tunisie_3eme_operateur

tunisie_3eme_operateurLes dés sont jetés, les propositions sont prêtes et les adjudicataires vraiment intéressés devront théoriquement, déposer aujourd’hui mercredi 20 mai au plus tard, leurs candidatures pour remporter la nouvelle licence de téléphonie en Tunisie. Cette licence sera universelle : fixe, mobile et 3G. Les autorités plancheront à partir de demain sur les offres et devraient trancher, dans les 30-40 jours à venir, en faveur de celui qui l’emportera ou, ce n’est pas impossible, de déclarer l’appel à candidatures infructueux si les offres ne répondent pas à leurs attentes. Qu’en sera-t-il et quels sont les enjeux ?

La phrase est lancée et certains commencent à rêver : et si l’appel à candidatures pour la sélection d’un troisième opérateur téléphonique national n’aboutit pas ? Tunisie Telecom et Tunisiana, ne verraient certainement pas d’un mauvais œil une pareille solution qui leur épargnera une nouvelle concurrence et une sérieuse menace sur leur chiffre d’affaires et parts de marché qui, inévitablement, accuseront une baisse en 2010. Le nouvel opérateur devrait démarrer, si tout va bien, ses activités en janvier prochain. Quel que soit le nom du bénéficiaire, quelle que soit sa nationalité, ce nouvel opérateur grignotera des parts de marché. 15 à 20% si l’on suit les moyennes internationales. Rarement moins, mais probablement davantage lorsqu’on on sait que parmi les soumissionnaires figurent des mastodontes internationaux des télécommunications qui tiennent à mettre un pied en Tunisie.

Il est vrai que la menace est réelle pour les deux opérateurs téléphoniques, car elle les oblige à réajuster toutes leurs offres commerciales et leurs stratégies marketing, pour essayer de limiter la casse. Pour que leurs parts de marché et leur chiffre d’affaires ne soient pas ébranlés. Aussi, il leur est impératif de réviser la stratégie de ressources humaines pour que leurs compétences n’aillent pas vers cette nouvelle concurrence que constituera le troisième opérateur. « Où voulez-vous que le nouvel opérateur puise ses ressources humaines ? », nous déclarait un jour, au cours d’une rencontre informelle, Yves Gauthier, DG de Tunisiana, qui ne se fait vraiment pas d’illusions sur le départ de quelques dizaines (voire davantage) des cadres qu’il a formés vers le nouvel opérateur.

Pour faire face à cette éventuelle nouvelle concurrence, les deux opérateurs ont commencé à réajuster leur stratégie. Tunisie Telecom se montre commercialement agressive et essaie d’élargir sa clientèle. Elle lance le Blackberry pour séduire les hommes d’affaires et Elissa pour conquérir les jeunes. Tunisiana multiplie les offres et ses actionnaires font circuler la rumeur (ou l’information) d’une possibilité de mise sur le marché boursier tunisien de 30% de son capital. On parle également d’une facturation à la seconde dans les prochaines semaines (ou prochains jours).

Entre les lignes, comprenez : laissez-nous tranquilles et on est prêt à partager le gâteau avec vous. Cette situation arrange-t-elle le consommateur tunisien ? Dans le secteur, on ne le sait que trop : il y a pire que le monopole, le duopole. « Dans un marché quelconque, et cela a été clairement visible dans plusieurs pays, lorsque vous avez deux opérateurs sur le marché, il y a entente entre les deux, même si l’on donne l’apparence d’une concurrence à couteaux tirés », analyse pour nous un directeur chez un opérateur international. Dans le milieu, on appelle ça un cartel. En clair, ce directeur prône la vraie concurrence. Pour qu’il y en ait, il est évident que l’on doit passer à trois opérateurs, voire quatre, sur le marché. C’est le cas de la France qui s’apprête à octroyer une 4ème licence de gré à gré apparemment, à l’instar de tous les pays dans le monde. Le Maroc et l’Algérie ont, et depuis des années, trois opérateurs.

Mais plus que l’enjeu concurrentiel, il y a un enjeu politique. La Tunisie, qui était à l’avant-garde en la matière il y a quelques années, est (avouons-le) actuellement à la traîne. Après l’avoir publié, et en cette année électorale, ce serait porter un vrai discrédit pour le pays si l’on déclare cet appel à candidatures infructueux. Outre l’enjeu concurrentiel et politique, il y a avec cette troisième licence, un enjeu économique et social certain. Selon les prévisions menées par des adjudicataires, le troisième opérateur devrait employer (dans les 5 ans) entre 1500 et 2000 personnes directement et presque autant indirectement. C’est-à-dire plus que Tunisiana actuellement (après sept ans d’exercice) puisque le nouvel opérateur possède le fixe et la 3G en plus.

Si l’on suit ce qui est fait dans d’autres pays, le nouvel opérateur profitera de ces services exclusifs (exclusivité valable pour une année au moins) pour mettre en vente de packs à des forfaits mensuels fixes. L’idéal pour le consommateur tunisien qui pourra ainsi budgétiser toutes ses factures de télécoms en fonction de ses besoins. Pour une mensualité fixe, il devrait obtenir le fixe, le GSM et la 3G avec leurs lots de gratuités. L’opérateur devrait également proposer des packs incluant l’appareil téléphonique qui, inévitablement, sera de la dernière génération. Tunisie Telecom a entamé l’expérience cette année avec le Blackberry à destination de sa clientèle de cadres supérieurs. Idem pour Tunisiana avec le HTC. Mais, il a fallu attendre le lancement de l’appel à candidatures pour voir naître ce type de packs ! En clair, les deux opérateurs « historiques » ont fait preuve d’un surcroit de dynamisme, rien qu’avec l’annonce de l’arrivée du troisième.

Autant d’éléments qui favorisent l’entrée sur le marché tunisien d’un troisième opérateur qui insufflera un véritable sang nouveau au secteur. Ça promet ! Encore faut-il, d’abord, que le processus aboutisse.

[readon1 url=”http://www.businessnews.com.tn”]Source : businessnews.com.tn[/readon1]

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