Le patron du groupe Teylium, a finalisé la cession de l’opérateur Intercel Guinée à Sudatel. Une grosse transaction négociée en catimini et qui agace à Conakry. 

Début avril 2011, à bord d’un avion sur la ligne Bamako-Niamey, un Vip du secteur des télécoms, s’est empressé de nous balancer une confidence : « Ah ! Monsieur des Afriques ! Petit Yérim a vendu sa licence aux Soudanais ». Pour en avoir le cœur net, nous nous rapprochons de la direction d’Expresso Sénégal du Groupe Sudatel. A l’absence du Dg, Amir, c’est M. Atta, son assistant qui nous reçoit. « Pouvez vous nous confirmez la vente d’Intercel Guinée à votre groupe ? » Notre interlocuteur dit ignorer cette transaction et nous exige de rédiger un questionnaire qu’il transmettra à la maison-mère sise à Dubaï. Avant de le quitter, il nous confirme de nous répondre dans un délai d’une semaine. Les mois passent et sans succès. Les tractations sont allées très vite. Après la tentative infructueuse de rachat de la licence Intercel Guinée -dont le ticket d’entrée sur le marché guinéen était facturé à près de 5 millions de dollars en 2006- par la compagnie américaine Cellcom, le magnat sénégalais du business, Yérim Sow, a dû se tourner du côté de Sudatel. A l’époque, Cellcom, cherchait à renforcer sa plateforme téléphonique.

 

Opération de vente en catimini

En vérité, reconnait une source autorisée, qui a confirmé la vente d’Intercel Guinée à Sudatel, « rien ne devait filtrer des négociations jusqu’à la finalisation de l’opération » A priori, le deal consistait à ne pas attirer l’attention des autorités guinéenne. L’effervescence électorale entre les deux tours s’y prêtait bien. L’opération de vente semble être planifiée et concoctée sous le nez et la barbe des travailleurs d’Intercel Guinée.

C’est la consigne donnée par le propriétaire de la compagnie de téléphonie, Yérim Sow , lequel ne voulait pas que l’affaire atterrisse sur la table du président d’alors, le général Sékouba Konaté. Selon des sources bien informées, qui ont suivi de très près le dossier, Yérim Sow avait mandaté son proche collaborateur, Djibril Tobe, Directeur général d’Intercel Guinée, pour mener les négociations. Ce dernier, en mission commandée avait multiplié les allers-retours Conakry- Dakar pour finaliser l’opération. « La vente est effective et a été notariée » précise une source.

L’Etat attend de pied ferme

A Conakry, l’affaire agace les rares officiels proches de l’entourage du président Alpha Condé mis au parfum. Car, la donne a changé. A grande vitesse. Jusqu’ici l’information est gérée avec beaucoup de prudence et retenue par le palais qui est sur un pied de guerre. Au fur et à mesure que nos investigations avancent, on s’aperçoit que l’opération s’est effectuée en catimini sans y associer l’Etat.

A la question de savoir si Yérim Sow se serait entouré de toutes les garanties nécessaires dans la vente de la licence d’Intercel Guinée, un habitué du milieu estime que dans ce genre d’opération, le jeune opérateur est très futé pour éviter des ennuis.

Contacté par Les Afriques, un officiel est formel : «La Guinée n’est pas un souk. Pour tout opérateur, il y a une législation. Nous examinerons la véracité de l’opération et prendrons les mesures qui s’imposent » Pour l’instant, la grande inconnue reste le montant mis sur la table par Sudatel. Au Sénégal, elle a dû casquer 200 millions de dollars (soit 90 milliards Fcfa) pour s’adjuger une licence. Combien Yérim a t-il empoché ?

Par Ismael Aidara
Source : Les Afriques

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