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arpt_guineeAminata.com a rencontré le lundi 27 juin 2011, le nouveau directeur général de l’ARPT. Avec cet expert en télécommunications, nous avons parlé des questions liées au fonctionnement de l’établissement, des opérations en cours pour arrêter les fraudeurs sur le réseau téléphonique, des opérations d’audit, de ses rapports avec les opérateurs postaux et téléphoniques et bien d’autres sujets liés à la vie de l’ARPT. Pour plus d’informations, lisez plutôt cet extrait de l’interview…

Aminata.com: Peut-on savoir dans quel état vous avez retrouvé l’ARPT à votre prise de fonction?

Moustapha Mamy Diaby: Merci beaucoup chers amis. Dans quel état nous avons trouvé l’ARPT, c’est difficile à dire. Pour donner l’état dans lequel on a trouvé l’ARPT, il faut d’abord procéder à un diagnostic de la situation de l’institution au moment où nous sommes arrivés. Il y a des éléments visibles, des éléments administratifs et institutionnels qu’il faut évaluer pour pouvoir se prononcer et dire avec exactitude dans quel état nous avons trouvé l’institution. Ce que je peux dire aujourd’hui, ce que nous avons trouvé des hommes et des femmes entrain de travailler, nous avons trouvé une institution jeune qui a besoin d’un positionnement au sein de la sous-région. C’est ce qui nous a motivés à procéder à un audit organisationnel et institutionnel pour nous permettre de comprendre dans quel état nous avons trouvé l’institution.

Aminata.com: Dernièrement, l’opinion a été informée de l’arrestation de certains fraudeurs sur les réseaux, peut on avoir plus de précisions sur ces opérations?

Moustapha Mamy Diaby: Effectivement nous avons appréhendé certains fraudeurs. Cette fraude porte sur le trafic international. Ce que je veux dire ici c’est que la fraude en Guinée est généralisée, les fraudeurs se trouvent partout jusqu’aux frontières. Nous avons au niveau de la direction de l’ARPT entrepris une campagne de sensibilisation pour dire à ces fraudeurs que ce n’était pas le bon chemin, qu’il y avait de chemin alternatif formel que ces gens pouvaient utiliser pour faire des affaires, pour leur faire comprendre encore que ce chemin est en contradiction avec les lois nationales, que s’ils continuaient à exercer dans la clandestinité ils se verraient interpellés et traduits devant la justice.

Nous avons déployé des moyens techniques et des moyens humains qui nous ont permis d’appréhender quelques uns dont monsieur Nasr qui a été montré à la télévision. D’autres n’ont pas été montrés à la télévision, il y en a que nous n’avons pas encore géographiquement identifiés pour procéder à l’arrestation et à la saisie des équipements. Ce que je peux renouveler ici c’est l’engagement de toute la direction à poursuivre ces démarches pour dénicher la totalité des fraudeurs.

Monsieur le directeur combien sont tombés dans vos filets, vous avez parlé des techniques, on veut savoir celles que vous avez utilisé pour réussir cette opération?

Combien sont tombés, s’il faut aller à l’exercice arithmétique, nous dirons que nous avons arrêté quatre. Tous les quatre ne sont pas guinéens de nationalité, nous avons identifié beaucoup d’autres, mais notre travail n’est pas facile. En plus de l’identification électronique, l’identification de l’activité frauduleuse nous avons l’obligation de procéder à l’identification physique pour savoir où ces gens sont localisés et faire en sorte que le jour où nous faisons la descente qu’on se trouve devant une situation de flagrant délit. Pour ce qui est de la méthode ou des outils que nous utilisons je ne peux pas vous le dire, parce que si nous vous le disons maintenant…

Peut-on savoir combien cette opération a fait rentrer dans les caisses de l’Etat?

Bon de façon générale nous avons chez nous plusieurs types de fraudes. Votre première question portait sur la fraude de la communication internationale, il y a aussi la fraude sur l’importation, l’installation et la mise en service de certains équipements à l’intérieur. Certains des opérateurs locaux qui déclarent leur utilisation, donnent une déclaration qui n’est pas celle dont l’équipement a été importé, c’est aussi une forme de fraude. Ça c’est une fraude administrative, nous avons identifié ce cas, nous avons procédé à un redressement tarifaire et ce redressement tarifaire nous a permis aujourd’hui d’augmenter les recettes de ce segment à hauteur de 65 à 70%.

