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alcatel_lucentLes affaires repartent. Au quatrième trimestre, le numéro un mondial des équipementiers de réseaux télécoms, Ericsson, a retrouvé le chemin de la croissance. Son chiffre d’affaires a progressé de 5 %, à 7,77 milliards d’euros. L’inflexion est de bon augure pour 2013. L’essor de la 4G dans le monde et la vigueur de la demande d’équipements aux Etats-Unis, en Chine et au Brésil pourraient offrir des jours meilleurs à cette industrie très cyclique. Gartner prévoit que le marché va s’améliorer de 2,3 % en 2013, à 79 milliards de dollars, alors qu’il a chuté de 6,6 % l’an dernier. Infonetics Research s’attend même à une hausse de 13 %, arguant que les opérateurs vont bénéficier d’un rattrapage, après l’attentisme sur les commandes. Les analystes de JP Morgan sont, eux, plus prudents et tablent sur une croissance de 0,3 %. « L’année 2012 a été très partagée », a déclaré hier aux « Echos » Hans Vestberg, le PDG du groupe suédois. Les ventes de services et de solutions (multimédia, logiciels de gestion de coeurs de réseau) ont progressé, tandis que les ventes de matériel baissaient. Mais ces dernières sont reparties à la hausse au quatrième trimestre (+ 9 %).
En tout cas, les profits ont souffert en 2012, même pour le leader. La marge opérationnelle d’Ericsson hors coentreprises (Sony Ericsson, qui a été vendu, et ST-Ericsson, qui est à vendre) est passée de 9,6 % à 6,4 %. Et le résultat net a été divisé par plus de deux, à 685 millions d’euros. « Notre profitabilité a baissé parce que nous avons investi dans les parts de marché et la R&D », explique Hans Vestberg. En effet, Ericsson est passé de 32 % à 38 % du marché total de l’accès radio en un an. Le groupe s’est concentré sur la modernisation des réseaux, notamment en Europe – une activité faiblement margée, mais qui permet de se positionner pour les déploiements 4G à forte valeur ajoutée. « Par ailleurs, nous investissons 15 % de notre chiffre d’affaires en R&D car nous voulons rester le numéro un dans les infrastructures mobiles, où nous sommes deux fois plus gros que nos poursuivants directs », a expliqué Hans Vestberg. Huawei et Nokia Siemens Networks (NSN) arrivent en deuxième position ex aequo, avec près de 21 % de part de marché.
Ericsson n’est pas le seul équipementier à sentir le vent tourner. Son concurrent NSN a également enregistré sur le quatrième trimestre une hausse de 5 % de son chiffre d’affaires (4,99 milliards d’euros), limitant ainsi à 2 % son effritement sur 2012. Le groupe germano-finlandais s’inflige depuis plus d’un an une sévère cure d’amaigrissement, avec 17.500 suppressions de postes programmées. Depuis le troisième trimestre 2012, il renoue avec les profits et augmente ses parts de marché.
L’insolente santé de Huawei
Mêmes signaux positifs du côté chinois. ZTE a vécu une année très difficile, puisqu’il devrait enregistrer une perte pour la première fois en dix-sept ans, d’un peu plus de 400 millions de dollars. Mais le groupe a déjà annoncé un retour aux bénéfices dès le premier trimestre – redressement très attendu en particulier chez les actionnaires salariés, habitués à compléter leur salaire avec de substantiels dividendes.
Quant à Huawei, c’est l’exception parmi les équipementiers. Le groupe chinois a continué à croître de 8 % en 2012 alors que le marché rétrécissait. Avec un chiffre d’affaires de 26,18 milliards d’euros, il est en passe de ravir la première place à Ericsson (26,47 milliards d’euros). Le groupe prévoit de croître de 10 % en 2013 sur un marché en hausse de 5 %. Il mise à fond sur la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, qui pèse plus lourd que la Chine dans son chiffre d’affaires. « Nous allons bénéficier de l’essor de la 4G et de l’amélioration de la conjoncture, à partir du deuxième semestre en Europe », a expliqué aux « Echos » François Quentin, le président de Huawei France.
Alcatel-Lucent fait du coup figure de véritable inconnue. L’équipementier publiera ses chiffres la semaine prochaine. L’offre de crédit de Goldman Sachs a été sursouscrite. Mais le groupe risque de perdre le contrôle de ses brevets s’il ne parvient pas à rembourser les échéances. Une véritable épée de Damoclès.

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