tmobile_orange_tomalexanderAprès s’être livrés à une compétition acharnée pour séduire les clients, les opérateurs télécoms se rendent compte qu’ils vont devoir collaborer pour offrir à leurs abonnés des conditions d’utilisation à la hauteur des nouveaux usages du téléphone mobile.

Les utilisateurs de portables veulent désormais accéder depuis leur combiné aux réseaux sociaux, à leurs courriers électroniques ainsi qu’à d’autres applications générant d’importants échanges de données.

Confrontés à cette explosion de la demande pour l’internet mobile, soutenue par la multiplication des smartphones et des cartes 3G, les opérateurs vont donc devoir déployer des réseaux capables de transférer des données à grande vitesse et de faire face au nombre croissant d’utilisateurs de combinés multimédias.

Alors qu’ils ont déjà consacré des milliards d’euros à l’acquisition de licences 3G, seules de telles alliances leur permettront de faire face au coût élevé de ce type d’opérations.

“Nous allons voir plus de consolidation, nous allons assister à plus de fusions et acquisitions et nous allons observer une diminution du nombre d’opérateurs dans les trois ans à venir”, estime Margaret Rice-Jones, directrice générale d’Aircom, fournisseur indépendant d’outils et de services de gestion des réseaux.

Arndt Rautenberg et Ewan Parry, du cabinet de consultant OC&C, estiment que les principaux acteurs du marché, comme Vodafone, T-Mobile, France Télécom et Telefonica sont avantagés dans la perspective des consolidations à venir, dans la mesure où ils peuvent profiter d’importantes synergies internationales.

Des analystes de Goldman Sachs signalent pour leur part que KPN et TeliaSonera sont les cibles les plus probables d’un éventuel mouvement de concentration en Europe.

L’UNION FAIT LA FORCE

Jusqu’ici, les groupes du secteur ne se sont pas sentis obligés d’investir massivement dans la capacité de leurs réseaux, leurs actuels modèles économiques continuant à générer des profits.

Mais le marché de l’internet mobile a explosé depuis le lancement de l’iPhone d’Apple en 2007 et, à l’heure actuelle, le trafic mondial de données par ce biais double tous les six mois, certains pays enregistrant même une croissance plus rapide, exposant les réseaux à des tensions sans précédent.

Ce phénomène n’est pas près de s’infléchir et le cabinet d’études iSuppli prévoit que les ventes mondiales de smartphones devraient passer de 200 millions en 2009 à 450 millions en 2013.

Les opérateurs télécoms devront donc consacrer des milliards d’euros au développement et accorder une plus large place aux nouvelles technologies sans fil à haut débit comme le HSPA (High Speed Packet Access) et le LTE (Long Term Evolution).

Selon Aircom, l’investissement pour le déploiement d’un réseau LTE aux Etats-Unis s’élèverait à environ 1,8 milliard de dollar la première année et à près de 880 millions de dollars en Europe.

CHANGER D’ADN

Dans le même temps, de nouvelles pistes sont explorées. Par exemple, en Amérique du Nord, Telus et Bell Canada font évoluer leurs réseaux de concert vers la 3G via une coentreprise détenue à 50/50.

Cette stratégie consistant à mettre sur pied un réseau commun, qui permet d’assurer une couverture géographique plus vaste, est considéré comme une première.

“Je pense que c’est un modèle que nous allons voir de plus en plus, en particulier dans les marchés caractérisés par une demande importante pour une bande passante élevée et tous les opérateurs doivent se pencher immédiatement sur la question”, avance Dan Warren, responsable de la branche technologie à la GSM Association.

Mais la recherche de partenariats va contraindre les acteurs à remettre en question leurs confortables modèles économiques actuels, fondés sur la croissance des revenus liés aux services vocaux, s’ils ne veulent pas se laisser distancer par les évolutions technologiques et la demande des utilisateurs.

“C’est très difficile pour les opérateurs de changer leur ADN mais ils vont devoir en passer par là s’ils veulent rester dans la compétition”, relève Chetan Sharma, analyste chez Chetan Sharma Consulting.

Ils devront se rendre compte, renchérit Carsten Schloter, le directeur général de Swisscom, que “la merveilleuse multiplication des connexions qui a eu lieu dans le passé est terminée, mais que les possibilités offertes par ces connexions vont en revanche continuer à progresser”.

Version française Myriam Rivet, édité par Henri-Pierre André

[readon1 url=”http://www.lepoint.fr”]Source : lepoint.fr[/readon1]

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