Vous avez pris fonction il y a 6 mois, et pendant tout ce temps, on ne vous a pas entendu sur votre vision sur la Commission de protection des Données Personnelles (CDP). Pourquoi avez-vous attendu jusqu’à ce moment pour briser le silence et communiquer ?

Merci c’est vrai, cela fait 6 mois et ça constitue une étape importante pour moi .Je viens d’arriver dans ce service important et j’ai voulu prendre le temps de m’imprégner. J’ai voulu prendre le temps de connaitre mon affaire ; de réfléchir sur les dossiers, de voir un petit peu la loi et me l’approprier, de regarder la stratégie qui a été mise en œuvre, il y a deux ans, par mon prédécesseur, Docteur Mouhamadou Lo, que je salue au passage. Et de voir comment moi, je vais prendre la relève et continuer le processus tout en l’enrichissant. Donc cela m’a vraiment demandé un certain retour sur moi-même, retour sur certaines choses qui ont été faites, retour sur la loi pour une bonne imprégnation des dossiers avant de pouvoir sortir et de dérouler mon plan d’actions.

Vous vous êtes imprégnée des dossiers. Que comptez- vous faire à la tête de la CDP ?

Ce que je compte faire et j’ai commencé à le faire d’ailleurs, c’était d’abord de mettre en place une campagne de communication. Lorsque j’ai regardé les dossiers et que je me suis imprégnée des missions de la CDP, j’ai compris ce que l’on attendait de la CDP. Et j’ai vu et constaté le travail qui a été fait en termes de traitement des dossiers, des traitements de déclarations, en termes de traitement des usagers aussi bien responsables de traitement que des citoyens qui viennent à la CDP pour demander des avis, demander des conseils ou simplement porter plainte. Il a fallu maintenant, que je me dise quelle est la prochaine étape. Nous avons dans la loi deux missions précises : la première était de faire que les déclarations soient faites de la part des responsables de traitement ; mais une autre mission est de contrôler que ces déclarations soient conformes et restent conformes dans le long terme. En effet, il ne s’agit pas qu’ils soient conformes pendant un mois après une autorisation, il faut qu’ils restent conformes dans le long terme avec la loi. Il faut également que ceux qui mettent à leur disposition leurs données personnelles c’est-à-dire les citoyens, à savoir vous, moi, tout le monde nous connaissons nos droits. Donc il a fallu, d’une part faire un contrôle a priori de qu’est ce qui se passe au niveau du traitement. Et comment faire pour que le traitement soit bien fait et que les déclarants, des responsables de traitement, ils se conforment absolument a la loi et qu’ils agissent conformément à la loi également dans le terrain. Mais il faut faire également dans un avenir proche pour que le contrôle a posteriori puisse se faire. J’ai, donc à mon arrivée, décidé de mettre en place la Direction du Contrôle et de la Vérification et donc les contrôles dans les sites, c’est-à-dire dans les entreprises privées, dans les entreprises publiques vont se faire. Nous attendons un expert, puisque nous avons fait une formation dans nos services rattachés. Nous attendons un expert de la CNIL, c’est-à-dire de la CDP française, qui va venir deux jours pour faire la formation pour les Commissaires de la CDP. Parce-que les commissaires vont faire partie prenante aux missions de contrôle et, une fois que cette formation sera faite, nous entamerons les missions de contrôle ; donc c’est un chantier important pour nous.

Concrètement comment les missions de contrôle vont se dérouler sur le terrain ?

Les missions de contrôle : avant d’aller sur le terrain, il y a un travail préalable à faire. Le premier travail, c’est d’aviser, d’informer le Procureur ; il faut absolument faire une lettre au Procureur. Ensuite, il faut préparer tous les papiers : les ordres de missions, les procès-verbaux, donc pour dire que nous arrivons et voilà ce que nous avons l’intention de faire. Donc tous ces papiers doivent être signés dès notre arrivée sur le site par le responsable du traitement ou par le responsable de la structure. C’est à eux de voir de voir maintenant, une fois que ces papiers ont été signés entre nous qui attestent donc que la CDP qui est là, qu’elle a le droit d’être la et nous allons entamer le traitement. A ce moment-là, nous allons commencer à rentrer dans le listing, les fichiers qui seront traités. Nous commençons à vérifier, à auditer, à contrôler la manière dont ces fichiers sont manipulés. Comment est-ce qu’ils sont stockés ? Qui est ce qui a accès à ces fichiers ? Est-ce que ces fichiers restent confidentiels ? Est-ce que ces fichiers vont être conservés et pendant combien d’années ? Est ce qu’il y a un sous-traitant qui a aussi accès à ces fichiers ? Est-ce qu’il y aura un transfert par rapport à ces fichiers ? Est-ce qu’ils seront transférés dans un pays tiers ? Tout cela nous le contrôlons et nous le faisons en adéquation avec les obligations légales. Une fois que c’est fait, nous signons un procès-verbal de fin de mission et la structure signe et nous signons. Et ensuite, nous emmenons tous nos papiers, toutes les photocopies que nous avions faites, tout ce que nous avons pu recueillir dans nos clés USB. Et à ce moment-là, nous allons revenir au niveau de la CDP et nous allons faire une étude exhaustive de tous ces documents. Si on estime que tout c’est bien passé et que le traitement s’est passé dans les termes adéquats, le dossier est classé et on félicite la structure. Et si maintenant il y a un problème, à ce moment-là, on intervient au niveau de la Session Plénière et des commissaires. Après en avoir délibéré au niveau de la Session Plénière, on porte le dossier au comité de sanction. Le comité de sanction est composé de trois commissaires choisis parmi tous les autres qui œuvrent exclusivement et réétudient le dossier sur la base des commentaires et avis qui ont étaient émis pendant la Session plénière, et, décident de la sanction qui doit être prise. La sanction peut être administrative, pécuniaire mais peut être également pénale. Donc comme cela que ça va se passer.

Vous l’avez dit tantôt la sanction peut être administrative, pécuniaire, pénale. A combien peut s’élever la sanction pécuniaire par exemple ? Ou pénale, qu’est-ce que vous pouvez nous dire ?

Oui, la CDP en elle-même a donc une prérogative de sanctions administratives. Il s’agit de l’avertissement, de la mise en demeure, de l’interdiction du traitement pour une durée déterminée ou alors pours toujours. On peut décider que ce traitement doit être arrêté et ne doit plus être continué. La CDP a également une possibilité de sanction pécuniaire qui va de 1 million de francs CFA à 100 millions de francs CFA selon la gravité de la faute. Maintenant, si nous décidons que c’est assez grave pour saisir le Procureur ; lui a de son côté a la possibilité de sanctions pécuniaires qui vont de 100 milles francs CFA à 10 millions francs CFA. Mais en plus de cela, il a une possibilité d’infliger une sanction privative de liberté.

‘’ Maintenant, il est évident qu’il faut une large vulgarisation de la loi pour que toutes les personnes qui collectent des données sachent qu’elles ont une obligation de déclaration, une obligation de sécurisation de ces données, une obligation de confidentialité de ces données’’.

Les données médicales, judiciaires ethniques, religieuses dites des données sensibles posent préjudice à certains citoyens. Que faut-il faire pour que les entreprises se conforment à la loi en vigueur ?

Alors, deux choses : il faut les y appeler. Il faut appeler les entreprises qui ne l’ont pas encore fait. Il faut appeler les administrations qui ne s’y sont pas encore arrivées avant, à venir faire leurs déclarations. Donc nous faisons ce que l’on appelle un appel à déclaration. Nous écrivons et nous expliquons la mission de la CDP : qu’elle existe et voilà sa mission, voilà les obligations légales qui vous incombent et nous vous demandons de vous rapprocher de nous. Nous vous expliquerons mieux et nous vous accompagnerons pour pouvoir remplir vos obligations légales. Donc, nous faisons des appels a déclarations, sinon lorsque nous avons une plainte d’un citoyen sur tel ou tel fait par rapport à ses données personnelles mal traitées ou traitées de façon frauduleuses ou délictueuses ou illicites ; à ce moment-là, nous allons directement vers la structure concernée. Nous lui demandons une explication, nous l’appelons dans nos locaux quelques fois pour lui parler et l’entendre, et, nous lui disons qu’il faut absolument déclarer vos données de telle ou telle manière. Et nous l’informons de la loi et donc des obligations qui lui sont dévolues. Maintenant, il se peut également qu’une société déclare ces données de façon tout à fait normale et quelques fois de façon spontanée. Et en faisant la déclaration, elle déclare un sous-traitant qui a accès à ces données ; à ce moment-là, avant de donner l’autorisation, nous demandons que ce sous-traitant vienne également déclarer avant que nous ne délivrons le récépissé de déclaration. Maintenant, il est évident qu’il faut une large vulgarisation de la loi pour que toutes les personnes qui collectent des données sachent qu’elles ont une obligation de déclaration, une obligation de sécurisation de ces données, une obligation de confidentialité de ces données.