La deuxième forme de fraude, celle que vous annoncez est celle qui est liée au trafic international, c’est le contournement de trafics qui est préjudiciable à ceux qui ont investi des sommes énormes. C’est préjudiciable à l’Etat parce que ce trafic n’est pas quantifié, il n’est pas donc imposable, il est aussi et surtout préjudiciable à la population guinéenne. Donc c’est difficile de dire exactement les montants collectés. C’est un exercice que nous sommes entrain de faire, en fin d’année nous pourrons faire un bilan pour dire exactement ce que cela nous a apporté en terme de surplus de recouvrement.

Sauf que lors de votre conférence de presse vous avez annoncé un montant qui dépasse les 130 milliards de francs guinéens?

Ce n’est pas nous qui avons annoncé ce montant. Il a été annoncé par un journaliste. Pour vous dire vrai nous nous demandons d’où vient ce montant parce qu’il ne représente rien dans notre comptabilité.

Votre arrivée à la tête de l’ARPT a coïncidé à une nouvelle loi qui s’appelle l’unicité des caisses, on se demande comment vous faites pour faire marcher votre boîte?

Oui à l’unicité de caisses de l’Etat. A notre compréhension, l’unicité de caisses n’entrave pas au bon fonctionnement de notre établissement. Nous avons eu à discuter avec la directrice nationale du trésor, nous avons discuté avec la banque centrale pour comprendre ce que c’est que l’unicité des caisses.

L’unicité de caisses n’est pas la saisie des comptes. L’Etat n’est pas engagé à saisir les comptes. Il s’agit des services qui sont une structure de l’Etat pour lequel le budget de fonctionnement est donné par l’Etat.

Quand il s’agit de recouvrement des biens de ces services, cela revient à l’Etat; parce que quelqu’un ne peut pas vous donner un budget de fonctionnement, vous l’utilisez, vous collectez de ressources et vous dites que ces ressources vous appartiennent. Ces ressources ont été collectées pour le compte de l’Etat.
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Il y a une autre catégorie, ce sont les établissements parapublics comme l’ARPT, la SOTELGUI, comme l’EDG, comme le Port Autonome qui collectent des fonds au nom de l’Etat, qui reversent ces fonds au trésor, qui ont leur budget de fonctionnement géré de façon autonome.

En gros ce sont des entreprises qui rendent des comptes, des entreprises et établissements évalués sur leur résultat. Ils ont une autonomie de gestion régie par la loi avec un budget de fonctionnement supporté par eux-mêmes. Et cela, bien sûr dans la limite des lois au bénéfice de l’Etat. Je me dis qu’à un moment donné l’explication n’avait pas été donnée à tout le monde. ça va créer un peu de confusion. J’avoue que nous, nous ne rencontrons aucune difficulté quand à l’unicité des caisses de l’Etat.

Vous avez parlé dans votre intervention tout à l’heure du déroulement d’un audit au sein de votre boîte, un audit qui vient après une restructuration. Qu’en est il au juste et que vise cette opération?

Je voudrais peut être, rectifier. L’audit était venu avant la restructuration. C’est le premier acte que nous avons posé. Cette première partie de l’audit, c’est-à-dire l’audit organisationnel nous a permis de consolider nos convictions quand au besoin urgent lié à la restructuration. Donc la restructuration est venue après.

L’opinion veut être informée des résultats obtenus ?

En fait il y a eu trois audits, il y a l’audit organisationnel qui nous a permis de comprendre l’organisation que nous avons trouvé, ses atouts et ses faiblesses.

Sur la base de ce diagnostic nous avons proposé une nouvelle organisation avec une description des tâches plus ou moins claires. ça permet à chacun de savoir le contenu de chaque position, le contenu de chaque direction, de chaque département. C’est l’objectif visé par cette restructuration.

L’autre audit c’est l’audit institutionnel qui nous a permis le positionnement de l’ARPT en Guinée et dans la sous-région au niveau des autres institutions internationales, les atouts, les faiblesses, les différents défis auxquels nous devons faire face très rapidement pour donner une visibilité à cette institution. , Afin qu’elle contribue pleinement au processus de développement des télécommunications, des postes et des TIC en Guinée et dans la sous-région. Parce que le monde des télécoms est un peu différent, c’est un monde ouvert où la coopération internationale contribue beaucoup au développement des différents secteurs.

