algerie_telecom_pays
algerie_telecom_paysMme Zohra Derdouri est informaticienne de formation, elle possède un magister en informatique de l’USTHB. C’est le 12 mai 2008 qu’elle a été installée à la tête du conseil de l’ARPT. Auparavant, elle a assumé au cours de sa carrière  de nombreux postes comme celui d’enseignante, de gestionnaire et de chercheur. Dans un entretien exclusif qu’elle a bien voulu nous donner, Mme Zohra Derdouri, très perfectionniste et tenace, parle sans détours ni langue de bois. Elle trace les contours de la régulation et de la « nouvelle » ARPT mais elle parle aussi des ISP, de création d’entreprises spécialisées, de formation, du service universel et aussi de e-commerce sans oublier le citoyen. Alors décryptons ensemble…

IT MAG : Sur décision du Conseil de l’ARPT, 34 ISP ont vu leur autorisation d’exercice retirée. Que leur est-il reproché exactement ?

Mme Zohra Derdouri : Effectivement, il ne s’agit pas d’avoir arrêté l’activité des ISP ; les ISP se sont arrêtés d’eux-mêmes. Et parce qu’ils se sont arrêtés depuis un certain temps, nous avons pris la décision de leur retirer l’autorisation. Cette décision ne s’est pas faite spontanément, ce n’est pas du jour au lendemain que nous avons décidé de leur retirer les autorisations.

Nous les avons appelés, nous avons envoyé une multitude de correspondances pour les contacter, nous avons utilisé tous les moyens pour rentrer en contact avec eux ; la majorité de ces opérateurs n’existent même plus sur le marché. Ils ne se trouvent pas dans les adresses qu’ils nous avaient signalées au départ, leurs numéros de téléphone ne correspondent plus, nos experts se sont même déplacés sur leurs sites et beaucoup de ces derniers sont fermés alors que d’autres sont quasiment inexistants. Maintenant, il est possible qu’il en y ait qui exercent autrement mais qui n’ont pas pris la précaution de prévenir l’ARPT d’un éventuel changement d’adresse ou autre mais nous avons utilisé tous les moyens possibles pour les contacter ; il n’y a pas eu de réaction de leur part. D’autant plus que nous avons fait des appels par voie de presse, à travers des communiqués leur demandant de se rapprocher de l’ARPT, nous avons mis l’information sur notre site; en plus de la multitude de déplacements. Alors ; il ne servait à rien d’alourdir notre comptabilité en matière de nombre d’ISP avec des fantômes.

Néanmoins, ce que les gens doivent savoir, entre autres ceux qui pourraient, pour une raison ou une autre, avoir un justificatif valable de cette non-réactivité, c’est que nous donnons toujours une possibilité de recours. C’est un droit.

Un droit qui a déjà été utilisé ?

Pour le moment, nous avons eu une première réaction, et nous allons examiner le dossier. Il faut savoir qu’il y a des obligations pour ces opérateurs. Quand un ISP a une autorisation; l’une de ses premières obligations, c’est d’informer l’ARPT pour tout changement. Il faut que nous soyons en permanence en contact. Donc, au moindre changement ; qu’ils informent l’ARPT. Jusqu’à présent, la majorité des opérateurs n’ont pas pris conscience de l’importance de ce type de contacts. Encore une fois, l’objectif n’était pas de réduire ou de diminuer, et c’était encore moins, comme certains ont pu le penser, une décision politique. Il ne sert à rien de prétendre avoir beaucoup d’ISP qui ne font rien au bout du compte, parce que le chiffre était tout de même important. Nous avions 73 opérateurs, et là il y a 34 en moins et d’autres vont suivre avec lesquels nous n’avons pu encore entrer en contact. Nous avons probablement une dizaine d’autres opérateurs qui vont suivre le chemin. Ce qui est important de savoir aussi, c’est qu’en août 2010, nous avions introduit une nouvelle décision concernant la pérennité des autorisations. Justement, le problème venait du fait que les opérateurs, auparavant, disposaient d’une autorisation avec une validité permanente et prenaient cette autorisation et disparaissaient de la circulation alors que nous ne savions plus ce qu’ils faisaient. Une autorisation permanente n’a pas de sens, surtout dans les télécommunications. Cette décision, la n° 8 et 9, a réduit la validité de l’autorisation à un temps raisonnable de 5 ans. Ce qui est énorme dans les télécoms. De plus, après ces 5 ans, l’autorisation doit être renouvelée tous les 2 ans; et ce renouvellement n’est plus systématique si l’opérateur n’a rien fait du moment qu’il a des obligations.

