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zain_vivendi_afriqueLe groupe français a déposé une offre non engageante auprès de l’opérateur koweïtien Zain pour lui racheter ses actifs en Afrique. Vivendi cherche un relais de croissance dans les pays émergents. Le vendeur espère 11 à 12 milliards de dollars, mais le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy n’est pas prêt à surpayer. 

L’appétit de Vivendi pour les pays émergents se confirme. Depuis plusieurs semaines, le groupe français discute activement avec l’opérateur télécoms Zain, basé au Koweït, pour lui racheter ses filiales en Afrique. Et selon nos informations, Vivendi a récemment déposé une offre non engageante auprès de Zain, qui semble disposé à vendre ses actifs africains au plus offrant.

stat_marchszain_afriqueImplanté au Moyen-Orient, mais également présent sur le continent africain depuis qu’il a racheté l’opérateur Celtel en 2005, le groupe koweïtien compte aujourd’hui 40 millions d’abonnés au mobile, de l’Afrique subsaharienne à celle des grands lacs en passant par Madagascar. Cet ensemble africain a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de dollars. Zain en espérerait entre 11 et 12 milliards de dollars (8 à 8,6 milliards d’euros), reprise de dette comprise. Interrogé, Vivendi se refusait hier à tout commentaire. De son côté, le patron de Zain, Saad Al-Barrak, a indiqué hier à Reuters qu’« un certain nombre de groupes sont intéressés par un partenariat en Afrique ». Mais il a démenti qu’un accord ait été signé à ce stade.

Si les négociations s’intensifient, elles peuvent encore ne pas aboutir. D’une part, Vivendi n’est pas prêt à surpayer une telle acquisition, tandis que Zain espère bien récupérer une belle prime. D’autre part, certains s’interrogent encore au sein du groupe français sur l’opportunité d’une telle opération qui changerait considérablement le profil du groupe, le faisant clairement basculer du côté des télécoms. L’opération n’est pas non plus dénuée de risques, compte tenu de la présence de Zain dans 16 pays africains dont certains, comme le Nigeria, sont politiquement instables.

Plusieurs schémas à l’étude

Pour autant, le dossier avance. Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi, a mandaté la banque Calyon pour le conseiller et a récemment contacté ses grandes banques créancières historiques pour étudier le financement de l’opération. Parmi les schémas envisagés, Vivendi pourrait utiliser Maroc Telecompour reprendre les actifs situés dans les pays francophones. Le groupe français reprendrait, lui, le gros du morceau, à savoir les pays anglophones et lusophones. Filiale à 53 % de Vivendi, Maroc Telecom a l’avantage de ne pas être endetté et de bien connaître le marché africain. Outre le Royaume chérifien, l’opérateur est déjà présent dans trois autres pays africains et a racheté mardi 51 % du capital du malien Sotelma.

Alors que l’action Vivendi a baissé de 27 % depuis le début de l’année, la question du financement est cruciale pour le groupe. Vivendi dispose d’un actif monétisable avec ses 20 % de NBC Universal, valorisés environ 6 milliards de dollars, qu’il peut vendre. Mais pour acquérir les actifs africains de Zain, le groupe devra de toutes les façons aussi s’endetter, car le vendeur veut plutôt du cash. Autre hypothèse, s’il veut garder une certaine flexibilité financière, Vivendi « pourrait lancer une augmentation de capital de 2 milliards d’euros », avance un banquier.

Orange reste en embuscade

Pour Vivendi, le rachat des possessions africaines de Zain a un intérêt évident : il apporterait de nouveaux relais de croissance au moment où celle du groupe se tarit : HSBC n’anticipe qu’une hausse du chiffre d’affaires du groupe de 1,7 % l’an prochain et de 1,5 % en 2011. Pour y remédier, Vivendi regarde du côté des pays émergents depuis déjà plusieurs années.

Dans les télécoms, il n’a pas réussi à mettre la main sur l’opérateur saoudien Oger Telecom ou sur Tunisie Telecom, mais a développé sa filiale Maroc Telecom. Dans les médias, ­Canal + vient de se lancer dans la télévision payante au Vietnam après avoir ouvert un bouquet de télévision payante au Maghreb en début d’année.

Si Vivendi et Zain ne parviennent pas à s’entendre, le groupe koweïtien peut toujours espérer trouver un autre acquéreur. L’indien Reliance fait figure de candidat potentiel, alors que son homologue Bharti cherche, lui, à racheter le sud-africain MTN. Autre scénario, Zain pourrait se contenter de vendre certains actifs en Afrique. Dans ce cas, les candidats pourraient être bien plus nombreux. Interrogé sur un éventuel intérêt pour les actifs africains de Zain, Didier Lombard, PDG de France Télécom, a indiqué le week-end dernier que cette question n’était pas à l’ordre du jour « pour le moment ». Mais Orange reste en embuscade. Car le numéro un français des télécoms est intéressé par certains actifs de Zain, comme le Niger ou la République démocratique du Congo. Tout dépendra de l’issue des négociations entre Vivendi et Zain.

Guillaume De Calignon et Frederic Schaeffer

[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source : lesechos.fr[/readon1]

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