Le troisième volet de l’audit c’est l’audit financier, l’objectif de cet audit c’est de marquer une rupture de gestion, c’est de nous donner un repère qu’on sache quand est-ce que nous avons commencé et le jour où nous arrêterons qu’on puisse dérouler à partir de la date qu’on a commencé jusqu’à la date où nous avons arrêté.

Est-ce qu’on peut savoir le résultat de ces différents volets d’audit?

Quand on fait une restructuration, on ne fait pas de restructuration dans le simple plaisir de le faire. Quand on propose une nouvelle structure c’est parce qu’on n’est convaincu que celle qu’on a trouvé n’est pas adaptée; ça ne veut pas dire que c’est la meilleure, parce qu’une structure est appelée à évoluer, ça c’est par rapport au premier. Aujourd’hui nous avons créé au sein de l’Autorité de régulation une direction chargée des relations extérieures et de la coopération internationale, nous sommes convaincus que la coopération internationale est un élément fondamental dans l’environnement des télécoms, il faut renforcer nos liens avec les autres institutions régionales et continentales.

Si nous avons fait cela, c’est parce qu’on a trouvé que ce volet n’est pas pris en compte dès l’instant qu’au sein de l’ARPT il n’y avait pas une structure chargée d’animer ce volet de la coopération internationale.

L’audit financier, on a pas cherché à dire les dysfonctionnements du passé. Le questionnement est porté sur le qu’est-ce qui ne marchait pas, qu’est-ce nous devons faire pour que ça marche? Comment entendons nous traduire nos actes administratifs en procédure financière? Et comment est-ce que nous allons faire pour permettre d’avoir une visibilité horizontale entre tout ce que nous posons comme actes administratifs qui ait une incidence financière. Que tous ceux-ci s’inscrivent dans le cadre stricte du mandat de l’autorité de régulation de postes et télécommunications.

En quelques mots est-ce vous pouvez résumer vos ambitions à la tête de l’institution?

Nous avons de très grandes ambitions pour cette autorité de régulation des postes et télécommunications. La première ambition d’abord c’est de mériter la confiance du peuple et du Chef de l’Etat, mériter la confiance des opérateurs, mériter la confiance des investisseurs que nous sommes appelés à aider.

Régulateur ne veut pas dire forcement adversité avec les investisseurs. Nous ne voulons pas un climat d’adversité, nous voulons un climat de partenariat gagnant-gagnant nous permettant de faire notre travail, nous permettant d’aider pour que les autres puissent faire leur travail.

Nous avons l’ambition de positionner l’autorité de régulation des postes et télécommunications de la Guinée comme étant un modèle. Quand je dis modèle que cette autorité soit citée à chaque fois qu’on parle des cas d’école, de bons cas d’école pour ça nous devons faire un travail à l’interne, nous devons faire aussi de travail auprès de ces institutions. Nous avons encore comme ambition de parfaire, de qualifier d’avantage les ressources humaines qui sont dans l’autorité de régulation, pour faire de chaque travailleur de régulation un expert parce que nous sommes appelés à fournir cette expertise à l’Etat, aux opérateurs et aux consommateurs.

Vous avez parlé de partenariat, qui parle de partenariat parle de partenaires. Quels sont vos rapports avec les opérateurs postaux et téléphoniques en Guinée?

Je peux vous dire que nous avons de très bons rapports avec les opérateurs de téléphonie mobile et fixe. Nous parlons de façon quotidienne avec l’ensemble des directeurs généraux, SOTELGUI, AREEBA, INTERCEL, CELLCOM, ORANGE. Nous discutons de façon informelle et de façon formelle. Nous discutons des problèmes, nous apportons l’assistance mutuelle, le climat est plutôt positif entre l’autorité de régulation et les opérateurs de téléphonie mobile.

Les opérateurs postaux, nous n’avons aucun problème, pour le moment le secteur postal guinéen est celui qui a besoin de beaucoup plus d’assistance parce qu’il fait face à des difficultés réelles. Nous sommes entrain de réfléchir pour voir quel type d’assistance, quel type d’accompagnement nous pouvons apporter à ce secteur.