Quand on prend par exemple le cas d’un opérateur qui a pour obligation de couvrir un certain nombre de wilayas, et quand on sait qu’apparemment, cet opérateur n’a pas couvert le 1/100e de ses obligations par rapport au cahier des charges, on se pose la question. Il est vrai que ces opérateurs ont peut-être rencontré des difficultés, mais si tel est le cas, qu’ils viennent nous les exposer et nous essaierons de trouver des solutions ensemble.

Donc, la porte de l’ARPT est ouverte…

La porte de l’ARPT, j’insiste là-dessus, est ouverte. C’est une obligation pour notre institution d’avoir sa porte ouverte pour tout opérateur qui a des difficultés. Nous sommes là pour les écouter. D’ailleurs, nous avons instauré de nouvelles pratiques qui consistent à demander régulièrement à tous les opérateurs de prendre attache avec l’ARPT et d’informer cette dernière de l’évolution de leur activité et partager un certain nombre d’informations, notamment financières, qui nous importent. C’est important pour nous car si l’on veut que l’ARPT puisse évaluer un marché correctement, elle doit posséder des informations pour mesurer l’impact sur l’économie pour le pays; ce qui ne peut pas être fait par de simples supputations. Il faut que toutes ces informations soient basées sur des chiffres réels, et ces chiffres, ce sont ceux des opérateurs. Pas forcément ceux qu’ils déclarent, car lorsque nous avons des doutes, nous avons la possibilité d’aller contrôler la véracité de ces chiffres et nous les consolidons. Je pense que c’est une approche scientifique, rationnelle, qui correspond à des normes internationales.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons quasiment avec un seul provider Internet qui est forcément dans une situation de monopole. Que peut faire l’ARPT pour « exciter » le marché Internet ?

La première des choses, pour nous, avant de vouloir changer le monde ; c’est qu’il faudrait d’abord qu’on connaisse notre monde à nous. Et c’est l’opération sur laquelle nous sommes en train de travailler actuellement, ce que nous essayons de maîtriser du mieux que nous pouvons. Certes, nous ressentons des résistances lors de nos collectes des informations ; dans la mesure où nous n’avons pas encore cette culture d’échange d’informations. Notre objectif n’a jamais été et ne sera jamais de bloquer le développement, bien au contraire. Nous avons conscience de notre rôle. Demander aujourd’hui des informations, c’est quelque fois mal interprété par certains ou du moins comme si on devait nous rendre des comptes. Non; nous voulons juste connaître notre environnement. Donc, une fois cette opération achevée, il faudra alors planifier. L’un des objectifs que nous nous sommes fixé, nous allons très bientôt, avec les opérateurs qui restent dans le pipe [dans le circuit]; faire des réunions d’abord d’écoute ; qu’ils viennent nous expliquer ce qu’ils font, comment ils le font, comment ils voient leur travail, quelles sont les difficultés rencontrées… Il y a ce que vont dire les opérateurs, et il y a notre expérience, notre connaissance du domaine qui nous permettra de mieux envisager le futur. A partir de là, il sera question de réorganiser, avec tous ces partenaires, le schéma des télécoms, notamment en matière des ISP et de l’Internet. J’insiste encore sur cette démarche scientifique et rationnelle qui consiste à connaître l’existant, de faire des propositions avec des objectifs : l’amélioration du climat général des télécoms.

A quelle étape de votre planning en êtes-vous ?

