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telecoms_consolidationsL’opérateur historique italien, dont la dette s’élève à 29 milliards d’euros, a validé son projet de scission de ses activités fixes. Un actionnaire est attendu dans la nouvelle société. Mais le projet doit encore recevoir d’autres feux verts. L’opérateur téléphonique Telecom Italia a validé jeudi après plusieurs mois d’hésitation un projet controversé de séparation de son réseau fixe en une nouvelle société, une manoeuvre quasi-inédite en Europe mais qui pourrait devoir affronter encore de nombreux obstacles réglementaires et politiques.

“Le conseil d’administration de Telecom Italia, présidé aujourd’hui par Franco Bernabè a décidé de transformer le réseau d’accès en compagnie séparée”, a indiqué le groupe. Une décision largement attendue après plusieurs renvois successifs, dont le dernier ne remonte qu’à la semaine dernière. “Nous avons voulu secouer le système de télécommunications italien pour libérer les grandes énergies dont dispose ce secteur”, a expliqué dans la soirée M. Bernabè à la télévision. “Avec cette innovation nous serons à même d’offrir beaucoup de possibilités aux gens et à nos concurrents, beaucoup de possibilités de croissance au pays”, a-t-il souligné.

Telecom Italia avait chargé en avril sa direction de définir un “processus opérationnel et de faisabilité” de ce projet, en dépit des doutes exprimés par l’un de ses principaux actionnaires, le groupe espagnol Telefonica (actionnaire avec plusieurs groupes italiens de la holding Telco, détentrice de 22,4% du capital de Telecom Italia).

 

A la recherche de fonds
Cette décision intervient dans un contexte chargé pour Telecom Italia, qui a annoncé début mai qu’il allait “approfondir” dans les prochaines semaines le dossier d’une éventuelle alliance avec 3 Italia, filiale du groupe Hutchison Whampoa de Hong Kong. Ce dernier entend en échange devenir “actionnaire de référence” de Telecom Italia. Par ailleurs, l’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s a récemment abaissé sa note au plus faible niveau possible pour un emprunteur considéré comme fiable en raison de la guerre des prix sévissant dans la péninsule.

 

La nouvelle structure “garantira l’accès au réseau fixe à tous les opérateurs” en application des réglementations européennes, souligne le groupe, qui s’est récemment vu infliger une amende de 103,794 millions d’euros pour “abus de position dominante” sur les infrastructures de réseau, sentence qu’il entend contester.

Parallèlement, la direction de l’opérateur s’est vu confirmer un mandat pour poursuivre des contacts en vue d’une éventuelle entrée de l’organisme public Cassa Depositi e Prestiti (Caisse des dépôts et des prêts ou CDP) au capital de la nouvelle société. La CDP, qui relève du ministère italien de l’Economie et des Finances, s’est déclarée depuis plusieurs mois intéressée par une telle perspective.

Source: http://lexpansion.lexpress.fr

 

Pas encore d’autorisation par les pouvoirs publics
Telecom Italia ne s’attarde pas dans son communiqué sur les motivations de cette initiative quasi-inédite en Europe (seul British Telecom l’a précédé avec la création du réseau fixe Openreach au début des années 2000) mais cette situation “complètement atypique (voire) stupéfiante pourrait résulter de raisons financières” indique à l’AFP un spécialiste du secteur télécoms. Quoiqu’il en soit “il ne s’agit pour le moment que d’une décision d’un conseil d’administration, il n’y a pas encore d’autorisation de l’opération par les pouvoirs publics”, fait-il valoir.

 

Une entrée de la CDP au capital de la nouvelle société serait synonyme de nouveaux fonds que Telecom Italia, lourdement endetté (28,767 milliards d’euros fin mars 2013) pourrait utiliser pour réduire comme promis son passif à moins de 27 milliards d’euros cette année.

Mais selon la presse italienne, c’est plutôt la particularité du marché italien en matière de développement du haut débit et une réglementation perçue comme trop contraignante qui ont poussé Telecom Italia à se lancer dans cette aventure.

Il devra à présent affronter l’AGCOM et les autorités européennes avant de pouvoir définir précisément les contours de l’opération, et la mise sur pied opérationnelle de la société pourrait prendre au moins un an et demi.

Les syndicats Cgil et Slc-Cgil ont réclamé une rencontre avec la direction pour en savoir plus sur le projet. “Pour l’heure, on ignore ce qui sera séparé, combien de salariés seront concernés, quels effets cela aura sur le périmètre de l’entreprise, et sur ses comptes, sa dette, sur les investissements”, ont-ils souligné, appelant “le gouvernement à mieux clarifier sa position”.

Le dossier est suivi de près par le gouvernement d’Enrico Letta, qui a rencontré la semaine dernière M. Bernabè et le patron de la CDP Franco Bassanini.

 

 

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