Quand vous parlez de bons rapports avec les opérateurs de téléphonie mobile en particulier, l’idée qui vient tout de suite est de savoir qu’est-ce que vous faites pour aider ces opérateurs à couvrir toute l’étendue du territoire national?

 

Très bien ! Ce n’est pas à nous d’aider les opérateurs pour faire la couverture. La couverture de l’étendue du territoire se trouve dans les cahiers de charge que chacun a signé, donc c’est une obligation contractuelle. Nous n’intervenons que quand un des opérateurs se trouve dans des difficultés administratives. Ils peuvent avoir des problèmes avec l’Etat. Là nous intervenons, même si nous sommes mandatés par l’Etat mais nous avons l’obligation de défendre les intérêts des opérateurs auprès de l’Etat. Nous sommes convaincus qu’il faut qu’ils existent pour qu’il y ait une régulation.

Il faut qu’ils existent pour que l’Etat demande à ce qu’ils paient ce qu’ils doivent à l’Etat. Notre première bataille c’est de faire en sorte qu’ils existent d’abord. C’est quand ils existent qu’on peut leur demander de respecter les différents contenus des cahiers de charge. Quand c’est des questions technologiques, quand c’est des questions administratives nous sommes là pour les accompagner, les aider. Cela ne veut pas dire qu’on va renoncer à l’application stricte des contenus de la loi.

Aminata.com: Depuis votre prise de fonction, quelles sont les difficultés rencontrées?

Nous avons effectivement rencontré des difficultés. En acceptant l’offre du Président de la République, nous savons que nous allons rencontrer des difficultés, il n’y a pas de travail sans difficultés.

Personnellement la plus grande difficulté, c’est celle qui est liée aux ressources humaines. La restructuration nous a amené à réduire considérablement les effectifs du personnel. Vous comprendrez avec moi que c’est très difficile très gênant d’être dans une situation où vous êtes obligés de réduire les effectifs du personnel. Quelque soient les motivations, quelque soient les raisons que vous invoquez, il y a des aspects sociaux, entant qu’être humain ça touche tout le monde, ça c’est une difficulté sociale. Si on n’avait d’autres alternatives on l’aurait fait.

Aujourd’hui nous sommes obligés de procéder à cette restructuration, malheureusement qui a pour conséquence une réduction des effectifs. Voici la plus grande difficulté d’ordre moral et social. Aujourd’hui nous irons presque à 50-50. C’est drastique, c’est vrai, si je vous donne juste une comparaison, l’Autorité de Régulation des postes et télécommunications de Guinée existe il y a moins de trois ans avec un effectif de 120 personnes. Celle du Mali qui a plus d’une décennie n’a pas 50 employés, l’autorité du Togo avec 12 ans d’existence n’a que 32 travailleurs.

Voilà les ordres d’idées. Pour nous le plus important ce n’est pas dire qu’il y a beaucoup de monde, c’est de dire est-ce qu’il y a du travail pour tout ce monde. Si oui il n’y a pas de problème. Nous ne pensons pas qu’il soit judicieux dans l’intérêt de tout le monde de garder des frères alors qu’il n’y a pas de travail pour eux.
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Ce n’est pas une difficulté administrative parce que nous veillerons à respecter le droit de chacun, ce n’est pas négociable, nous veillerons à ce que personne ne soit vexée ou touchée à sa sensibilité ou à sa dignité. C’est notre éthique, mais malheureusement nous sommes obligés de faire face à cet exercice douloureux.

Maintenant vos perspectives?

C’est de faire de cette institution une institution d’élite. Une institution qui répond aux aspirations du peuple, aux aspirations de l’Etat. Une institution où les autres pays viendront faire des voyages d’études. En mettant l’accent sur la formation, sur le renforcement des capacités. Nous allons former chaque cadre. Chaque cadre présentera un plan de formation qui sera discuté au niveau de sa direction et validé au niveau de la direction générale. S’il faut mettre la grande partie de notre budget, nous la mettrons parce que nous sommes convaincus que si nous voulons une régulation d’élite, nous devons avoir de l’élite au niveau du personnel.

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