Nous sommes pratiquement à la finalisation de la connaissance de l’existant. L’écoute, nous la faisons en même temps car nous avons déjà recueilli énormément d’informations et beaucoup d’opérateurs ignorent que nous les connaissons bien plus qu’ils ne se connaissent eux-mêmes… Nous avons les moyens aujourd’hui de vérifier nos informations et de les recouper si nécessaire.

Comment jugez-vous l’état de l’existant ?

Selon ma vision personnelle, ce n’est pas en ayant un nombre important d’opérateurs qu’on va développer Internet en Algérie. Il vaut mieux avoir peu d’opérateurs professionnels, performants, qu’une multitude d’opérateurs qui grignotent ou qui font semblant de travailler professionnellement. C’est ma vision et je pense qu’elle est partagée par beaucoup de personnes aussi bien à l’ARPT qu’au ministère [de la Poste et des TIC]. Encore une fois, notre objectif n’est pas de limiter ni de réduire le marché. Un autre principe de base : il faut qu’il y ait de la complémentarité, il ne faut pas que ce soit en plus. Un opérateur qui viendrait pour compléter la structure, il est évident que l’infrastructure de base, que détient Algérie Télécom, lui soit mise à sa disposition. Nous sommes en train d’envisager, peut-être de spécialiser un peu plus Algérie Télécom dans le domaine de l’infrastructure et de sa gestion et permettre à d’autres opérateurs de travailler en complémentarité. Ces opérateurs, s’ils viennent dans le marché, il faut qu’ils y viennent avec l’intention d’investir, avec des intentions de professionnels. Pour le moment, du point de vue investissements, ce n’est pas tout à fait le cas, c’est du moins ce que nous avons constaté sur le terrain.

Concrètement, qu’avez-vous constaté sur le terrain ?

Ce que nous avons constaté sur le terrain, c’est que les opérateurs ont de très grandes difficultés pour évoluer. Dans les faits, ces opérateurs, lorsqu’on regarde leur parc d’abonnés, on se pose des questions. Il est quasiment inexistant. Lorsqu’on regard leur apport pour la connectivité ou l’Internet en Algérie, il est pratiquement nul. Nous n’excluons pas qu’il existe ou qu’il ait existé toutes ces difficultés. L’Algérie était partie d’un système de monopole à une ouverture brutale, forcément il y a eu des résistances et il y en a probablement encore. Cette mentalité ne change pas aussi vite que l’on souhaiterait. Mais ça va venir ! En mettant en place des règles très strictes et que chacun revoie sa place et trouve son intérêt.

L’ARPT a dernièrement lancé une campagne de recrutement de profils supérieurs à des postes stratégiques. Ces postes n’existaient pas auparavant ?

En matière de recrutements, l’ARPT a évolué et très vite nous avons été limités par l’espace; qui a été un paramètre très bloquant car nous avons d’énormes difficultés ici. Avec cette perspective de recrutements, nous allons construire un nouveau siège à Dar El Beida et c’est depuis 2 ans que nous travaillons sur les procédures. Donc, depuis que nous avons lancé notre appel à candidatures, nous avons reçu beaucoup de profils et nous sommes actuellement en phase de sélection. Là encore, nous essayons de donner leur chance à tous. Nous avons demandé plusieurs profils; nous avons besoin d’un renforcement au niveau du juridique, au niveau de la direction économique, de celle des opérateurs, en ce qui a trait à l’aspect technique.

C’est pour renforcer vos départements ou plutôt combler des postes qui n’existaient pas ?

Effectivement, d’abord il est question de combler ; parce qu’il y avait des lacunes, et renforcer les équipes qui sont là car nos experts sont surchargés de travail. Si on prend par exemple le cas de nos experts juridiques, c’est dossier après dossier au point que parfois ils sont obligés de mettre de côté certains de ces dossiers car des urgences, nous en avons tous les jours. Et en matière d’expertise, nous n’accomplissons pas, à l’ARPT, notre rôle à 100% parce que nous avons un nombre réduit d’experts qui vont sur le terrain pour des opérations de contrôle partout sur le territoire national. C’est très difficile de faire faire plusieurs fois ces opérations à la même personne.