Informer, vulgariser, sensibiliser : est-ce que vous avez les moyens de votre politique de communication ?

Alors, je dois dire tout de suite et c’est bien dommage, que les moyens ne sont pas très importants à la CDP. Mais, je pense que cela peut se comprendre, c’est une institution très jeune, qui démarre. On ne peut pas, dès le démarrage, affecter des sommes colossales, c’est une structure qui démarre. Mais, je pense que les autorités de ce pays mesurent l’importance des données personnelles. C’est pour cela que l’Acte additionnel de la CEDEAO a été adopté par notre pays. La Convention Africaine relative à la cybercriminalité et à la protection des données personnelles a été adoptée par notre pays, la Convention de Budapest relative à la cybercriminalité a été adoptée, la Convention 108 du Conseil de l’Europe relative à la protection des données personnelles et à la cybercriminalité a été adoptée par notre pays. Ils prennent la mesure et je pense qu’il faut que la CDP monte en puissance. Mais, cette montée en puissance, c’est à nous d’en donner l’impulsion. Nous CDP, par notre travail, par notre sensibilisation que nous en faisons, par cette sortie de l’anonymat de la CDP. Parce que je l’ai dit une fois et cela a soulevé un tollé. Je ne connaissais pas les données personnelles ni qu’il y avait une institution dédiée qui est la Commission de protection des données personnelles. Il faut qu’entre nous, nous nous approprions ce que c’est la CDP. Je le dis chaque fois, il faut que la CDP devienne une amie, un compagnon. Un compagnon dans notre appropriation des TIC. On ne peut pas être dans les réseaux sociaux, on ne peut pas vouloir faire partie de cette société de l’information si l’on n’a pas conscience des menaces qui pèsent sur nos données personnelles. Et ces menaces doivent être prises en charge par chacun d’entre nous mais avec l’accompagnement de la CDP. Et je pense que si on arrive petit à petit à comprendre l’importance qu’il y a à se garantir contre toutes ces menaces qui peuvent nous arriver au cours de notre cheminement dans les TIC. Parce qu’il faut le dire, pour chacun d’entre nous, c’est nouveau. C’est un monde nouveau et que chacun explore, et , il faut que chacun doit être conscient qu’il peut y avoir des contraintes, des menaces et des désavantages mais que la CDP est là et que la CDP doit pouvoir accompagner les utilisateurs, doit pouvoir accompagner les gens qui travaillent dans ce secteur pour que chacun soit en confiance et chacun puisse utiliser de façon très positive les TIC dans notre pays. Je pense que dès l’instant que nous allons plus travailler, nous allons nous faire entendre, nous allons faire nos preuves sur le terrain, à ce moment, je pense également, et, au fur et à mesure, nous pourrons également et en même temps réclamer des budgets en accord avec notre travail que nous faisons. Là déjà, je dois le dire, cette année, nous avons eu une rallonge budgétaire et c’est déjà un pas très positif et nous devons continuer comme ça et je pense que ça va continuer comme ça.

Le secteur des TIC va vite. Aujourd’hui, on parle d’objets connectés, de drones, Comment la CDP compte se positionner sur ce champ de l’innovation ?

C’est un champ extrêmement difficile parce qu’il demande des moyens. Nous avons les ressources humaines parce que dans notre pays, c’est ça l’avantage, nous avons des ressources humaines bien formées, nous avons des expertises dans le domaine qui ne demandent qu’à faire des recherches et qu’à rentrer dans ces pistes de l’innovation technologique. Elles ont simplement besoin d’être accompagnées, que les infrastructures soient là, que les budgets pour la recherche soient là. Nous avons l’intention et nous avons dans le département qui va s’occuper du contrôle, nous avons également une division qui va s’occuper des systèmes d’information. Et cette division, c’est elle qui va être en charge de l’innovation technologique. Nous avons un expert qui a fait ses études à l’étranger et qui a véritablement une expertise dans ce domaine, qui a travaillé dans ce domaine à l’étranger et sur qui véritablement j‘ai beaucoup d’espoir. Parce que je sais qu’il peut nous apporter énormément et, déjà, il a commencé à mettre en place tout un dispositif dans notre environnement informatique qui va lui permettre déjà d’asseoir notre système. Parce la CDP, nous n’avions même pas notre serveur propre, toutes nos données sont logées à l’ADIE. Donc nous sommes en train de voir avec l’ADIE, comment faire en sorte que nos données reviennent à la CDP, que nous ayons notre serveur propre et que nous puissions gérons nous-même nos propres données. Cela me semble quand même être le minimum que la CDP puisse faire par elle-même ; et nous avons les ressources humaines pour ce faire. Nous avons besoin d’un peu plus de budget pour permettre de dédier certaines personnes à cette recherche, parce que cela demande du temps, de la concentration, c’est difficile d’être dehors et dedans en même temps, donc tout cela c’est un problème budgétaire. Il faut, comme je le dis souvent, que la CDP monte en puissance, sur le plan de ses ressources humaines et également sur le plan de ses ressources budgétaires.

Le contexte mondial est marqué par le terrorisme, le Sénégal n’y échappe pas, la menace est bien là. Est-ce que les forces de sécurité et de défense peuvent-elles utiliser les données personnes d’une tierce personne pour lutter contre le terrorisme?

Je pense qu’il faut être pragmatique. Lorsqu’on me pose souvent cette question, je me dis, écoutez, dans la protection des personnes et des biens, dans la protection publique, il y a le mot protection. Dans la protection des données, il y a le mot protection et les deux ont mis en place et décidés, donc il y a une volonté politique des plus hautes autorités de ce pays à protéger les libertés individuelles, donc la vie privée des citoyens, donc leurs données personnelles mais également de protéger les libertés publiques et la sécurité publique dans notre pays donc les libertés de tout en chacun d’un point de vue collectif. Ces deux devoirs régaliens de l’Etat doivent être pris en compte. En matière de terrorisme, il est vrai que la sécurité intérieure déclare ses données, elle a le devoir de le faire et elle le fait. Mais il y a quelque chose qui leur incombe personnellement et il faut le leur laisser. Quant à la sécurité du pays, donc ils n’échappent pas à l’obligation déclarative pour les données qu’ils traitent. Que ce soit des données biométriques, des données simples ou plus compliquées, ils n’y échappent pas, ils le déclarent. Il y aussi le fait qu’ils gèrent la sécurité publique du pays et qu’il faut leur laisser la latitude de le faire en toute bonne conscience et en toute responsabilité.

‘’Déclarer votre système de vidéosurveillance vous permet de rester dans la légalité’’.

C’est devenue monnaie courante, l’utilisation des nouvelles technologies telles que la vidéosurveillance. Beaucoup l’installent sans respecter la loi. Quelle est la bonne démarche ?

Alors la bonne démarche, c’est de respecter la loi !

En quoi faisant ?

