france-telecom-stress
france-telecom-stressLes 102.000 employés du groupe vont recevoir lundi un long questionnaire concernant le stress et les conditions de travail. Les résultats de l’enquête seront connus début décembre.
Lundi matin, quelques jours après un 25e suicide chez France Télécom, les 102.000 salariés du groupe recevront un questionnaire de 170 questions – dont lefigaro.fr a eu connaissance – concernant le stress et les conditions de travail. Objectif: leur laisser la parole aux salariés et avancer, très rapidement, vers la construction d’un «nouveau» France Télécom.

Il aura fallu une dizaine de réunions à la direction de France Télécom, aux syndicats, à la médecine du travail et à Technologia, un cabinet spécialisé en évaluation et prévention des risques professionnels et de l’environnement, pour élaborer un questionnaire à l’adresse des salariés.

Celui-ci débute par une cinquantaine de questions d’ordre général – s’inspirant du questionnaire Karasek, du nom du sociologue nord-américain et du modèle du sociologue suisse de Siegrist, -, de la charge de travail à la reconnaissance en passant par le sens du travail et l’autonomie.

Viennent ensuite 120 questions adaptées spécifiquement au «cas» France Télécom: un groupe comprenant deux tiers de fonctionnaires – liés par un devoir d’obéissance – et une diversité de métiers considérable.

Mesurer les conséquences du changement de statut

Entrée dans le vif du sujet avec des questions liées à la «mobilité fonctionnelle et géographique»: nombre de changements de poste en cinq ans ? Etaient-ils souhaités ? Ont-ils donné lieu à des déménagements ?

L’item «relation managériale» aborde la question de la prise de décision: le responsable décide-t-il seul ? Les salariés estiment-il que ce responsable est lui-même contraint dans ses décisions ? Enfin, est-il «aussi exigeant envers lui-même qu’envers ses salariés ?».

La rubrique «l’environnement France Télécom et la communication d’entreprise» mettra à coup sûr en évidence le fossé entre les préoccupations de l’opérateur télécoms, groupe international et celle de ses salariés au quotidien. Sont-ils intéressés par la place du groupe et son évolution dans l’environnement des télécommunications, interroge le questionnaire ? Sont-ils fiers d’appartenir au groupe ?

Sur l’ambiance de travail et la pénibilité, et sur les questions de santé en général, le questionnaire entend mesurer les conséquences du changement de statut du groupe: comment l’ambiance de travail, la santé des salariés et la fréquence des arrêts de travail ont-ils évolué en cinq ans ? Rappelons que c’est en septembre 2004 que l’État français a cédé une partie de ses actions pour passer en-dessous de la barre des 50 %, France Télécom devenant alors une entreprise privée.

Après un point sur les violences et intimidations, le dernier volet aborde la situation psychologique des salariés en les interrogeant sur un passé récent, pour évaluer leur état émotionnel: se sentent-ils «désespérés en pensant à l’avenir», pleurent-t-il facilement, ont-ils des trous de mémoire, des peurs, des craintes…

A la recherche d’une réponse organisationelle et collective

Et après ? Le cabinet Technologia remettra les résultats de l’enquête menée dans la semaine du 30 novembre. Précisons que ce questionnaire n’est qu’un volet de la mission menée par le cabinet chez France Télécom. Technologia, choisi le 19 octobre par les syndicats – sur une proposition de la direction qui avait également retenu les cabinets Stimulus et Secafi Alpha -, rendra également cette même semaine du 30 novembre son audit entamé sur la base d’études réalisées au sein de France Télécom (études demandées par le CHSCT, rapports du médecin du travail et conclusions de la direction générale). Sur le volet médical, le cabinet proposera une analyse des «crises suicidaires» avec un 1er rapport en fin d’année et un second en février. Enfin, sont aussi prévues des interviews en face-à-face d’un échantillon représentatif d’une centaine de salariés.

Le plan de prévention de France Télécom doit être bouclé pour le 15 avril. L’objectif est d’apporter une réponse organisationnelle et collective, et certainement pas une réponse individuelle et psychologique.

Caroline Beyer

[readon1 url=”http://www.lefigaro.fr”]Source : lefigaro.fr[/readon1]

Laisser un commentaire