Pourquoi ne pas recourir à la sous-traitance avec des entreprises algériennes spécialisées ?

Ça aurait été magnifique si ces entreprises existaient. Néanmoins, nous allons susciter leur création. Nous pensons déjà, par exemple, pour le contrôle, à faire appel à des sociétés, que nous sommes en train de rechercher, pour faire le travail d’audit sur place. On ne peut pas tout faire par nous-mêmes.

L’Algérie ne dispose toujours pas d’une politique nationale de certification électronique, indispensable pour l’émergence de services qui y dépendent tels que l’e-commerce ou le paiement en ligne. Qu’en est-il jusqu’à aujourd’hui ?

On avait confié à l’ARPT le rôle d’être l’autorité [certificateur majeur] qui donnerait les autorisations aux prestataires de certification. Nous avons préparé aux autorités publiques un dossier et là nous sommes dans l’attente d’une décision de leur part dans le volet de la certification. Ce n’est pas simple car la certification électronique n’est pas un élément isolé de tout un environnement qui va impacter sur la e-économie. C’est la stratégie sur laquelle nous sommes en train de travailler, aussi bien avec le ministère qu’avec les autorités, qui, je l’espère, va se mettre en place assez rapidement. Cela ne dépend pas uniquement de nous. Entre-temps, nous avons pris beaucoup d’avance sur la question et nous nous y préparons dans le sens où nous avons renforcé une équipe d’experts dans le domaine ; nous avons recruté des ingénieurs de haut niveau, nous avons assuré leur formation dans ce domaine très spécifique. Aujourd’hui, nous pouvons dire que, et nous en sommes même très fiers, que nous avons un noyau d’experts qui vont pouvoir être opérationnels très rapidement. Pour en revenir à la certification électronique, le cahier des charges pour les prestataires dans le futur est déjà prêt, en projet bien sûr car ça ne deviendra réel qu’au moment où tout sera mis en place. Notre cahier des charges a été fait sur la base de notre expertise dans le domaine, expertise que nous avons mise à profit pour éviter les erreurs à ne pas faire, en y intégrant les spécificités de la certification électronique et puis aussi sur la base de benchmarks et l’expérience d’autres pays. Le processus reste lourd, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on décide de faire de la certification électronique. C’est toute une organisation, toute une mentalité à acquérir, des habitudes à préparer. Et puis aussi, en matière de certification électronique, il y a ces questions de sécurité qu’il faut envisager sous tous les angles.

Où en est le « service universel » en Algérie ?

A ce stade, le « service universel » n’est pas encore mis en place. Pour être mis en place; il nécessite un cadre réglementaire détaillé de ceux qui vont bénéficier de ce service. En ce qui concerne le citoyen ; les textes sont clairs. Ce sont des agglomérations de plus 2 000 habitants. Nous n’allons pas mettre un bureau de poste par exemple devant chaque maison ! Et si pour une raison ou une autre, il n’y a pas suffisamment d’habitants dans une agglomération, ce sera alors celle à proximité. En fait, le « service universel » concerne les opérateurs qui détiennent une licence, et ce sont ceux qui y contribuent. Et pour mettre en place un poste de « service universel », on ne va pas le faire à la demande; il faut une stratégie. Stratégie que le ministère va prévoir. D’ailleurs, si le ministre se déplace dans certaines zones, c’est pour voir, écouter… Pour notre part, nous avons tout un département qui s’occupe de la gestion du « service universel ». Donc, le ministère décidera quelles vont être les zones qui vont passer en priorité; nous aurons alors une liste qui sera également connue par les opérateurs et qui vont donc présenter un plan de mise en œuvre qu’on discutera probablement avec eux et qu’on suivra avec eux jusqu’à sa réalisation. En tout cas, le « service universel » répond à des règles. La première d’entre elles, c’est le nombre d’habitants dans une agglomération; 2 000 selon les textes, ensuite il va falloir trouver le moyen le plus judicieux, le plus pratique et le plus efficace en utilisant, au niveau local, tous les moyens qui peuvent être déployés, par exemple de la part de la commune, qui peut mettre en place le local approprié ou un terrain… Et c’est toujours du cas par cas. Quoi qu’il en soit, le « service universel », sur le plan réglementaire, est ficelé. Nous travaillons avec le ministère et très prochainement, ce service sera lancé, aussi bien le « service universel » poste que celui télécoms. Il ne reste plus que la signature des décrets.