En se rapprochant de la CDP. Lorsque vous voulez installer une vidéosurveillance chez vous à titre privé ou alors une société veut installer un système de vidéosurveillance, elle doit se rapprocher de la CDP. Et elle doit déclarer cette vidéosurveillance à la CDP. Que la CDP voit si toutes les mesures légales sont respectées avant la mise en place. Parce que la vidéosurveillance, c’est bien, mais, il faut également protéger la vie privée des citoyens. C’est un droit absolu et fondamental de chacun de voir sa vie privée respectée. Le système ne doit pas être installé partout : il y a des zones comme dans les cuisines, les salles de bain, vous n’avez pas le droit d’installer des systèmes dans ces endroits-là. Lorsque ce n’est pas une caisse dans une banque ou d’une société, vous n’avez pas le droit d’installer un système de vidéosurveillance dans les bureaux de vos salariés. Cela est une violation du droit fondamental des citoyens ; donc il y a des choses à respecter. Et déclarer votre système de vidéosurveillance vous permet de rester dans la légalité. La société qui vous l’installe doit également se déclarer auprès de la CDP. Donc il faut déclarer ! Si vous n’avez pas déclaré et qu’il y a une plainte en ce qui concerne votre système de vidéosurveillance, vous êtes dans l’illégalité et vous êtes fautif. Si par hasard, par le plus grand des malheurs, vous avez installé un système de vidéosurveillance sans l’avoir déclaré et que par exemple, vous prenez un voleur qui vient chez vous et vous l’avez vu dans les images de votre caméra. Cet instrument, c’est-à-dire cette caméra-là ne constitue pas une preuve ou encore c’est une preuve qui ne sert à rien, qui est égale à zéro si la vidéosurveillance n’a pas été déclarée. C’est une preuve qui ne peut être acceptée par la justice que si le système de vidéosurveillance a été au préalable déclaré. Donc vous avez tout intérêt, chacun d’entre nous, si nous avons ces systèmes chez nous, ou dans nos locaux ou dans nos bureaux à déclarer nos systèmes de vidéosurveillance.

Des opérateurs de téléphonie mobile ont été avertis, mis en demeure dans le cadre de leurs activités de prospection. Comment faut-il les sanctionner pour qu’ils ne récidivent pas concernant l’envoi des Sms destinés à des consommateurs non avertis au préalable ?

Alors les sanctionner, ce que nous faisons lorsque nous avons une plainte par rapport à la prospection directe qui n’a pas été autorisée, c’est de demander d’abord une explication. Pourquoi il y a eu prospection directe non autorisée puisqu’il y a plainte. Le plus souvent, les opérateurs de téléphonie nous disent, pour nous c’est autorisé, parce qu’il s’agit de nos clients. Ils sont clients chez nous donc nous leur envoyons des messages parce qu’ils sont nos clients. D’accord à ce moment-là, nous leur disons, il faut leur permettre à vos clients de se désinscrire s’ils ne sont pas intéressés par ce que vous leur envoyez. Et donc il y a un STOP qui est obligatoire, une possibilité de les désinscrire gratuitement. Malheureusement, la plupart du temps, il semblerait ce lien de STOP pour se désinscrire marche très peu. Donc nous les appelons, nous les informons, les mettons en demeure de faire arrêter immédiatement cette prospection directe, donc la plupart du temps, ça s’arrête. Il y a eu des cas dont un qui reste dans ma mémoire, où à plusieurs reprises il y a eu comme un harcèlement. La personne, qui se sentait véritablement harcelée, a porté plainte devant le tribunal et l’affaire est pendante en justice.

C’est quoi une donnée personnelle, puisque les Sénégalais méconnaissent leurs données la plupart ?

Alors les données personnelles, c’est tout ce qui vous identifie. C’est votre nom, c’est votre prénom, c’est votre date de naissance, c’est le lieu de naissance, c’est votre sexe, c’est le nom de vos parents, c’est votre carte d’identité nationale, c’est votre carte d’électeur, c’est votre registre de santé, c’est votre carnet de santé, c’est votre compte bancaire ; c’est tout qui peut faire qu’on vous identifie comme monsieur tel ou madame telle. Tout ce qui peut vous identifier de manière directe comme une photo ou de façon indirecte comme par exemple, le numéro d’un compte bancaire ; tout cela fait partie de vos données personnelles et doivent être géré par vous de façon responsable pour ne pas les mettre à disposition de n’importe qui, de n’importe comment et également par les responsables de traitement qui doivent être responsables pour les gérer dans la sécurité et dans la confidentialité.

Propos recueillis par Ismaïla Camara (RFM)

Avec cinq mois de retard sur le calendrier initial, la 4 G devrait être enfin commercialisée au Sénégal dans le courant du mois de juillet. Mais ne nous réjouissons pas trop vite de toutes les nouvelles possibilités qui vont s’offrir à nous grâce à ce réseau à très haut débit, l’affaire n’est pas encore tout à fait réglée.

Obligation d’une couverture numérique plus étendue

D’après l’Agence Ecofin, la Société nationale des télécommunications (Sonatel) du Sénégal, et les opérateurs de téléphonie mobile auront l’obligation de mieux desservir le territoire national, une fois la licence 4G acquise. En effet, à l’heure actuelle, les zones couvertes par le réseau sont inférieures aux zones non couvertes. De plus, la qualité du réseau 3 G n’est pas encore très au point, avec de grandes disparités selon les quartiers, les régions. Comment envisager alors que l’étape supérieure vers le très haut débit puisse être efficiente ? Abdou Karim Sall, directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et de la poste (ARTP) a précisé, à l’issue d’un atelier sur la problématique de la mise en œuvre d’un ‘’roaming free’’ au Sénégal, organisé ce 12 juillet 2016, que « l’objectif du développement de la 4 G est fournir des services télécoms très haut débit à tous ». Cette volonté avait été déjà affirmée par le président de la République, Macky Sall, en marge de la cérémonie d’inauguration du centre de services numériques du groupe Atos, le 23 juin 2016, qui avait déclaré : « nous veillerons à ce que des objectifs de couverture vous soient assignés avec une prise en charge spécifique au niveau des zones frontières afin d’accompagner la mise en œuvre du nouveau Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) récemment initié. Il est essentiel que la périphérie soit couverte d’abord pour des raisons de sécurité nationale ». Ledit programme Puma, lancé par l’Etat, dans lequel les télécommunications occupent une place centrale, repose sur la sécurité frontalière, le désenclavement routier, fluvial, maritime, téléphonique, numérique, et le développement durable.

Un processus d’attribution complexe

Le chemin vers la 4 G n’a pas été simple. Depuis l’annonce de son lancement par la SONATEL, le 10 octobre 2013, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a commencé par octroyer des autorisations temporaires aux trois opérateurs de téléphonie mobile pour leur permettre faire d’effectuer des tests, pour une période qui s’est prolongée jusqu’au 31 mars 2015. En avril 2015, l’ARTP a lancé un appel d’offres pour être accompagnée pour l’attribution de la licence et des fréquences, et a retenu des cabinets marocains et tunisiens. En novembre 2015, l’ARTP a publié un appel à candidatures pour l’attribution de licences et de fréquences. A la date limite de réception des offres du 18 janvier 2016, aucune n’avait été déposée par les opérateurs. Finalement l’ARTP a annoncé ce 21 juin 2016 avoir accordé deux fréquences 4G à la SONATEL pour la somme de 32 milliards de FCFA et renouvelé, et sa concession pour la somme de 68 milliards de FCFA.

Une commercialisation aux modalités contestées

La décision de la Société nationale de télécommunication (Sonatel) de mettre en vente les puces 4 G à 1000 francs Cfa est contestée par l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen). D’après son président Momar Ndao, « Ce n’est pas normal, parce que c’est une augmentation tarifaire. Cela constitue même un frein pour la pénétration de la 4 G au Sénégal. Même si la Sonatel devrait changer la carte sim pour permettre aux gens de pouvoir consommer la 4 G, et de payer, commercialement, ce n’est pas une bonne option, parce que la 4 G aujourd’hui n’est pas un luxe mais une nécessité. Son acquisition a été faite, son accessibilité ne devrait pas être bloquée par des astuces “ (Walf quotidien). Momar Ndao, qui menace de saisir l’ARTP, revient sur la mauvaise qualité de la 3 G et interpelle la Sonatel sur l’efficacité de la nouvelle puce ” L’organe de contrôle doit veiller à ce que la qualité de service de la 3 G avant même l’arrivée de la 4 G demeure. On milite pour que la qualité” des services continue pour la 2 G, 3 G et la 4 G ”.

Effectivement, on peut se demander si la mise en fonction de la 4G ne va pas créer des troubles dans le réseau déjà existant.

Vers un développement de nouveaux secteurs de développement ?

