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alcatel_lucentFace aux chinois Huawei et ZTE, les équipementiers télécoms du Vieux Continent sont à la peine. Le suédois Ericsson résiste et maintient pour l’instant son leadership, dans un environnement particulièrement difficile malgré l’essor de la 4G.

 

«Alcatel-Lucent et Nokia Siemens vont-ils s’en sortir?» Experts reconnus du secteur des équipements de réseaux télécoms, Jimmy Yu et Stefan Pongratz, du cabinet spécialisé américain Dell’Oro, sont assaillis de questions sur ce thème de la part des investisseurs et analystes financiers qu’ils rencontrent ces jours-ci lors de leur tournée en Europe. Si le suédois Ericsson, toujours numéro un des équipements mobiles, résiste encore bien à l’essor des deux équipementiers chinois Huawei (qui le talonne) et ZTE, Alcatel-Lucent et Nokia Siemens Networks perdent des parts de marché et peinent à retrouver l’équilibre financier trimestre après trimestre. «Les financiers se demandent s’ils vont s’en sortir, s’ils peuvent résister aux Chinois et survivre dans un environnement difficile, avec d’importantes pressions sur les prix. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quand on regarde leurs chiffres d’affaires et leurs résultats opérationnels, on peut se demander s’il y a de la place pour cinq équipementiers et s’il ne risque pas d’y avoir un nouveau mouvement de concentration», observe Stefan Pongratz. D’autant que la conjoncture mondiale pèse sur le secteur: Ericsson aussi est fragilisé et a enregistré une chute de 63% de ses résultats au deuxième trimestre. Même Huawei, qui n’est pas coté en Bourse, a annoncé un recul de 22% de son bénéfice opérationnel au premier semestre et ZTE, qui vient de lancer un avertissement sur ses résultats, devrait essuyer la première perte de son histoire au troisième trimestre.

Les technologies optiques, atout maître d’Alcatel-Lucent

«Alcatel-Lucent dispose d’un atout clé, son savoir-faire dans les technologies optiques, qui sont fondamentales dans l’évolution des réseaux. C’est le dernier européen dans ce segment, derrière le chinois Huawei et devant l’américain Ciena», relève Jimmy Yu. L’équipementier est aussi très bien positionné aux Etats-Unis, en particulier dans la 4G, où il bénéficie du prestige de ses centres de R&D issus des Bells Labs et de la fidélité de ses grands clients opérateurs. Quant à Nokia Siemens Networks, «il s’est engagé dans une rationalisation spectaculaire de son activité, en se concentrant sur les segments en croissance», analyse Stefan Pongratz. La filiale de Nokia, que le géant finlandais avait essayé de vendre à des fonds d’investissement l’an dernier sans obtenir le prix espéré, a rétrogradé à la troisième place derrière Huawei, mais devant Alcatel-Lucent. «Pour établir nos classements, nous devons retravailler les chiffres de Huawei, qui ne communique que les équipements livrés et non les ventes réellement réalisées, et ne seraient donc pas comparables», précise Tam Dell’Oro, la fondatrice de ce cabinet spécialisé basé près de San Francisco. D’autres cabinets, comme IHS iSuppli, classent Huawei au premier rang mondial.

La 4G aux Etats-Unis, eldorado des Européens

Si en Europe, Huawei privilégie encore la conquête de parts de marché et se montre «très agressif sur les prix» notent les experts de Dell’Oro, aux Etats-Unis, où les équipementiers chinois sont persona non grata pour des raisons de sécurité nationale, les Européens profitent à plein de la dynamique de déploiement de la 4G par les opérateurs américains: un véritable eldorado pour retrouver la croissance et des parts de marché. D’ailleurs, au deuxième trimestre, Ericsson et Alcatel-Lucent ont maintenu leurs places de numéro 1 et numéro 2 des ventes réalisées dans le LTE (la 4G) et Nokia Siemens est repassé devant Huawei à la troisième place, selon les chiffres de Dell’Oro. «Au-delà des questions d’ordre politique, les opérateurs américains, pionniers dans le déploiement massif du LTE, ont voulu minimiser les risques en choisissant des équipementiers qu’ils connaissent bien», fait valoir Stefan Pongratz. Mais la bataille est mondiale. La bonne santé du marché peut-elle suffire aux équipementiers européens pour sortir de l’ornière? Réponse chez Alctale-Lucent le 2 novembre prochain, lors de la publication des résultats du troisième trimestre…

Source: latribune.fr

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