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arpt_guineeQuel utilisateur d’un téléphone portable GSM en Guinée n’a pas été étonné de recevoir un appel international alors que c’est un numéro de téléphone local qui s’affiche sur son portable ? Bienvenue dans le monde de l’appel international frauduleu x, rendu possible grâce aux performances d’un petit bijou technologique appelé Simbox, minuscule appareil capable de transformer la voix sur IP (reçu sur le Net) en appel téléphonique sur le réseau GSM !

Le fraudeur a juste besoin, pour commettre sa sale besogne, d’une bonne connexion internet pour recevoir les voix sur IP et des cartes SIM bien chargées dans le Simbox, pour initier les appels locaux.

La supercherie est simple, efficace et surtout redoutablement juteuse. Elle tourne autour de 5 millions de minutes chaque mois, soit le ¼ de l’ensemble des appels entrants sur la Guinée, selon nos enquêtes. Le manque à gagner est d’un million quatre cent mille dollars (1.400.000 USD) chaque mois pour les opérateurs téléphoniques et l’Etat guinéen, montant que se partagent les fraudeurs, au gré de la performance de leurs simbox, selon nos enquêtes.

En vérité, l’indicatif 224 de la Guinée fait l’objet de toute sorte de fraudes depuis qu’un arrêté conjoint daté du 29 mai 2009 du ministre des PTT Mathurin Bangoura et celui des Finances Mamadou Sandé, a fait passer le tarif des appels sur la Guinée, à 0,28 cent dollar par minute. Alors que ce tarif variait jusqu’alors entre 0,12 cent dollar et 0,16 cent dollar la minute, selon les opérateurs.

Les autorités guinéennes avaient justifié cette mesure par la nécessité de mettre en place d’une plate-forme des appels entrants à travers une nouvelle technologie appelée STP (Signaling Transfert Point), dont la gestion a été confiée à une obscure compagnie étrangère dénommée Global Voice Group.

Cette hausse vertigineuse qui a fait de la Guinée la destination la plus chère de la sous-région, selon nos informations, n’a pas uniquement profité aux fraudeurs. En effet, selon nos sources, les nouveaux tarifs ont surtout bénéficié à l’autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) et son opérateur technique Global Voice qui empochent 0,12 cent dollar sur chaque appel sur la Guinée soit un million huit cent mille dollars (1.800.000 USD) par mois !

L’arrêté conjoint justifiait ce surcoût par la lutte antifraude que doit mener l’ARPT (0,35 dollar) et par le coût des investissements réalisés par Global Voice (0,7 dollar).

En mai 2010, le PDG de Global Voice Laurent Lamothe dans une interview accordée à la presse se vantait d’avoir mobilisé quarante deux millions de dollars américains (42 000 000 USD) entre septembre 2009 et mars 2010.

Les opérateurs GSM restent dubitatifs sur les performances de l’ARPT et de Global Voice dans la lutte contre les fraudes. « Les Simbox pullulent partout, et ils sont au courant. Que font-ils pour arrêter cela ? Rien ! Alors qu’ils empochent de l’argent », fulmine un responsable d’une compagnie de téléphonie cellulaire, requérant l’anonymat.

« Ce que le PDG de Global Voice ne dit pas, sa compagnie a empoché pour la même période plus de 7 millions de dollars, alors qu’ils n’ont investi qu’à peu près 2 millions de dollars, selon eux », précise un responsable d’une compagnie de fourniture d’accès Internet.

Un responsable de la compagnie Areeba renchérit : « Nous ne comptons pas sur l’ARPT pour lutter contre la fraude, nous avons installé un programme Simbox Killer, qui permet de détruire les cartes Sim qui initient des appels frauduleux sur notre réseau, 5 minutes après l’appel. Détenant 43 pour cent du marché, nous subissions véritablement les effets de la fraude dont nous étions les premières victimes à cause de notre poids. D’autres opérateurs comme Intercel n’ont pas ce système, c’est pourquoi les « simboxers » passent par ce réseau, c’est pourquoi les appels entrants aujourd’hui commencent généralement par 63 ».

Certains experts en télécommunication proposent leurs solutions. « Il faut que les entreprises de télécommunications renforcent leur mécanisme de contrôle dans leurs régies financières. Mais, surtout, l’ARPT doit rester stricte : tout achât de puces téléphoniques doit être soumis à la délivrance d’une copie de la pièce d’identité de l’acheteur, comme cela se passe partout ailleurs. Ainsi, les opérateurs peuvent poursuivre les fraudeurs. L’ARPT doit amener tous les opérateurs téléphoniques à se conformer à cette obligation, sous peine de sanctions financières ».

A moins que l’ARPT ne soit en complicité avec les fraudeurs. Mais, ça c’est une autre histoire.

[readon1 url=”http://www.guineenews.org”]Source :guineenews.org[/readon1]

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