L’internet a très haut débit est indéniablement un facteur de développement de taille, comme cela a été évoqué lors de la deuxième édition du Game Camp summer, événement dédié aux jeux vidéo et au monde virtuel dans dix pays africains, organisé par l’Institut Goethe à Dakar. Selon l’APS, Kofi Sika Latzoo, président d’IGDA Sénégal et co-fondateur du Game Camp ’’Au Sénégal, nous avons plus de 500 joueurs. Donc, le lancement de la puce 4G avec un haut débit permettra à ces jeunes de participer à des compétitions internationales de jeux vidéo organisée chaque année, parce que le jeu ne peut pas se faire sans une bonne connexion’’. Il a mit l’accent, lors de la conférence de presse, sur les débouchées de l’industrie du jeu vidéo, première industrie culturelle au monde avec un chiffre d’affaires de 99 milliards de dollars en 2017 et environ 4000 emplois créent en France. Le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud, la Tunisie et l’Algérie sont les pays africains qui figurent dans le top mondial des 100 pays leaders du jeu vidéo, a-t-il renseigné.

Ainsi, la 4 G pourrait donner un formidable élan à l’émergence du Sénégal, dans bien des domaines, et en révolutionner l’économie numérique. Encore faudrait-il qu’elle soit accessible au plus grand nombre et fluide, ce qui n’est pas encore tout à fait gagné.

« Work in progress », donc…

Par Laure Mamécot
Source : Au-senegal.com

En 1997, pour accompagner le développement du secteur des télécommunications, l’État du Sénégal avait pris une décision souveraine en signant un partenariat stratégique entre Sonatel et France Télécom.

A la veille du 20ième anniversaire de ce partenariat, nous sommes fiers de constater que Sonatel est le seul opérateur historique africain à avoir réussi une croissance externe aussi importante avec un partenaire stratégique qui ne détient pas la majorité du capital (cf cas Maroc Télécom, CI télécom, Mauritius télécom).

Dans cette stratégie d’internationalisation du groupe Sonatel, il est indéniable que le soutien du Partenaire stratégique France Télécom Orange a été et demeure encore décisif.

Toutefois, au moment où cette croissance externe redécolle avec la conclusion de l’acquisition de Airtel Sierra Léone et cela, grâce au soutien de l’Etat du Senegal et du Partenaire stratégique, la raison doit nous pousser à mobiliser toutes nos énergies sur les sujets d’avenir pour pérenniser Sonatel comme leader national et sous régional. Toute autre attitude serait contreproductive pour le Sénégal en général et pour Sonatel en particulier.

Aujourd’hui, d’autres pays de la sous région se donnent tout naturellement des ambitions identiques aux nôtres vu les excellentes performances du groupe Sonatel, résultats de choix stratégiques faits sur la seule base des intérêts du groupe et du secteur.

Force est de constater que, malgré le poids important du partenaire stratégique dans le capital, le groupe Sonatel ne comptait au Sénégal en 2015, que 4 expatriés français sur un effectif de 1800 salariés, dont un seul siège dans le Comité de direction.

Par ailleurs, il est aussi avéré que le groupe a, dans la durée, contribué de façon très significative aux recettes de nos États et donc au développement de nos pays de présence.

Ainsi, sans tenir compte des revenus perçus par les salariés, le groupe Sonatel a rapporté en 2015 :

  • 250 milliards à l’Etat du Sénégal
  • 100 milliards aux entreprises sénégalaises
  • 70 milliards au groupe Orange (France Telecom).

En tant que cadres, Sonatéliens et citoyens sénégalais, nous espérons que le groupe Sonatel continuera de jouer son rôle d’entreprise leader et citoyenne, aligné sur sa stratégie de rapprocher toutes ses parties prenantes de ce qu’il leur est essentiel, et ce, grâce à la vision dont a toujours fait preuve notre management.

Dakar, le 11 août 2016
Un groupe de cadres Sonatéliens

La presse en ligne Sénégalaise va droit vers un changement radical de configuration. L’Association qui réunit l’essentiel des acteurs (APPEL, en l’occurrence) a décidé, au terme d’un atelier de travail étalé sur 72 heures, de mettre en selle un référentiel aux fins de labellisation. Une charte d’éthique et de déontologie adaptée à l’environnement des médias numérique sera proposée pour amoindrir les dérives, en plus de la mise en place d’un cadre d’exercice et de pratiques professionnelles pour un journalisme en ligne crédible.

Afin d’obtenir un document de base de qualité et des conclusions motivées pertinentes, plusieurs expertises seront mises à contribution.

La presse en ligne Sénégalaise (ou du moins les 53 sites qui composent ‘’ APPEL’’) mobilise pas moins de 2 000 000 internautes, en dehors de la diaspora. Aujourd’hui, il existe environs 200 médias numériques allant des Agences de presse aux journaux en ligne en passant par les portails et les Web Tv. Cette création désordonnée de supports n’est pas sans conséquence néfaste pour le journalisme en général, parce que n’étant assujettie à aucun préalable juridique ou administratif conséquent et n’exigeant aucunement de gros investissements financiers en amont.

Il s’agira, selon les organisateurs réunis à Saly, de changer la donne. Sont attendues plusieurs personnalités dont la députée Hélène Tine, le directeur de l’Artp Abdou Karim Sall, El Hadj Hamidou Kassé, actuel ministre en charge de la communication de la Présidence de la République, Yakham Mbaye, le secrétaire d’Etat à la communication et plusieurs experts et professeurs…

Source : APPEL

Basile Niane est avant tout un passionné du web et des TIC au point d’en faire son métier.

Membre fondateur du Réseau des blogueurs au Sénégal, il finit par décrocher le prix du meilleur blogueur TIC de l’année 2014. En plus du blogging, il a plus d’un tour dans son sac. Journaliste, consultant, formateur web 2.0 et CEO de Socialnetlink.org. Ce dernier est non seulement une Agence de communication digitale mais c’est aussi un site web axé sur les TIC dont l’objectif est d’être le numéro un  en qualité de contenus technologiques au Sénégal.

C’est ce passionné du web, Basile Niane, qui nous livre son expérience de blogueur et également une analyse de l’évolution du​ ​secteur​ ​des​ ​TIC​ ​au​ ​Sénégal.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience de bloggeur et quel est votre objectif à travers la création de Socialnetlink.org ?

Je n’aime pas trop parler de moi. Malgré cela, je vais essayer. Pour résumer, je dirai que j’ai débuté le blogging vers les années 2004. A cette époque, il n’y avait pas encore  beaucoup de blogueurs au Sénégal. C’était le temps des skyblogs, Hi5, 123love etc. où​ ​on​ ​aimait​ ​poster​ ​des​ ​photos​ et ​tchater. Par la suite, j’ai changé de cap avec l’évolution de la technologie, je me suis intéressé à la recherche sur internet. Au fur et à mesure, l’envie de découvrir d’autres perspectives naissait en moi surtout avec l’apparition des nouveaux gadgets technologiques. C’est  ainsi que j’ai commencé à bloguer, partager ma passion. Avec ce blogging j’ai pu construire ​mon réseau, voyager partout dans​ ​le​ ​monde,​ ​​ ​travailler​ ​avec​ ​​ ​plusieurs​ ​marques​ ​et​ ​lancer​ ​ma start- up.

Mon objectif en commençant le blogging était d’être le meilleur blogueur TIC au Sénégal.  C’est grâce à cette conviction que j’avais créé le premier blog des TIC au Sénégal (Sénégalmedias) devenu​ ​aujourd’hui​ ​​Socialnetlink.

Cette nouvelle plateforme que j’ai lancée avec d’autres associés est née d’un constat : au Sénégal, sur plus de 150 sites web répertoriés seuls 3 ou 4 sont dans la diffusion​ ​de​ ​l’information​ ​technologique.

Pourtant, notre pays est l’un des plus connectés en termes d’infrastructures ou de connexion haut débit en Afrique. Nous sommes plus de 6 millions d’abonnés à internet sur une population de plus de 14 millions d’habitants. Ce qui veut dire que la moitié de la population dispose d’une connexion internet mobile avec un taux de pénétration de plus de 100% et plus d’1 million d’inscrits sur le​ ​réseau​ ​social​ ​Facebook.

Dès lors, nous nous sommes dit qu’il serait dommage de ne pas avoir une plateforme complète pour pouvoir relier les bonnes actualités qui touchent la technologie en ​temps réel. C’est la raison pour laquelle le projet ​Socialnetlink.org qui regroupe desblogueurs et journalistes spécialistes en TIC, veut combler ce vide​ ​technologique​ ​afin​ ​de​ ​promouvoir​ ​le​ ​contenu​ ​local. Depuis ces dernières évolutions, le trafic de ​Socialnetlink.org continue de progresser​ ​fortement​ ​et​ ​a​ ​pratiquement​ ​doublé​ ​au​ ​cours​ ​de​ ​la​ ​dernière​ ​année.

