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europe_mobileLes opérateurs télécoms européens aimeraient tirer partie du déploiement en cours de la quatrième génération (4G) de téléphonie mobile pour augmenter leurs prix en proposant de nouveaux services plus rapides à leurs abonnés. Plusieurs ont déjà engagé différentes expérimentations mais l’initiative pourrait s’avérer risquée car susceptible de brusquer des consommateurs mis à l’épreuve par la crise et de ralentir l’adoption de cette technologie.

Le déploiement de la 4G est à la traîne en Europe par rapport aux Etats-Unis et au Japon et là où elle commence à être commercialisée, comme dans les pays nordiques, en Autriche et en Allemagne, elle n’a pas suscité l’engouement des consommateurs faute d’appareils compatibles.

Maintenant que des smartphones 4G arrivent enfin sur le marché, des opérateurs tels que Vodafone en Allemagne et Teliasonera en Suède ont entrepris de proposer des services 4G sous la forme d’une option payante.

D’autres comme Deutsche Telekom ont choisi une approche différente, sur le modèle de ce qu’a fait le leader de la 4G aux Etats-Unis Verizon, en intégrant la 4G dans l’ensemble de ses offres sans coût supplémentaire. Il espère faire la différence auprès des consommateurs en jouant la carte de la qualité de son réseau.

France Télécom  va probablement faire payer davantage lorsqu’il lancera la 4G dans plusieurs villes, dont Marseille, en début d’année prochaine. Il teste actuellement différentes structures de tarifs afin d’évaluer l’appétit du consommateur, a déclaré son directeur financier Gervais Pellissier.

“Si nous sommes en mesure de multiplier la vitesse par cinq ou dix, les gens vont utiliser davantage de services en ligne, aller davantage sur le net, faire du commerce en ligne”, a-t-il expliqué lors du sommet Reuters des médias et des technologies.

“Nous pensons que nous pouvons le monétiser”, a-t-il ajouté.

Trouver la bonne formule sera déterminant pour les opérateurs européens, aux prises avec une combinaison néfaste de pressions réglementaires et concurrentielles accrues qui érodent leurs marges et font plonger leurs valorisations.

Les investisseurs attendent un retour des 17 milliards d’euros que les opérateurs mondiaux devraient dépenser pour la 4G d’ici 2015, selon Rethink Technology Research.

PAS DE PRIME POUR LA VITESSE SEULEMENT

A la différence de leurs homologues américains Verizon et AT&T, les telcos européens n’ont pas réussi à tourner à leur avantage l’explosion des tablettes et des smartphones. En France, en Espagne, en Grande-Bretagne, ils n’ont pas les mêmes capacités d’influence sur les prix que leurs rivaux Outre-Atlantique.

Mettre à profit la 4G pour tenter de redresser leur rentabilité pourrait toutefois s’avérer hasardeux au final.

“Les gens ne sont pas prêts à payer beaucoup plus uniquement pour de la rapidité de débit, en particulier lorsque la couverture sera limitée au début”, estime Thomas Wehmeier, analyste à Informa télécoms et médias.

“Les consommateurs se sentiront lésés s’ils payent 60 euros par mois mais qu’une partie importante du trafic passe toujours sur l’ancien réseau”.

L’analyste met en avant la stratégie adoptée par Verizon qui s’est appliqué à déployer son réseau très haut débit dès 2010 et l’a inclus d’emblée dans ses offres. Il a ensuite ciblé sa communication sur la qualité de son réseau par rapport à celle de ses concurrents.

Fin avril, son réseau très haut débit couvrait 200 millions de personnes soit les deux tiers de la population. AT&T couvre pour sa part 39 villes et veut desservir 150 millions de personnes d’ici la fin 2012.

“IL FAUT ÊTRE COURAGEUX ET TESTER”

Le déploiement de la 4G, qui prend aux opérateurs plusieurs années, permet aux consommateurs d’accéder à un débit de 100 mégabits par seconde, plus du double ce qu’offrent les réseaux 3G les plus rapides.

L’expérience du consommateur peut toutefois varier fortement, en fonction de la couverture effective ou non de l’endroit où il se trouve, et du nombre de personnes qui tentent au même moment d’accéder à la même antenne.

Teliasonera, qui a lancé le premier réseau mondial 4G fin 2009 et compte aujourd’hui 140.000 abonnés, n’a commencé que ce trimestre à mettre en avant commercialement son premier smartphone très haut débit, le Samsung Galaxy II.

L’opérateur propose quatre forfaits mensuels dont les prix vont d’environ 11 à 45 euros mais seul le plus cher offre le débit et la capacité de données mobiles les plus élevés.

Ainsi, le forfait à 11 euros offre 10 mégabits par seconde de vitesse de téléchargement pour 2 gigaoctects de données par mois tandis que celui à 45 euros offre une vitesse de 80 mégabits/s pour 40 gigaoctets de données.

Hakan Dahlstrom, directeur des activités mobiles de l’opérateur, défend cette stratégie peu usuelle de tarification.

“Il est très important que nous soyons courageux et que nous explorions les moyens de gagner de l’argent avec les données mobiles”, a-t-il dit dans une interview.

Le rythme d’adoption de la 4G en Europe va également dépendre de la générosité des opérateurs en matière de subvention des smartphones. Aujourd’hui, il n’existe qu’un petit nombre de mobiles et de tablettes compatibles avec les réseaux 4G déployés en Europe. Les iPhone et les iPad d’Apple n’en font pas partie.

“Mon sentiment est que la 4G ne va pas se développer si nous ne subventionnons pas les appareils”, a déclaré Gervais Pellissier.

“Nous mettons sur le marché des offres davantage segmentées sur les données mobiles entre les gros utilisateurs qui souhaitent consommer davantage et les plus petits qui ne le souhaitent pas. Au moins au début, nous pensons que la 4G sera vendue à un prix plus élevé et ne sera pas ouverte à tous les clients”.

Avec Gwénaëlle Barzic et Sinead Carew à New York, édité par Jean-Michel Bélot

Source: capital.fr

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