Le « service universel » est un fonds; les opérateurs l’aliment-ils et quel est son montant ?

Nous n’avons pas de problème par rapport à la question. Quant au montant, je ne peux le révéler. Pour le moment personne ne l’a utilisé, cet argent est bien gardé et va pouvoir être utilisé à bon escient.

Récemment, le ministre Benhamadi a annoncé la mise en place du « roaming national ». Etes-vous déjà en train de préparer le cahier des charges y afférent et quelles sont les étapes de sa mise en œuvre ?

Le « roaming national » date depuis très longtemps. Mais attention, si on met en place le « roaming national », il faut le mettre en place correctement. Ce sont tous les opérateurs qui vont intervenir pour sa mise en œuvre, se poseront alors, entre autres, les questions de mutualisation [des équipements], alors il faudra mettre en place un cadre juridique, organisationnel, très rigoureux. Car tout de suite il y en a qui vont se mettre à tricher. Ne soyons pas négatifs mais il y en aura qui vont essayer de contourner ou du moins qui essaieront de trouver la voie la plus facile. Tout le monde va vouloir avoir accès à ce qu’il y a de plus intéressant. Donc il faut partager. Quand on parle de « roaming national », il faut qu’il y ait comme principe d’accepter qu’il y ait une répartition équitable de tous les opérateurs. Lorsque je sais qu’à Tamanrasset, à part le chef-lieu de la wilaya, il existe des zones très mal couvertes, là, on peut envisager le « roaming national ». Le « roaming national » à Alger, je vous le dis, on n’ouvrira pas ce chantier tout de suite. Pourquoi ? Parce que nous allons susciter des appétits féroces autour de ses zones non couvertes. Par contre, résoudre le problème différemment : une meilleure qualité de service, une meilleure couverture, éventuellement une mutualisation, sans parler de « roaming ».

Donc la priorité, c’est la qualité de service et la satisfaction de l’utilisateur, le citoyen…

Il faut axer sur la qualité de service et trouver le moyen d’obliger les opérateurs à offrir une meilleure qualité de service à leurs abonnés. Nous faisons déjà beaucoup de contrôles, des audits. Nous avons des rapports réguliers de la part des opérateurs, et le fait que nous connaissions mieux leur activité et leurs chiffres, ça nous permet à chaque fois de faire des observations. D’une certaine façon, nous les obligeons à améliorer leur qualité de service. Nous sommes aussi à l’écoute des citoyens, nous recevons beaucoup de courrier ou de requêtes de leur part; nous sommes en train de travailler sur une cellule d’écoute pour les citoyens. D’ailleurs, nous devons très rapidement apprendre à sélectionner les vrais problèmes des faux, à vérifier la véracité des dires… Nous avons un département à l’ARPT qui ne s’occupe que de ça et les courriers sont traités. Et nous leur répondons de façon systématique. Répondre consiste souvent, en ce qui nous concerne, non à donner satisfaction mais à prendre note. Ecouter et prendre note. Les opérateurs, sachant cela, font beaucoup plus attention. Par exemple, nous recevons une plainte contre un opérateur pour un problème rencontré avec un client, nous l’enregistrons et la transmettons à l’opérateur, et il est dans l’obligation d’y répondre car nous faisons un suivi. Cette cellule d’écoute nous a permis également de mieux connaître le marché, de mieux connaître les opérateurs aussi.

Quelle est votre position par rapport à la 3G-4G ; estimez-vous qu’il est temps d’accélérer le passage à cette norme ou, au contraire, qu’il est encore trop tôt ?