La plateforme a été primée au concours international ​World Summit Awards qui s’est tenu à Singapour grâce à son contenu innovant.

Nous avons aussi couvert de grands évènements dans le monde IT au Sénégal. Aujourd’hui nous travaillons avec de grandes entreprises sénégalaises et africaines en leur fournissant​ ​du​ ​contenu​ ​de​ ​qualité.  Cela prouve que ce projet a largement sa place dans l’espace de la presse sénégalaise. Notre vision est d’être d’ici 2020 la plateforme tech la plus consultée au Sénégal et en​ ​Afrique.

Socialnetlink

Vous aviez dit dans une ancienne interview « Le blogging n’est pas assez développé au Sénégal… il y a un gap technologique à combler ». Etes-vous toujours du même avis en 2016 ?

Aujourd’hui,​ ​​ ​la​ ​donne​ ​a ​changé. ​Le​ ​blogging​ ​a​ ​connu​ ​​un​ ​boom​ ​partout​ ​en Afrique​​.​ ​On​ ​voit​ ​de​ ​plus​ ​en​ ​plus ​de​ ​jeunes​ ​qui​ ​s’intéressent​ ​à​ ​cette​ ​passion​ ​et qui​ ​en​ ​ont​ ​fait​ ​leur​ ​métier​ ​à​ ​temps​ ​plein. Grâce​ ​au​ ​blogging​ ​beaucoup​ ​d’internautes​ ​gagnent​ ​leur​ ​vie​​,​ ​d’où​ ​l’apparition de​ ​nouveaux​ ​métiers​ ​comme​ ​le​ ​Community​ ​Management ​ou​ ​le​ ​Social​ ​Media Management,​ ​l’Expertise ​en​ ​Web​ ​2.0​ ​etc.

Cependant,​ ​malgré​ ​cette​ ​floraison​ ​de​ ​blogueurs,​ ​il​ ​faut​ ​souligner​ ​​le​ ​manque​ ​de contenu​ ​de​ ​bonne​ ​qualité​ ​au​ ​niveau​ ​local.   ​Et c’est l’occasion pour moi de ​conseille​r ​aux​ ​internautes​ ​qui​ ​veulent​ ​en​ ​faire​ ​un​ ​métier​ ​de​​ ​produire​ ​du contenu​ ​de​ ​​ ​qualité,​ monétisable​ ​pour​ ​le​ ​bien​ ​de​ ​leur​ ​carrière.​ ​Il​ ​ne​ ​sert​ ​à​ ​rien d’être​ ​sur​ ​les​ ​réseaux​ ​sociaux​ ​à​ ​ne​ ​rien​ ​faire.​ ​Pour​ ​moi,​ ​c’est​ ​une​ ​perte​ ​de​ ​temps inutile.​ ​Soigner ​son​ ​image​ ​sur​ ​internet​ ​est​ ​très​ ​important. A un moment donné, il faut savoir ce que l’on veut faire.​ ​La​ ​spécialisation​ ​du​ ​blogueur​ ​​ ​dans​ ​un domaine​ ​précis​ ​est​ ​synonyme​ ​d’ouverture​ ​et​ ​de​ ​consécration​ ​dans​ ​le​ ​travail.

Selon le dernier rapport de la banque mondiale, le secteur des TIC au Sénégal performe moins bien. A votre avis quelles en sont les causes ?

Je​ ​pense​ ​que​ ​le​ ​Sénégal​ ​est​ ​en​ ​train​ ​de​ ​mener​ ​un​ ​travail​ ​extraordinaire​ ​dans​ ​le domaine​ ​des​ ​TIC.​ ​L’envie​ ​de​ ​la​ ​nouvelle​ ​génération​ ​qui​ ​pense​ ​souvent​ ​à​ ​l’auto-emploi​ ​est​ ​très​ ​forte​​. ​Je​ ​n’ai​ ​pas​ ​de​ ​chiffres,​ ​mais​ ​l’entrepreneuriat​ ​prend​ ​de​ ​l’envol​ ​​​dans notre pays. Cependant,​ ​force​ ​est​ ​de​ ​constater​ ​qu’il​ ​y​ ​a​ ​une​ ​lenteur​ ​dans​ ​le​ ​soutien​ ​des jeunes​ ​entrepreneurs​ ​qui​ ​peinent​ ​souvent​ ​à​ ​s’en​ ​sortir. Je​ ​crois​ ​qu’il​ ​y​ ​a​ ​encore​ ​un​ ​gros​ ​travail​ ​à​ ​faire​ ​dans​ ​la​ ​politique​ ​de​ ​l’État​ ​du Sénégal​ ​qui​ ​s’est​ ​modernisé​ ​dans​ ​plusieurs​ ​secteurs​ ​d’activités​ ​touchant​ ​les​ ​TIC. Je​ ​peux​ ​citer​ ​par​ ​exemple​ ​​​le​ ​projet​ ​​ ​Sénégal​ ​Numérique,​ ​la​ ​plateforme de Diamniadio​ ​qui​ ​sera​ ​​ ​la​ ​future ​​ ​Sillicon​ ​Valey africaine.

Basile Niane - Socialnetlink 2

Quelles recommandations pouvez-vous donner pour faire évoluer les TIC au Sénégal ?

Le​ ​développement​ ​des​ ​TIC,​ ​pour​ ​moi,​ ​​passe​ ​d’abord​ ​par​ ​une​ ​politique​ ​sectorielle de​ ​l’Etat​ ​​ ​pour​ ​​ ​le​ ​​ ​développement​ ​de​ ​​ ​​​l’auto​-​entrepreneuriat,​ ​​facteur​ ​de croissance​ ​et​ ​de​ ​progrès​. Il​ ​faut​ ​penser​ ​à​ ​mettre​ ​en​ ​place​ ​des​ ​fonds​ ​​ ​de​ ​soutien​ ​à​ ​l’innovation,​ ​mais surtout​ ​inciter​ ​les​ ​organisations​ ​en​ ​charge​ ​de​ ​cette​ ​question​ à​ ​allouer​ ​des financements​ ​aux​ ​personnes​ ​adéquates​.​ ​L’entrepreneuriat​ ​ne​ ​se​ ​développera pas​ ​​ ​si​ ​l’Etat​ ​ne​ ​facilite​ ​pas​ ​la​ ​tâche​ ​aux​ ​créateurs​ ​d’entreprises. Faites​ ​le​ ​constat,​ ​sur​ ​100​ ​entrepreneurs,​ ​les​ ​70​ ​lâchent​ ​du​ ​lest​ ​après​ ​une​ ​année d’existence​ ​à​ ​cause​ ​des​ ​lourdeurs​ ​administratives,​ ​le​ ​manque​ ​de​ ​soutien​ ​ou​ ​de suivi.

L’autre​ ​problème​ ​réside​ dans l’obtention des marchés ​pour​ ​les​ ​start- up.​ ​Il​ ​est difficile​ ​pour​ ​un​ ​jeune entrepreneur de​ ​gagner​ ​des​ ​appels​ ​d’offres​ ​publiques.​ ​C’est​ ​ce​ ​qui fait​ ​que les jeunes entreprises finissent par disparaître. Le​ ​​ ​secteur​ ​contribue​ ​à​ ​hauteur​ ​de​ ​15‰​ ​du​ ​PIB,​ ​mais​ ​il​ ​souffre​ ​de​ ​plusieurs maux ​qui​ ​ont​ ​pour​ ​nom​s:​ ​accompagnement,​ ​persévérance,​ ​application,​ ​et innovation. Le​ ​marché​ ​local​ ​a​ ​encore​ ​besoin​ ​d’investisseurs​ ​​ ​qui​ ​doivent​ ​​ ​croire​ ​​ ​à​ ​la jeunesse​ ​entrepreneuriale​ ​sénégalaise.

Que pensez-vous d’une éventuelle collaboration entre le Maroc et le Sénégal dans le domaine des TIC ?

C’est déjà une réalité, vu les bonnes relations diplomatiques entre les deux pays. D’ailleurs notre pays sera à l’honneur au Salon sur les Technologies dénommé Aitex-Africa​ ​It​ ​Expo​​ qui​ ​se​ ​tiendra​ ​au​ ​Maroc.

