client mobile de 16%. L’ARPM fixe n’est pas en reste. Il a baissé de 11% à 0,84 DHHT/min à fin juin 2012.

Quant à la facture moyenne mensuelle par client Internet, elle s’est repliée de 28% à 54 DHHT/mois/client. Idem pour celles de l’internet 3G et de l’ADSL, qui ont accusé des régressions respectives de 31 et 5%. Toutefois, notons que la variable prix est scrupuleusement suivie afin de maintenir les fondamentaux économiques et financiers à l’équilibre. «Lorsque l’environnement le permet, à savoir la règlementation des tarifs d’interconnexion ou les gains de productivité, Méditel répercute sur les tarifs les économies réalisées. La concurrence est aussi un facteur qui engendre la baisse des prix, dans ce cas, Méditel ne se positionne pas sur la guerre des prix, car il y a un seuil de prix au-dessous duquel le renouvellement des investissements notamment d’infrastructures, ne peut être assuré, et à moyen terme cela va à l’encontre des clients et du secteur en général», indique El Mandjra. En outre, lorsque la baisse des prix ne s’accompagne pas d’une augmentation significative de l’usage qui permet de compenser la baisse des revenus, les investissements peuvent aussi baisser et impacter le service. Des situations incitant de plus en plus Maroc Telecom, qui subit de plein fouet la baisse des tarifs sur les segments mobile, fixe et internet, à opérer des arbitrages difficiles pour pouvoir maintenir le cap.

Concurrence oblige

Dans un contexte sectoriel fortement concurrentiel, Itissalat Al-Maghrib (IAM) se doit de poursuivre sa politique de baisse des prix sur le mobile, qui devrait néanmoins être moins soutenue que celle constatée sur les derniers mois, comme le soulignait le top management du groupe télécom, lors de la présentation des résultats semestriels. Sur le segment du fixe, IAM devrait également subir durant le deuxième semestre 2012, le plein impact de la baisse des tarifs (pouvant aller jusqu’à 83%) entrée en vigueur au cours du mois de mai 2012, et qui devrait influer négativement sur le chiffre d’affaires global. Un repli qui devrait être compensé par la bonne tenue de l’activité des filiales africaines. En effet, le groupe table au niveau international sur une stabilisation de l’environnement concurrentiel, ainsi que sur une hausse des revenus dans tous les pays qu’il a pénétrés. La montée en puissance escomptée des filiales africaines à partir de 2014, devrait contribuer au redressement du niveau des marges du groupe. Celles-ci devraient d’ailleurs se réduire au terme de 2012, autant à cause de l’accentuation de la baisse des tarifs d’interconnexion que par la comptabilisation de la provision pour restructuration de 800 MDH et ce, suite à une opération de départs volontaires, qui devrait permettre à l’opérateur historique de réduire sensiblement sa masse salariale. Ceci pour dire qu’IAM est bien engagé dans une stratégie de compression des charges d’exploitation.

Sur le plan stratégique, Maroc Telecom serait toujours dans l’attente de l’annonce par le régulateur du cahier des charges relatif à la 4G et à l’affût de toute opportunité de croissance externe durant les prochains mois, soit à travers l’obtention de nouvelles licences, soit à travers l’acquisition de réseaux d’opérateurs. Chez Wana Corporation, l’approche est toute autre. Il construit toute sa stratégie sur le principe de la facturation à la seconde. «Nous restons sereins, car grâce au paiement à la seconde, valable sur toutes nos offres et nos promotions, le client ne paie que ce qu’il consomme et en plus il le sait grâce à la notification gratuite du solde après chacun de ses appels. Ces éléments clés sont dans notre ADN et nous les maintiendrons tout en étant créatifs», répond le management de la société, qui a vu ses parts de marché s’améliorer progressivement, au détriment des deux autres opérateurs. En effet, pour le marché du mobile, Wana Corporation détient 22,99% des parts, contre 46,45% pour IAM et 30,56% pour Méditel. Au niveau du fixe, l’opérateur Wana Corporate contrôle 63,12% du parc, suivi d’IAM avec 36,16% et de Médi Telecom avec 0,72%, alors que dans l’internet 3G, IAM détient 53,6% des parts de marché suivi de Méditel avec 29,74% et de Wana Corporate avec 16,66%. En somme, la concurrence est à couteaux tirés. Chacun des trois opérateurs est en train d’affûter ses armes pour consolider ses acquis et garantir la viabilité de son modèle économique, dans un marché où la croissance des revenus dépendrait, in fine, de trois principaux critères, à savoir la technologie, la qualité des services offerts et la couverture réseau.

Mohamed El Mandjra,
DG de Méditel.

«Le temps des discussions chronomètre en main est révolu….»

Les Échos quotidien : En adoptant une approche segmentée, avez-vous senti un changement dans le comportement des clients ?

Mohamed El Mandjira : Les clients s’adaptent très vite aux nouvelles offres. Par exemple, pour Méditel Jahiz Mix, qui vise les jeunes, nous avons noté une utilisation très importante des SMS et de l’internet sur mobile. La seconde offre, Méditel Jahiz Alo, destinée aux clients qui se soucient de leur consommation, beaucoup de clients ont été sensibles au tarif à la seconde et à la recharge 1dh, et donc se rendent moins souvent à la téléboutique après la souscription à cette offre. En ce qui concerne Méditel Jahiz Plus, elle s’adresse à des clients plutôt en recherche de liberté et de générosité dans leurs appels. Pour ces clients, plus ils parlent plus ils ont de la gratuité et nous notons une libération des usages téléphoniques. Nos clients parlent beaucoup plus sans payer plus cher.

Qu’en est-il des clients post-payés ?

En ce qui concerne nos clients abonnés postpayés, nous observons un comportement d’abondance très marqué, pour la plupart ce ces clients, l’usage des numéros illimités est extrêmement développé. Il n’est pas rare de voir des consommations dépassant les 20 heures vers une ou deux destinations ! Le temps des discussions chronomètre en main est révolu….

Avez-vous une idée sur le nombre de clients à drainer grâce à ces offres ?

Les chiffres progressent mieux que ce qui était prévu dans nos plans. Nous en sommes satisfaits, cependant, nous prenons le temps d’analyser les attitudes de consommation, nous sommes précurseurs sur cette stratégie de segmentation et il y a des efforts d’information et d’accompagnement du marché qui sont nécessaires.

Source: lesechos.ma

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