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arpt_guineeSept agents de la Sotelgui, ont, il y a quelques jours, été convoqués à la gendarmerie et attendaient d’être déférés quand, sur instruction du président de la République, dit-on, ils ont été libérés. Ismaël Kaba, chef des Réseaux et six autres étaient accusés, par Oyé Guilavogui, ministre des Postes et Télécommunications , d’avoir ‘’vandalisé” les infrastructures de la Sotelgui. Le ministre et son administration que des travailleurs de la Sotelgui accusent de soutenir illégalement Sodiacom, une entreprise appartenant à un ancien de la Sotelgui et qui fait des interventions sur les installations de la guinéenne de téléphonie. Sans avoir le moindre agrément de l’ARPT. Un autre scandale !

Bien que traversant une période de crise, la Sotelgui dispose tout de même des infrastructures utiles aux autres opérateurs de téléphonie ou aux fournisseurs d’Internet. Selon des techniciens, le réseau fixe de fibres optiques dont dispose la SOTELGUI fait d’elle ‘’le principal fournisseur de service sur la fibre optique pour bon nombre d’opérateurs (Areeba, Intercel, Orange Guinée, ETI) de télécommunications bien qu’ils aient pour la plupart déployé leurs propres réseaux de fibres optiques”.

La position de la Sotelgui a été renforcée dans ce domaine à l’arrivée de la grande capacité via le câble sous-marin ACE. Pour y accéder, les autres opérateurs ont forcément besoin de la Sotelgui qui dispose des ‘’infrastructures souterraines les plus étendues et les mieux appropriées” soutient un technicien.

En novembre 2012, la direction des Réseaux, créée par le comité de gestion de la Sotelgui, prend l’initiative de conduire un projet d’interconnexion de la boucle de fibre optique de Sotelgui à la salle technique ‘‘backhauling” du câble sous-marin à Kipé. Selon le directeur des Réseaux, Ismaël Kaba, ‘’malheureusement, nous avons été stoppés net dans la réalisation de notre projet par le département des Télécommunications qui nous a donc interdit tous travaux sur les installations techniques que nous sommes censés gérer”.

Cependant, ajoute M. Kaba, ‘’nous constatons depuis le 08 février 2013, une utilisation des conduites souterraines de la SOTELGUI sans aucune autorisation par une entreprise dénommée Sodiacom qui serait spécialisée dans la pose du câble à fibres optiques, et dont le patron n’est autre qu’un certain M. Justin Traoré, employé à la Sotelgui et ancien chef de département chargé de la fibre optique”.

Sodiacom se serait attaquée aux ‘’installations souterraines sur plusieurs dizaines de Km. Les dommages causés sont nombreux et variés. Il nous a été donné de constater, avec amertume, la pose de câble de fibre optique dans les ouvrages souterrains de Sotelgui sur tout le trajet allant du carrefour du centre émetteur (près de la station d’atterrissement du câble sous-marin) à Kipé jusqu’à la Case des hôtes de Belle-vue” révèle le directeur des Réseaux qui accuse par ailleurs Sodiacom d’avoir ‘’détruit par endroits les installations de la Sotelgui pour faire passer son câble. Plus grave, cette entreprise (Sodiacom), a utilisé les conduites souterraines et la fibre optique de la Sotelgui à Kaloum pour fournir du service à des clients sans aucune autorisation de la Sotelgui”.

L’affaire se corse

Pour le directeur des Réseaux et ses agents, Sodiacom s’est rendu coupable d’un flagrant délit. Ils décidèrent alors, lundi 11 février, d’interrompre ‘’toutes les connexions frauduleuses qui représentent un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards de GNF par mois pour la Sotelgui”. Ils firent constater les ‘’dommages” causés par Sodiacom par un huissier de justice.

Eti qui a été coupée se plaint au ministère des Postes et Télécommunications qui exigea en vain le rétablissement de la connexion par M. Kaba et son équipe. Finalement le ministère ordonna à Sodiacom de rebrancher Eti. Tout en portant plainte à la gendarmerie contre le directeur des Réseaux et ses agents. L’affaire est portée au niveau du gouvernement et l’agent judiciaire de l’Etat se porta partie civile. Pendant que les agents étaient à la Gendarmerie, attendant leur transfert au tribunal, le président de la République, selon nos informations, est mis au courant. Il décida d’élargir les techniciens qui, à ses yeux, étaient en droit de réagir face à la spoliation exécutée par Sodiacom.