Ce genre de collaboration marque un tournant décisif sur la coopération bilatérale dans le domaine des TIC. En fait, on peut aller même plus loin. A mon avis, nos deux Etats doivent encore redoubler d’efforts dans ce sens en développant le partage d’expériences,  la création de​ ​bourses​ ​de​ ​formation​ ​dans​ ​les​ ​filières​ ​scientifiques​ ​et​ ​techniques​ ​etc. Le Maroc est un pays très avancé dans ce domaine, il faudrait plus de collaboration gagnant-gagnant avec la promotion de la «libre circulation des cerveaux​».

Source : La Dépêche Diplomatique

Sonatel lance le projet dénommé Sonatel WifiZone à Rufisque, aux Parcelles Assainies et à Sacré Cœur/Mermoz, qui sont les municipalités bénéficiaires durant cette phase pilote.

Ce projet est destiné à soutenir l’essor numérique des collectivités locales avec l’accès gratuit au wifi dans des zones publiques.

La Place Gabard de Rufisque a été retenue pour le lancement du projet Sonatel WifiZone ce mercredi 03 août 2016. Elle sera suivie, dans les prochaines semaines, de l’Esplanade de la Mairie des Parcelles Assainies et des deux voies de Sacré – Cœur.

Sonatel WifiZone est un accès Wifi libre et gratuit pour les populations au niveau des espaces publics identifiés par chaque commune. Sonatel procède à l’installation des équipements (routeur, Accès Point, ADSL, switch selon les configurations), à la maintenance du Hotspot, à l’authentification des connexions ainsi que leurs paramétrages de durées, et accompagne la commune bénéficiaire pendant 6 mois dans l’exploitation du service.

Cette installation va faire bénéficier aux citoyens d’une connexion internet haut débit sur les places publiques et les lieux très fréquentés.

La mise en place des centres de services publics numériques par Sonatel viendra compléter les offres des services à valeur ajoutée à la disposition des collectivités locales du Sénégal avec Sonatel WifiZone.

Une solution complète proposée aux collectivités et des bénéfices pour tous

Sonatel a pris en charge la conception d’une étude préalable, l’installation et la recette technique. Ses équipes coordonnent la supervision des équipements et la maintenance dans le temps.

Les bénéfices de Sonatel WifiZone se partagent entre tous les acteurs de cette innovation numérique qui reflète les ambitions de « développer les territoires par la digitalisation ».

Pour la commune, Sonatel WifiZone est un moyen de développement moderne et utile de la fréquentation des lieux publics qui permet d’apporter des services supplémentaires (informations, publicité) avec l’attractivité que constitue la fourniture d’un service d’accès Internet libre, de qualité et hautement sécurisé. La personnalisation du portail d’accès par une signalétique Wifi est pour la Mairie une belle vitrine d’accueil à ses visiteurs.

Pour les utilisateurs, Sonatel WifiZone offre une expérience utilisateur incomparable d’homogénéité avec un accès ouvert à tous types de terminaux (tablettes, Smartphones, ordinateurs, etc.) par la fourniture de connexions multiples.

Avec Sonatel WifiZone, le groupe contribue au développement numérique des Collectivités Locales.

Sonatel Orange WifiZone Rufisque 2

via communiqué

Pour une profonde analyse de l’actualité politique sur internet et mieux  comprendre comment les acteurs politiques utilisent le web dans leurs stratégies, votre média  indépendant s’est rapproché de Aboubacar Sadikh Ndiaye. Il est un expert en stratégie digitale et spécialiste en communication/e-marketing politique. Auteur du Livre PRESIDENTIELLE 2.0, ce spécialiste sénégalais des réseaux sociaux est un analyste averti du champs politique.

Une bonne stratégie digitale est elle nécessaire, pour être parmi les maitres du jeu politique?

Pour ne pas rater un tournant décisif de l’histoire, de toutes les histoires  post-modernes; il faut impérativement disposer d’une stratégie digitale. Et s’adapter aux autoroutes numériques que les usagers empruntent quotidiennement pour accéder à l’information et interagir avec l’opinion publique numérique.

Et cela pour un individu ou  une formation politique ne se limite pas à avoir un site web, à animer un blog ou à figurer sur facebook.

Il faut être un homo-digitalus au sens de la vision, avec une stratégie digitale adaptée et mesurable grâce à des indicateurs de performance. Et pourquoi pas, de devenir le maître du jeu en disposant d’une machine de guerre digitale pourvue de ressources clefs avec une base solide accompagnée d’une offre politique Smart et compétitive.

L’homme politique sénégalais et le numérique ?

Beaucoup de formations politiques ont abandonné les réseaux sociaux et mis hors ligne leur site web au lendemain des dernières élections. Ces dispositifs seront sans doute réactivés à la veille des prochaines élections naturellement pour  recommencer à s’adresser aux sympathisants et électeurs potentiels pour espérer séduire et enrôler.

En général, l’homme politique sénégalais  est votre meilleur ami, votre voisin et parent à la veille des élections. Et disparaitra aussi vite à la proclamation des résultats qu’il soit vainqueur ou pas.

Une forme de communication éphémère ou encore communication occasionnelle pour ne pas dire accidentelle. Les formations politiques ne sont rien d’autres que des marques avec des clients des prospects, des suiveurs et des influenceurs.

Il s’agit d’être présent tout le temps et presque partout (ubiquité digitale) pour interagir, recruter, communiquer, animer les communautés et gérer la relation client. Contrôler pour ajuster et mesurer les actions pour améliorer comme dans une vraie relation ou on écoute plus que l’on ne parle

Le président ou le camp du pouvoir dispose déjà d’une présence dynamique sur les réseaux sociaux majeurs que fréquentent les sénégalais notamment facebook, twitter et youtube. Rappelons que Macky fait partie du top 10 des présidents africains les plus interactifs sur twitter en 2015 selon le magazine Jeune Afrique. Et Aujourd’hui le President Sall dispose d’un compte certifiè sur ce réseau de micro-blogguing mais il y’a des améliorations à apporter. Certains axes révèlent une communication non unifiée et des troupes dispersées comme dans une guérilla. Aucune stratégie identifiable, aucune cohérence parfois, et un Président qui s’auto-glorifie très souvent et réplique aux adversaires comme dans un « ego trip » à l’image de sa toute dernière tournure sur le « lion qui dort » qui a fini par installer un vrai bad buzz sur le web. Grace aux techniques de newsjacking, ses détracteurs l’ont repris et caricaturer sur les réseaux sociaux et cela a été très négatif pour son image de marque. Les exemples se multiplient.

Un Pm qui dément son ministre sur l’identité du demandeur de la « grâce » pour l’affaire karim wade.  Un ministre des finances qui dément son collègue de la justice sur le montant des sommes recouvrées dans la traque des bien mal-acquis. ..

Scandale sur scandale. Une communication articulée autour de démentis et de communiqués de presse afin de sauver ce qui peut l’être. Le président Macky a quand même les moyens d’avoir mieux que ce qu’il possède actuellement. Une bonne coordination des équipes et des prises de paroles, une répartition des rôles dans la parfaite entente pour les différentes sorties. Une veille web et offline pour détecter les crises et anticiper sur les évènements. Un état qui se respecte doit s’arranger pour définir l’agenda disait Dick Cheney plutôt que de recourir à la stratégie dite de Shéhérazade.

L’opposition ne fait guerre mieux. Idrissa Seck réplique à chaque action du président ou du Pds avec une assiduité qui le place désormais parmi ceux qui définissent l’agenda à côté d’un Karim wade. L’ex tout puissant ministre de Wade qui n’a eu lui qu’à croiser les bras et à bénéficier des retombées médiatiques de cette traque dans laquelle il semble être la seule et unique victime « super-star ».

Karim au lendemain de 2012 avait perdu beaucoup de cote mais aujourd’hui cette grande visibilité dont il dispose il le doit a la KARIMERIE, cette machine étatique qui a fini par propulser et positionner Karim wade au point de faire de lui un candidat potentiel pour affronter macky en 2019. Ousmane Sonko suite à sa suspension est aussi entrain de se faire connaître et de vendre l’image de son parti en se positionnant comme victime très soutenue dans les réseaux sociaux. La victimisation peut avoir des retombées pour un homme politique

Nous sommes dans une sorte d’Uberisation de la politique avec une déréglementation totale de la prise de parole politique à cause des médias  sociaux.

