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nigeria_nitelSur Victoria Island trônent les Mike Adenuga Towers, un ensemble immobilier connu du Tout-Lagos. Difficile de ne pas remarquer les imposantes sculptures de taureaux, le marbre scintillant et le verre fumé à la gloire d’une “success story made in Naija”. La rue adjacente porte aussi le nom de Mike Adenuga. Pour ses compatriotes, il est “gold digger”, le chercheur d’or. A 57 ans, l’homme d’affaires figure parmi les plus grosses fortunes du pays. Discret, peu bavard et travailleur impénitent, il accepte les rendez-vous avant de les annuler faute de temps.

Dans le sillage d’un empire bâti sur la scierie familiale et une diversification dans le BTP, l’aviation, le pétrole et la banque, Mike Adenuga est devenu le champion de la téléphonie mobile. Lancée en 2003, sa société, Globacom Limited, ou “Glo” pour le commun des Nigérians, inscrit ses trois lettres partout. A chaque carrefour, sur les parasols, les banderoles et les estrades du moindre stade de foot. Deuxième opérateur GSM du pays avec 26,9% de parts de marché, derrière MTN Nigeria Ltd (filiale de l’opérateur sud-africain Mobile Telecommunication Network), Glo évolue sur un marché en plein essor dans la patrie du tout-pétrole. Partie de 0,3% du PIB en 2000, sa contribution est aujourd’hui proche de 3,5%. Les 150 millions de Nigérians sans téléphone sont avides de communiquer. Jusqu’en 2000, seuls quatre habitants sur mille avaient accès à une ligne téléphonique. “Pour parler à quelqu’un, il fallait se déplacer”, ironise Dele Olojede, le directeur du quotidien Next. La petite histoire veut que lors du voyage officiel de Jacques Chirac en 1999, son entourage avait commandé des portables à la société nationale de téléphonie Nitel, qui n’avaient jamais fonctionné.

Les télécoms ont créé 15.000 emplois directs

Depuis, le marché a explosé. En six mois d’activité, l’opérateur MTN a conquis plus d’un million d’abonnés malgré ses tarifs exorbitants. Globacom joue l’audace : tarification à la seconde, puce à bas prix, Internet mobile, SMS vocal et contrat avec l’équipementier français Alcatel-Lucent pour la fourniture d’un réseau national de fixes et mobiles. Un sponsoring à tout-va a été mis en place. “Avec un marketing offensif et des investissements massifs, ils ont imposé leurs règles au marché et les autres opérateurs ont été contraints de s’aligner”, analyse Titi Omo-Ettu, responsable de l’Association des entreprises de téléphonie du Nigeria (Atcom).

Le portable est devenu un must. Des vendeurs ambulants aux hommes d’affaires, chacun exhibe un cellulaire, quand ce n’est pas deux, voire trois. En quelques années, les télécoms ont créé 15.000 emplois directs et des milliers d’activités indirectes. Une carte SIM ne coûte que 400 nairas (environ 2 euros). Les offres ne cessent de se diversifier: trafic et résultats sportifs par SMS, paiements… En sept ans, Globacom s’est fait un nom auprès de quelque 20 millions d’usagés sur les 83 millions répertoriés dans l’ensemble du pays. Montant des profits? Olabode Opeseitan, chargé des relations publiques du groupe, élude la question. “Tout ce que je sais, c’est que nous n’avons pas été frappés par la crise économique mondiale.”

Fort de son succès au Nigeria, le groupe a franchi les frontières et opère au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Glo vise le leadership du marché en Afrique. Osé mais pas impossible, de nombreux pays ne sont équipés qu’à 50 %. A condition d’améliorer la qualité des services. “Les communications sont souvent brouillées et les réseaux saturés pendant des heures. La ligne fixe reste le moyen le plus sûr et le moins onéreux de communiquer”, relève un ingénieur. Qu’à cela ne tienne. Avec la construction de Glo-1, un câble à fibre optique reliant le Nigeria à l’Europe, Mike Adenuga espère réduire la facture téléphonique et numérique.

[readon1 url=”http://www.lejdd.fr”]Source :lejdd.fr[/readon1]

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