Pour le ministre, c’est ‘’un sabotage économique”

Le ministre des Postes et Télécommunications, avec qui nous avons pu nous entretenir, reconnait avoir porté plainte contre des ‘‘individus qui se sont permis de sectionner la fibre dans des chambres qui sont au nombre de six et qui font la boucle de Conakry”. Ce qui, selon lui, avait coupé du réseau internet Conakry avec le reste du monde pendant 72 heures. Pour le ministre, les agents ont agi ainsi parce qu’ils voudraient protester contre le non payement du salaire de janvier. ‘‘C’est un sabotage économique !”, s’était-il exclamé. Le ministre trouve d’ailleurs qu’il est mal récompensé. Lui, qui, depuis pratiquement un an force, la main au gouvernement pour payer des salaires (environ trois milliards GNF le mois) à des salariés d’une entreprise qui a cessé de fonctionner depuis.

Sodiacom intervient sans agrément de l’ARPT

Sodiacom, gérée par un certain Justin Traoré, est une entreprise de droit guinéen créée en 2005, spécialisée dans l’installation, le conseil et le suivi des réseaux de communication. C’est elle qui a été commise par Eti et Orange, notamment pour exécuter leurs travaux. C’est justement à l’occasion qu’elle est accusée par les techniciens de la Sotelgui d’avoir fait des interventions sur les installations de celle-ci en toute illégalité. Ce que réfute le département des Télécommunications qui brandit des contrats signés entre Sodiacom et la Sotelgui courant 2011 et 2012. Ces contrats, selon nos informations, échus, sont paraphés par Moussa Keïta ci-devant directeur de la Sotelgui et son conseiller juridique. Un des contrats fait tout de même état ‘’d’exécution des travaux de génie civil, de pose, de raccordement et de test de la fibre optique pour l’interconnexion du câble sous-marin à la station d’atterrissement de Kipé”

Un autre contrat liant la Sotelgui à Eti, un fournisseur d’internet, indique que dans les opérations, ‘’les chambres contenant les fibres de la boucle et les jointures d’accès aux brins de la boucle de fibre optique sont exclusivement contrôlés par le fournisseur (Sotelgui, NDLR). L’opérateur (ici, Eti, NDLR), ne peut procéder à aucune intervention dans ces chambres. Seul le fournisseur pourra procéder à l’ouverture et fermeture des chambres de jointure”. En plus, ‘’pour les autres chambres de canalisation, l’opérateur ou son sous-traitant peut accéder avec un technicien du fournisseur afin de superviser les interventions”. En plus d’aller au-delà des clauses contractuelles -car selon les techniciens de la Sotegui, Sodiacom ne se donne aucune limite dans ses interventions-, l’entreprise de M. Justin Traoré n’a, selon nos enquêtes auprès de l’autorité de régulation des postes et télécommunications, aucune autorisation d’importation de matériels de communication encore moins leurs installations en Guinée. M. Traoré que nous avons plusieurs fois joint au téléphone pour plus d’explications, ne daigne apparemment pas nous rencontrer. Le rendez-vous renvoyé sans cesse aux calendes…justines, pardon, grecques !

Areeba, Eti et Orange continueraient à payer la Sotelgui…

Cette affaire semble être un des multiples scandales auxquels les postes et télécommunications nous ont habitués ces derniers temps. La preuve ? Pendant que la Sotelgui est en arrêt, ses installations fournissent des services régulièrement payés par des opérateurs qui ont commis Sodiacom à la tâche. Selon nos informations qui ne sont pas confirmées par le cabinet du ministère des Postes et télécommunications, Areeba, Orange et Eti continueraient de payer des prestations à la Sotelgui. Le dernier payement de ces trois sociétés à la Sotelgui s’élèverait à environ six milliards ! Pour rappel, les travailleurs de cette boite, depuis trois mois, ne perçoivent pas un kopeck au titre du salaire. Question : Qui utilise ces fonds pendant que l’Etat comme un beau diable se battait pour trouver trois milliards et poussière tous les mois pour payer les salaires ?

Ibrahima S. Traoré

Source: http://www.africatime.com

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