Un Samuel Sarr attaque le patron de Rewmi, Idrissa Seck qui pare le coup en lançant des piques à….Macky, la Cojer réplique et dégoupille la grenade Ousmane Sonko et celle de la société civile numérique.

C’est quoi l’Uberisation ? Et quel est son impact sur la prise de décision politique et la société civile numérique

“Parler d’Uberisation de la politique, c’est à peu prés dire que les leaders politiques et syndicaux sont comme nos transports publics. Pas efficaces pour certains, mais avons-nous le choix ?

Et puis un jour, par la force “horizontalisante” d’Internet, tout peut changer.  Comme ce fut le cas du mouvement citoyen NON AU MUR qui a fini par provoquer une décision du chef de l’état.

Ce phénomène dit de la désintermédiation est un facteur d’accélération et de surprise. Aujourd’hui, Uber est devenu un monstre. Peut-être pas un modèle mais il fait son chemin même en politique.

C’est le symbole de la puissance de la désintermédiation quand elle est capable de se structurer. Nous avons été les témoins de l’attentat déjoué en Turquie  grâce à un appel du président via facetime et une mobilisation immédiate de la population par les réseaux sociaux pour descendre sur le terrain et empêcher le putsch. Avec cette désintermédiation les gens cessent d’attendre tout d’en haut et commencent à se tourner les uns vers les autres, à penser tout haut ensemble, mais surtout à agir pour changer les choses.

Et cela ne touche pas simplement facebook mais également les messageries, c’est whatsup, viber twitter ou Snapchat …

Les gens se sont tournés les uns vers les autres en se rendant de leur pouvoir quand ils sont unis pour faire face.

Trump est l’exemple le plus intéressant aujourd’hui de l’ubérisation de la politique.

Il a poussé très loin l’art de parler directement aux électeurs, en prenant en permanence l’initiative, en multipliant les effets d’annonces et les outrances calculées. Ce qui forcément attire l’attention et la réaction des journalistes. Il intervient en permanence sur Twitter, sur Facebook et sur Instagram, des réseaux sociaux qui lui ont valu plus de 12 millions de suiveurs.

Une page facebook, une connexion internet et adieu les intermédiaires du monde politique de l’ancien monde! Aucune muraille ne semble pouvoir résister aux trompettes politiques du web 2.0.

Tout y passe, financement de partis politiques par le crowdfunding, recrutement et interaction avec sa base politique ou encore la validation d’une offre politique de manière collaborative.

Les nouveaux acteurs, les vrais maîtres du jeu, prêts à mettre toutes les chances de leur côté  répondront à ce phénomène d’uberisation par l’innovation. Qui relèvera ce défi majeur et payant ?

Récemment on a constaté une montée de Abdoul Mbaye qui semble avoir une bonne e-reputation. Cela peut il avoir un impact sur ces chances aux prochaines élections?

Abdoul mbaye pour le moment ne fait aucune proposition concrete et se contente de démolir, il avance pour gagner du territoire. Strategie de la terre brûlée

Abdoul mbaye a l’image de karim va certainement être fabriqué par le camp du pouvoir qui va l’attaquer a chacune de ses sorties et cela sera bénéfique pour son capital sympathie.

Mais on attend abdoul mbaye sur plusieurs plans s’il veut se positionner pour 2019. Les sénégalais attendent son offre politique, ses réseaux et ses équipes mais également la vision de l’homme capable de nous faire rêver, de nous faire espérer avec un projet politique capable de rivaliser avec ce qui existe déjà sur la place.

Propos recueillis par Ibra Seck Cassis
Source : Echos2rues.com

Le marché africain, deuxième au monde en termes d’usagers, est le moins bien couvert avec moins de la moitié de la population abonnée à un service mobile. Extension des réseaux en zones rurales, coûts d’accès au service, développement d’offres adaptées aux enjeux locaux figurent parmi les freins signalés par le groupement mondial dinfes opérateurs, GSMA, dans un rapport présenté en Tanzanie fin juillet.

Environ 46 % des 1,17 milliard d’Africains avaient souscrit à des offres de téléphonie mobile à la fin de l’année 2015, soit 557 millions d’abonnés uniques, selon des chiffres présentés par le réseau mondial des opérateurs de téléphonie mobile, GSMA, à Dar-es-Salam du 26 au 28 juillet.

Ce qui constitue un bond de +70,34 % par rapport aux 327 millions d’abonnés uniques de 2010 (31 % des 1,04 milliard d’Africains) alors recensés par le même groupement professionnel. Un chiffre qui va croître encore, pour atteindre 725 millions d’abonnés uniques à échéance 2020, et ce principalement au Nigeria, en Éthiopie, en Égypte, au Kenya, en Tanzanie, en République démocratique du Congo (RDC) et en Algérie.

En nombre de cartes de SIM en circulation, les comptes du marché africain mobile sont encore plus élevés. Les usagers africains, qui possèdent souvent plusieurs cartes, cumulaient 965 millions de SIM à la fin 2015. Ce nombre atteindra 1,3 milliard fin 2020.

L’essor du haut débit

Si les offres 2G continuent de se tailler la part du lion, GSMA table sur une forte croissance des connexions en haut débit mobile, jusqu’à 60 % des offres totales en circulation en 2020 contre un quart en 2015. Au crédit de cette projection, GSMA met en avant les réseaux mobiles 4G dont le couverture a grimpé en flèche. La moitié des 74 réseaux 4G en activité sur le continent ont été lancés depuis moins de deux ans.

Une offre en haut débit mobile croissante qui encourage les acquisitions de smartphone, dont le taux de couverture demeure modeste à 23 % des connexions (226 millions de cartes SIM utilisées via des smartphones fin 2015, ce qui ne reflète pas le nombre d’appareils achetés ou livrés).

Mais les appareils low cost gagnent des parts de marché, aidés en cela par des prix de vente cassés, à 160 dollars en moyenne fin 2015, contre 230 dollars en 2012. GSMA table sur 720 millions de connexions par smartphone (sur 1,3 milliard de cartes SIM en circulation) en 2020.

Plus faible couverture au monde

Autant d’indicateurs qui font de l’Afrique le deuxième plus grand marché des technologies mobiles au monde, derrière la zone Asie-Pacifique, avec 12 % des abonnés uniques mondiaux. Mais, paradoxalement, l’Afrique demeure la moins bien couverte par les réseaux mobiles puisque moins de la moitié de la population est abonnée à l’un de ces services.

Des déserts ruraux

Une couverture relativement faible qui se joue notamment dans les campagnes, sur un continent encore majoritairement rural, là où les réseaux sont encore les plus lacunaires, note le rapport.

Mais ce n’est pas tout, selon un sondage conduit auprès de plusieurs milliers d’usagers dans une dizaine de pays africains, le manque d’aisance avec l’environnement numérique en général (à commencer par l’alphabétisation) ou le manque d’applications adaptées aux problématiques locales (éducation, agriculture… ) disponibles dans les langues du pays sont aussi des freins.

Sans parler des coûts, qui sont également signalés par les clients interrogés.

Sur ce sujet, GSMA met en cause le poids des taxes sur le développement des services mobiles. Et de signaler que l’abolition d’une taxe de 10 % en République démocratique du Congo (RDC) permettrait aux opérateurs de glaner de nouveaux usagers, de générer davantage de chiffre d’affaires et de s’acquitter de plus d’impôts sur les sociétés. Mêmes raisonnements et preuves à l’appui au Ghana, en Tanzanie ou en Tunisie…

GSMA table en effet sur un tassement des marges financières des opérateurs, qui évolueront dans des marchés plus concurrentielles, avec des capacités d’investissement dans les réseaux contraintes. Si les opérateurs pouvaient afficher des taux d’Ebitda moyens supérieurs à 40 % en 2010, ils se rapprocheront des 30 % en 2020, prognostique le rapport du GSMA qui voit la croissance de leurs revenus se ralentir. Ceux-ci se sont tout de même établis à 153 milliards de dollars de chiffre d’affaires cumulé en 2015, et pourraient atteindre 210 milliards de dollars à échéance 2020.

Par Benjamin Polle
Source : Jeune Afrique

7 startups ont été  présélectionnées pour le concours international du World Summit Award 2017 qui se tiendra cette année à Dubai.