Pour ce qui est de la 3G-4G ou le LTE ou quelle que soit la nouvelle technologie que l’on va choisir pour l’Algérie, effectivement il est grand temps d’y penser. D’ailleurs, il ne suffit pas d’y penser maintenant mais nous sommes en train d’y travailler. Il y a une commission qui est mise en place au niveau du ministère, avec lequel nous participons en étroite collaboration, qui fait de la prospection, qui étudie, qui regarde, qui essaie d’acquérir une expérience dans le domaine, en regardant déjà les autres, ce qu’il y a lieu de faire, ce qu’il ne faut pas faire, il y a des exemples de réussite que l’on regarde de très près… Nous allons ramasser tout ça dans un recueil et le soumettre aux autorités. Encore une fois, c’est aux pouvoirs publics de décider du choix car ce dernier va impliquer probablement, je dis peut-être, un investissement de la part de l’Etat, peut-être des opérateurs, ce qui n’est pas exclu. Aussi, l’un des objectifs de ces études, l’intégration de l’existant tout en prévoyant l’évolution, donc le remplacement progressif de ces équipements.

Quel serait selon vous l’impact de ces réseaux de nouvelle génération une fois lancés. C’est un choix stratégique ou seulement un effet de mode ?

Il y a plusieurs aspects. L’aspect économique, dans la mesure où si l’équipement n’existe plus, ce sera excessivement cher, et de ce point de vue, ce ne sera pas du tout rentable pour le pays ou pour ceux qui auront investi dans le domaine. Il faut qu’on réfléchisse à ça si on veut le développement. Sur l’aspect comportemental, il ne s’agit pas d’un effet de mode mais on suit notre temps, nous y sommes obligés quand même, ce sont des besoins qui se créent chez les consommateurs et il faut donner à ces besoins la possibilité d’être satisfaits.

Donc les autorités reposent sur vos rapports afin de prendre une décision par rapport à cette question…

Oui, effectivement, les autorités ne sont pas du tout opposées à l’évolution, ce qu’elles craignent, et ce qui est tout à fait normal, c’est une situation de désordre si ce n’est pas bien réfléchi. Et elles comptent beaucoup sur nous pour bien baliser toutes ces nouvelles technologies.

Considérez-vous que les opérateurs télécoms jouent pleinement leur rôle en matière de prix, de transparence et de qualité de services ?

Si on parle des opérateurs licenciés, en matière d’informations, nous avons créé un système d’échange d’informations qu’il très difficile pour eux de contourner. Nous avons aujourd’hui une multitude de bases de données et il leur est arrivé de venir nous présenter des chiffres pour une promotion par exemple ou une offre tarifaire et venir avec d’autres chiffres quand il s’agit de demandes de numéros, par exemple. Nous avons notre base de données maintenant, et on compare. Ça oblige les opérateurs à une meilleure transparence quant à leur activité et je peux vous dire qu’aujourd’hui, nous avons une relation très suivie et transparente à l’égard des opérateurs. Ils savent que nous sommes à leur écoute, qu’on ne cherche pas à bloquer leur évolution ou leur développement.

Qu’en est-il de la régulation concernant les équipements télécoms ?

Nous avons établi des règles dans ce sens, un peu draconiennes, parce qu’il y a eu beaucoup d’abus. Nous avons exigé, pour la téléphonie mobile en particulier, de nouvelles règles […] Nous avons eu des cas où il y a eu des équipements, qui portent exactement les mêmes caractéristiques, mais lorsqu’on fait les tests, on se rend compte que ce sont des faux. C’est pour ça que nous restons vigilants. Nous savons très bien qu’il existe des équipements qui ne sont pas agréés parl’ARPT qui inondent le marché. Par exemple, les iPhone n’ont jamais été agréés par l’ARPT, pourtant on en trouve dans le marché algérien. Systématiquement, nous avons exigé de tous les importateurs de mettre le label certifié par l’Autorité de régulation. Et là justement, en direction des consommateurs, nous leur recommandons vivement de vérifier. C’est une obligation maintenant, nous l’avons imposé aux importateurs.

Entretien réalisé par A. Khenifsa & S. Tazaïrt

[readon1 url=”http://www.itmag-dz.com”]Source :itmag-dz.com[/readon1]

Laisser un commentaire