Mais  cela n’est qu’une première étape  car les projets  sénégalais sélectionnés seront présentés lors d’un meetup le 2 août 2016 à la Fondation Konrad Adenauer de Dakar avant la publication des 40 gagnants qui seront sélectionnés   par un jury d’experts internationaux durant un processus en ligne à deux tours, et pitchés au Congrès Global du WSA Mobile à Dubai en février 2017.

La sélection pour le Sénégal est la suivante :

Environment & Green Energy – SakanalApp
Learning & Education- ettub wolof
Culture & Tourism – Casa Tour
Business & Commerce – Musik Bi
Inclusion & Empowerment – weebi
Health & Well Being – JokkoSanté
Smart Settlements & Urbanization – Andando

Le World Summit Award (WSA) Mobile est une initiative globale qui évolue dans le cadre et en collaboration avec le Sommet Mondial sur la Société de l’Information (WSIS), UNESCO, ONUDI et UNGAID. WSA est le seul évènement TIC qui atteint les communautés TIC dans plus de 178 pays. L’année dernier la plateforme socialnetlink été primée dans la catégorie E-Média et Journalisme

Source : Socialnetlink

Tout au long de son histoire, l’espèce humaine a toujours dû s’adapter à un environnement en perpétuel changement. De la période des chasseurs-cueilleurs à la révolution industrielle et des services en passant par l’ère de l’agriculture, les changements et les perturbations ont été constants et permanents. De nos jours, les technologies numériques et l’omniprésente connectivité combinées à d’énormes capacités de stockage en constante évolution ont créé une économie du savoir, déclenchant ainsi de grandes transformations jamais soupçonnées.

En seulement deux décennies, nous sommes passés du Web 1.0 où les créateurs de contenus étaient peu nombreux et essentiellement limités aux webmasters, au Web 2.0 où chaque utilisateur devient un acteur du Web et un créateur de contenus. Nous avons créé plus de données au cours de ces deux dernières années que dans toute l’histoire de l’humanité.

Des technologies de plus en plus avancées dans les domaines de la mobilité, de l’internet des objets, du big data, du cloud computing, de l’intelligence artificielle, de l’impression 3D ou encore de la robotique, favorisent des innovations perturbatrices qui remodèlent nos façons de travailler, de consommer, d’apprendre et de nous divertir, et tout cela à une vitesse exponentielle.

La rapidité à laquelle ces technologies changent nos sociétés et modifient notre façon d’interagir avec les autres provoque ces bouleversements communément appelés perturbations numériques – Digital disruption – et occasionne de nouvelles façons de faire des affaires plus profitables aux consommateurs.

Il n’y a pas encore très longtemps, des capitaux colossaux étaient nécessaires à une entreprise pour atteindre de manière significative la concurrence. Ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui, car les innovations « perturbatrices » traditionnelles qui mettaient des décennies à perturber les marchés ont été remplacées par des innovations technologiques dont l’adoption se fait de plus en plus vite. Aujourd’hui, une simple application IPhone peut suffire à perturber une entreprise leader dans son domaine d’activités. Il aura fallu par exemple environ 38 ans à la radio pour atteindre 50 millions d’utilisateurs dans le monde, ce que l’application Angry Bird a accompli en seulement 35 jours.

Kodak qui est pourtant à l’origine du premier appareil numérique et dépositaire de plus de 1000 brevets en rapport avec la technologie numérique, n’a pas su (voulu) adapter son modèle d’affaires à cette technologie. La marge que la compagnie se faisait sur les ventes de pellicules argentiques était si importante que les dirigeants n’ont pas osé remettre en question ce modèle d’affaires pourtant voué à échec inexorable. Résultats des courses, après avoir régné sans partage sur le monde de la photographie pendant près d’une décennie, Kodak assista à la chute vertigineuse des ventes d’appareils argentiques. Ceci entraîna par extension l’effondrement du business de la pellicule argentique et par là même, l’effondrement de Kodak.

La santé est également un des domaines profondément touché par les progrès rapides de la technologie. Par exemple, l’espérance de vie moyenne des nord-américains (Canada, États-Unis) a régulièrement augmenté depuis deux décennies, passant de 76 ans en 1994 à 80 ans en 2014, et elle continue de progresser. Les nouvelles technologies, plus particulièrement les biotechnologies sont en grande partie responsables dans l’amélioration de la vie des nord-américains ainsi que de leur survie.

Les avancées technologiques ont également transformé la façon dont les médecins posent des diagnostics et traitent des maladies. La cartographie du génome humain combinée aux systèmes d’intelligence artificielle et au traitement analytique des données est désormais utilisée dans les procédures de diagnostics. Par exemple, une expérience a été menée par une équipe d’oncologues du « Memorial Sloan Kettering Cancer Center » de New York consistant à utiliser Watson, le célèbre système d’intelligence artificielle d’IBM pour établir des diagnostics et préconiser les meilleurs traitements dans la prise en charge de patients atteints du cancer.

Dans un autre domaine, Blockbuster, qui a jadis été la plus grande chaîne de clubs de location de vidéo au monde, a été dépassée par Netflix sur le marché de la diffusion vidéonumérique en continu. Cet ex-géant américain n’a pas su s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation qui ont bouleversé les codes de la distribution traditionnelle et en l’espace d’une décennie, l’entreprise qui a valu 5 milliards de dollars US à son sommet, a déclaré faillite, emportant avec elle le modèle traditionnel du club vidéo.

Les exemples d’innovations perturbatrices sont nombreux et touchent toutes les entreprises quel que soient leur taille, leur secteur ou leur lieu d’exploitation. On peut également citer Expédia qui a bouleversé le modèle d’affaires des agences de voyage, Uber celui du transport, Amazon celui de l’édition, Skype, WhatsApp celui des télécommunications, Airbnb celui du logement, Kickstarter, Apple pay celui des finances, Spotify celui de la musique, Coursera celui de l’éducation etc.

Toutes ces innovations de rupture qui ont fondamentalement révolutionné leur marché respectif ont comme point commun la rapidité d’innovation, une accessibilité permanente, et une expérience utilisateur centrée sur la mobilité et l’utilisation des réseaux numériques.

Les gouvernements régulent les impôts et les dépenses et ont un rôle majeur à jouer dans la définition du cadre juridique (droit de la concurrence, droit à la consommation, etc.) dans lequel les marchés fonctionnent, se développent, adoptent et diffusent de nouvelles technologies. Les investissements et les approvisionnements des gouvernements peuvent avoir un impact direct sur le développement de certaines technologies au détriment d’autres. De la même manière, les impôts et les subventions peuvent inciter les entreprises et les consommateurs à développer et /ou adopter des nouvelles technologies. Ces derniers ont donc un rôle primordial à jouer pour relever le défi des technologies perturbatrices.

Dans un premier temps en jouant leur rôle de facilitateur dans le développement et l’adoption des nouvelles technologies. Il s’agit ici de promouvoir la littératie numérique et la création d’une réglementation habilitante en mettant l’accent sur l’établissement d’infrastructures publiques et de normes pour assurer l’interopérabilité entre les technologies. Dans un second temps, les gouvernements doivent aussi jouer pleinement leur rôle de régulateur des marchés dans lesquels les entreprises évoluent.

En Afrique, il urge de généraliser les investissements d’infrastructures à toutes les régions et zones isolées afin de passer des investissements dans l’infrastructure aux investissements dans la création de contenus et l’innovation. Bien que des efforts non négligeables soient consentis dans nombreux pays africains pour déployer d’importantes infrastructures numériques, force est de constater qu’à ce jour nombreuses sont les zones rurales ou isolées où ces infrastructures sont inexistantes. Le maillage numérique complet des territoires augmenterait considérablement la capacité des citoyens de participer à cette révolution numérique en améliorant la connectivité des ménages et en favorisant l’installation des entreprises dans ces zones reculées.

Ces investissements axés sur l’innovation par les technologies vont non seulement soutenir l’activité économique à travers les transactions en ligne (commerce, éducation, finances, mobile money, etc…), mais également apporter aux populations quelle que soit leur location, l’information et le service publics dont elles ont besoin.

De manière générale, utiliser les nouvelles technologies numériques pour soutenir les activités qui génèrent de la richesse va permettre aux populations à très faibles revenus de sortir de l’état de pauvreté dans lequel elles se trouvent, et aux pays en voie de développement de tendre vers une croissance inclusive synonyme d’accélérateur dans la voie du développement.

Oumar Watt
Gestionnaire GI/TI – Spécialiste en intelligence économique.